En ces temps de coronavirus, la situation sanitaire est devenue pire qu’avant : centres hospitaliers de première ligne laissés pour compte, corps médical et paramédical sans protection, lits d’oxygénation et de réanimation insuffisants. « Une vérité qui dérange, vu le nombre croissant de personnes infectées et de décès quotidiennement recensé », juge Jamel Msallem, président de la Ltdh, un des membres agissants du Collectif de la société civile pour la défense du secteur de la santé publique, lors d’une conférence de presse faisant le point de la situation.
Nombre de patients ont du mal à bénéficier de soins de qualité dans nos hôpitaux. Et pourtant, l’on paye cher les frais médicaux et continue à consommer assez de médicaments qui ne sont plus à la portée de tous. Depuis 2017, le Collectif de défense du secteur public de la santé ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur une telle précarité, sans que les recommandations qu’il avait, maintes fois, formulées n’aient été suivies d’effet. En ces temps de coronavirus, la situation sanitaire est devenue pire qu’avant : centres hospitaliers de première ligne laissés pour compte, corps médical et paramédical sans protection, lits d’oxygénation et de réanimation insuffisants. « Une vérité qui dérange, vu le nombre croissant de personnes infectées et de décès quotidiennement recensé », juge Jamel Msallem, président de la Ltdh, un des membres agissants du collectif, lors d’une conférence de presse faisant le point de la situation. Il craint de voir les choses tourner au drame, du fait que l’état des sujets contaminés pourrait atteindre un stade avancé. D’autant que certains cas ne présentent pas les symptômes du Covid-19.
Cinq questions-clés
A défaut d’une stratégie de prévention, ajoute-t-il, l’application des protocoles sanitaires demeure de mise. Cela dit, la gestion de la crise a fait défaut, selon le secrétaire général du Collectif, Moncef Belhaj Yahya. Et plusieurs défaillances sont aussi mises à nu. Pour mieux expliquer, l’homme s’est posé cinq questions-clés. D’abord, y a-t-il, vraiment, une stratégie d’anticipation, comme ce fut le cas pendant la première vague en mars dernier? Aucune procédure dans ce sens qui aurait pu endiguer la propagation accélérée du virus. Même les mesures de prévention décidées à cet effet n’ont pas été appliquées comme il se doit. A-t-on fait appel à toutes les compétences de la santé dans la lutte contre la pandémie ? Il a répondu par la négative. D’autant que son Collectif avait interpellé, depuis avril dernier, sur la participation de la médecine de première ligne, afin que les prestations sanitaires se poursuivent sans arrêt. Troisième question, nos structures de santé sont-elles prêtes à faire face à cette deuxième vague? Tant qu’il n’y a pas anticipation, il n’y a pas disposition à faire mieux. Qu’en est-il de la prise en charge des personnes considérées comme des facteurs à risque? A cet effet, il a insisté sur le fait d’assurer un traitement précoce aux sujets porteurs de maladies chroniques. Hélas, il n’existe pas un plan de prévention qui prenne soin de leur état critique. « Il faut agir en amont du stade réanimation », préconise-t-il. Et la communication au temps du Covid, a-t-elle été bonne et transparente ? De l’avis de M. Belhaj Yahya, l’Etat n’a pas été en mesure de dire ses quatre vérités.
Recommandations sans suite
Et de rappeler qu’une série de recommandations urgentes ont été réunies dans un recueil et adressées aux décideurs concernés. Silence radio depuis. Aucune réaction à cet égard. « Que chacun assume sa responsabilité », lance M. Jaouhar Mzid, président de l’Association tunisienne de défense du service public de la santé et des droits de ses usagers. Pour lui, il faut parer aux urgences. Par ailleurs, il a évoqué la pénurie persistante de médicaments dans le secteur de la santé publique. Cela est dû, selon lui, à des ventes et achats soumis au plus offrant. Alors que l’approvisionnement des hôpitaux en médicaments dépend des procédures d’acquisition spécifiques, loin de toute forme de spéculation. De même, le budget du ministère de la Santé représentait, ces dernières années, moins de 5% de celui de l’Etat. Il était à hauteur de 10% dans les années 60. Soit une dégradation à n’en plus finir. « S’y ajoute un manque flagrant de coordination entre les services de santé, au moment où le recours à nos hôpitaux n’est plus à démontrer », renchérit Mme Samia Bouslama Letaief, membre de la Fédération générale de Santé relevant de l’Ugtt et membre dudit collectif.