Au Sud-Est, la ville de Zarzis est considérée comme une véritable plateforme pour la migration clandestine. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’on ne parle de ce phénomène. Tel bateau a fait naufrage, telle embarcation est arrivée en Italie, une autre est tombée en panne en plein milieu de la mer ou interceptée par la marine nationale… Les parents qui auraient envoyé leur progéniture restent quelques heures ou quelques jours stressés attendant impatiemment le coup de fil libérateur, à propos du sort de l’embarcation de fortune à bord de laquelle leur enfant a pris place. De temps à autre, on entend parler de cadavres qui flottent sur l’eau ou qui sont rejetés par les vagues sur les côtes; parfois même décomposés.
En dépit de tout cela, ce fléau n’a pas l’air de prendre fin. Des jeunes et des familles entières de tous les gouvernorats du pays, ainsi que des Africains subsahariens se débrouillent pour ramasser les 4.000 dinars, prix de ce voyage à risque. Ensuite, ils prennent contact secrètement avec un passeur, par le biais de quelqu’un qui leur donne son numéro de téléphone. Ce dernier fixe la date et l’horaire, prenant en compte les conditions météorologiques avant de prendre le large vers Lampedusa.
Les garde-côtes et les forces de l’armée font de leur mieux en mer et le long des côtes, jour et nuit, pour éradiquer ce fléau, mais vu, probablement, le manque de moyens et la longueur des côtes, ces harragas parviennent toujours à leur échapper…
Tentative avortée
Jeudi 15 octobre, lors d’une ronde de contrôle, une brigade de garde-côtes a trouvé une embarcation de 8 m de long et prête à prendre le large, abandonnée sur la plage. Les agents ont alors demandé à des marins-pêcheurs de la zone s’ils savent à qui appartient cette embarcation échouée sur la rive. N’ayant obtenu aucune réponse, ils ont décidé de la confisquer. Il s’est finalement avéré que le passeur, qui avait programmé une nouvelle traversée clandestine, a pris la poudre d’escampette laissant en plan des dizaines de migrants qui ont décidé de fuir à leur tour. Il ne reste de ce rendez-vous raté que la frêle embarcation échouée sur la plage.