La Tunisie est classée, aujourd’hui, selon l’OMS deuxième à l’échelle mondiale en ce qui concerne le nombre de contaminations au coronavirus par rapport à la population du pays. C’est un fait avéré qu’on ne peut nier: après l’ouverture des frontières le 27 juin dernier, le nombre de personnes contaminées et de décès ne sont plus à retenir, tellement ils changent au rythme des secondes.
Contrairement à la première vague, la gestion de la crise par le gouvernement, la coordination et l’encadrement font défaut. La situation n’est plus maîtrisée, ni sous contrôle face à cette invasion imprévisible de la pandémie.
Ce qui s’avère étrange aujourd’hui, c’est que l’Etat, depuis le début de la deuxième vague, n’avait aucune volonté d’anticiper et de prendre des mesures drastiques. Alors que la gestion et la maîtrise dont la Tunisie avait fait montre ont été données auparavant en exemple.
Toutefois, la gestion de crise ou plutôt la communication en temps de crise manque douloureusement aujourd’hui à notre pays.
En effet, dans la phase actuelle de la crise sanitaire et économique, les polémiques et les discours politiques deviennent multiples. La communication ne suit pas et ne s’adapte pas à l’évolution de la situation. Cette dernière demeure non-maîtrisée en l’absence de mesures proactives et d’instructions. L’engagement sans précédent des différents acteurs : société civile, hommes politiques, centrale syndicales, experts économiques… lors de la première vague est quasiment absent.
La Commission de lutte contre le coronavirus ne fait qu’appeler à la prévention, le respect des gestes barrières et le port obligatoire de masques de protection. Mais cela, on le savait déjà puisque le porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya, n’a cessé de le recommander, alors que nous attendions plus de sa part et de la part du ministre de la santé, qui malgré tous les chiffres catastrophiques, qu’il adopte un discours rassurant, convaincant, dans la transparence totale.
Car il est de notre droit en tant que citoyens d’être informés sur l’état des lieux, les mesures exceptionnelles à prendre et les actions à mettre en œuvre pour endiguer la propagation du Covid-19 …
Le discours des divers intervenants ne fait qu’ interpeller les gens en leur signifiant qu’il faudra apprendre à vivre avec le virus en adoptant les gestes barrières, les tests virologiques et l’isolement des porteurs du virus, tandis que les citoyens ont le droit de se poser des questions sur ce qui les attend, surtout que la décision du confinement général ou ciblé est totalement écartée.
L’angoisse s’infiltre de plus en plus en nous à chaque fois qu’un nouvel indicateur est révélé, celui des foyers de contaminations au Covid-19 en milieu professionnels, dans les institutions publiques, les administrations, les établissements hospitaliers et scolaires, les unités commerciales…
Mais, malheureusement, l’Etat ne ménage pas d’efforts supplémentaires et considérables pour que le pays s’en sorte. Alors que le confinement total ou ciblé pour une courte durée reste la solution la plus réaliste pour le pays pour réduire le nombre de contaminations, enrayer la progression de la maladie et sauver des vies.
La réalité est dure et rude aujourd’hui face au chamboulement auquel le pays peine à trouver des solutions urgentes. Le gouvernement est tombé dans les maladresses et les discours de panique et de menace, alors qu’il aurait dû anticiper et veiller à rassurer les citoyens en prenant des mesures drastiques avant qu’il ne soit trop tard.
Revendication du staff paramédical
Toutefois, ces circonstances exceptionnelles ont mis à nu plusieurs failles que connaît le secteur de la santé et nous rappelle l’importance de la refonte de notre système de soins. Le corps médical et paramédical s’accorde à dire que le secteur est fortement marqué par de nombreux dysfonctionnements préjudiciables et un accès verrouillé aux soins pour le plus grand nombre de citoyens avant même la pandémie du Covid-19.
Quant aux dysfonctionnements du secteur, le staff médical pointe ainsi la pénurie en termes de professionnels de la santé (tous types confondus). Le pays manque cruellement de personnel de santé et de moyens matériels et logistiques (infrastructures de base, équipements médicaux…).
Le personnel soignant est au tout premier rang dans la lutte contre le coronavirus, mettant leur santé en péril pour sauver celle des autres, sachant que le nombre de décès pour le corps médical et paramédical dès le début de la crise a dépassé les 500 personnes.
Les blouses blanches, qui ont fait preuve d’une mobilisation sans faille depuis la première vague, reviennent aujourd’hui à la charge et annoncent désormais le début d’une revendication pour l’amélioration de leur situation préventive et sanitaire au sein des hôpitaux.
De son côté, le corps paramédical affiche depuis jeudi dernier son mécontentement annonçant une grève générale des infirmiers et infirmières,ceux qui accueillent les personnes suspectes, effectuent le dépistage des symptômes de la maladie, assure la mise en quarantaine des personnes contaminées tout en restant à leur chevet…, ceux qui travaillent au niveau des urgences, des équipes spécialisées des Samu 190, des services de réanimation, mais qui ne sont pas protégés.
Vu la charge des choses à gérer dans l’urgence, la protection du personnel a été le maillon faible de la chaîne.
Il faut impérativement se procurer du matériel de protection pour le corps médical. Toutefois, quoi que le ministère de tutelle fasse, cela restera toujours insuffisant face à l’ampleur de la crise, les hôpitaux sont en manque et la pénurie se fait sentir de plus en plus.