Une récession de -7 à -8 % sur toute l’année
Tout le monde en convient : la situation économique est réellement alarmante. Tous les secteurs, même ceux qu’on qualifie à haute résilience, affichent des indicateurs de fragilité inédits. Et c’est certainement la crise du Covid-19 et surtout sa mauvaise gestion qui justifient un tel tableau dramatique. Hakim Ben Hammouda, expert en économie, apporte plus de précisons sur cette situation inquiétante.
Entretien conduit par Anis Souadi
Avec la nouvelle conjoncture sanitaire, quel bilan pourriez-vous dresser de la situation économique?
La situation économique est probablement l’une des plus difficiles depuis l’indépendance suite non seulement à la crise du coronavirus mais également aux rigidités économiques que nous connaissons depuis plus d’une décennie. Nous connaissons trois crises : une crise structurelle liée à l’effritement du mode de développement hérité du milieu des années 1970, une crise macroéconomique du fait des grands déficits que nous connaissons depuis la révolution avec la dégradation des grands équilibres économiques et la troisième est celle liée aux effets du Covid-19. Lors du second semestre, on a enregistré une récession record de -21,6% et nous nous attendons à une récession sur toute l’année 2020 entre -7 et -8%.
Certains pensent qu’avec le Covid-19, l’espoir d’une relance économique rapide et même à moyen terme est totalement compromis. Qu’en pensez-vous?
Le niveau de la relance post-Covid-19 dépendra de l’ampleur des programmes et des politiques publiques qui seront mis en place par le gouvernement. Il faut du courage et de l’audace pour affronter cette crise sans précédent.
Face à cette nouvelle situation économique, peut-on parler de dispositions particulières à entreprendre en urgence? Quel modèle économique post-Covid-19? Quels secteurs peut-on favoriser pour limiter les dégâts.
Il faut accorder une attention particulière aux secteurs qui ont été les plus touchés par la crise, notamment le transport et le tourisme. Il faut évaluer les mesures d’urgence qui ont été mises en place au moment de la première vague et essayer de les réactiver. En même temps, il faut également travailler sur un plan de relance qui concerne les nouvelles activités et notamment une plus grande digitalisation de notre économie.
On parle de plus en plus de l’énergie comme la solution miracle…
Il est évident que la transition climatique et le passage aux énergies renouvelables sont au cœur des mutations en cours dans le monde. Notre pays a accusé un grand retard à ce propos et nous devons mettre les bouchées doubles afin d’assurer une véritable transition dans ce domaine.
Le gouvernement actuel est-il assez outillé pour répondre positivement aux exigences de l’étape à venir.
Face à la crise la plus importante de notre histoire, le gouvernement doit faire face aux défis sanitaires, économiques et sociaux avec courage et détermination.
A.S.
