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Projet de loi de finances complémentaire 2020 : Des financements ampliatifs

Le projet de loi de finances complémentaire 2020 a été élaboré dans un contexte international et national marqué par la propagation de la pandémie de Covid-19. Depuis le début de l’année, le coronavirus a eu des impacts négatifs sur les secteurs sanitaire, économique et social. Ce qui exige des financements ampliatifs…

La situation difficile exceptionnelle a été à l’origine du recul du rythme de l’activité économique et a eu un impact direct sur les finances publiques dans la mesure où l’on a enregistré une baisse importante des ressources financières de l’Etat. D’où la mise à jour des recettes  du budget pour atteindre un manque prévu de près de 5.8 milliards de dinars par rapport aux prévisions préliminaires de la loi de finances initiale.

Et pour faire face à la pandémie, plusieurs mesures exceptionnelles à caractère social, financier et fiscal destinées aux catégories sociales vulnérables et fragiles ainsi qu’aux familles nécessiteuses à revenu limité et les catégories à besoins spécifiques ont été prises. Ces mesures concernent aussi les entreprises sinistrées de cette crise sanitaire, et ce, dans le but de protéger le tissu économique et de préserver les postes d’emploi en garantissant un minimum de revenu aux travailleurs. Des fonds supplémentaires ont été alloués en vue de soutenir le secteur sanitaire.

Cette situation a causé un déséquilibre financier vu le manque des ressources financières et l’augmentation des dépenses pour atteindre un déficit prévu de 13.4% du PIB au lieu de 3% prévus initialement. D’où la nécessité de mobiliser des financements supplémentaires dans une limite de 10.3 milliards de dinars, ce qui conduira à une hausse du volume de la dette publique qui va atteindre les 90% du PIB, soit 100 milliards de dinars. Au niveau international et d’après le Fonds monétaire international, il est prévu que l’économie mondiale connaisse, au cours de cette année, une régression de 4.9%, soit le niveau le plus grave depuis la crise des années trente quand le produit mondial brut a chuté de 10%.

Le FMI a prévenu les peuples dans son rapport sur le manque de clarté inhabituel de la production mondiale suite à la propagation du Covid-19. Des mesures ont été prises pour fermer les frontières par plusieurs pays et les marchés financiers ont connu une baisse importante de la demande, tandis que le chômage a enregistré un niveau élevé. En outre, les cours du pétrole sur le marché mondial ont connu une chute pour atteindre les 18.5 dollars le baril au cours du mois d’avril 2020, et ce, suite à la baisse de la demande de plus de 50% causée par la stagnation des économies de presque tous les pays du monde.

Les prévisions tablaient, d’ailleurs, sur une moyenne de prix du baril pour toute l’année, les 43 dollars au lieu de 65 dollars prévus dans la loi de finances initiales. A noter que la moyenne des prix du baril a atteint au cours des neuf premiers mois de l’année courante près de 41 dollars. Au niveau national, le début de l’année a été caractérisé par la propagation du Covid-19, ce qui a contraint les autorités publiques à prendre un ensemble de mesures exceptionnelles en vue de contrecarrer le développement du coronavirus, et ce, par la fermeture des frontières en décrétant le confinement sanitaire total et spécifique, outre l’instauration du couvre-feu.

Chute vertigineuse des exportations

D’autres mesures non moins importantes ont été rendues publiques en vue de limiter les effets néfastes de la pandémie sur les plans social et économique, notamment au niveau des familles à revenu limité et les Petites et moyennes entreprises (PME) sinistrées. Cette situation a suscité une stagnation économique au cours du premier semestre de cette année traduite par un recul du PIB aux prix constants de 11.9% par rapport à la même période de l’année précédente et de 21.6% durant le deuxième trimestre de cette année, toujours par rapport à la même période de 2019. Il est prévu, toutefois, d’atteindre un taux de croissance aux prix constants pour toute l’année de -7.3% au lieu de 2.4% estimés par la loi de finances initiale.

D’autre part, les échanges commerciaux aux prix courants ont enregistré, au cours des huit premiers mois de 2020, une baisse au niveau des exportations de -18.6% et au niveau des importations de -21.6% par rapport à la même période de 2019. Le recul a concerné la valeur des exportations de tous les secteurs sauf ceux des produits agricoles qui ont augmenté de 10.2% suite à la hausse des ventes de l’huile d’olive. Pour ce qui est des importations, la baisse a concerné la majorité des secteurs dont ceux des produits d’équipement (-27.8%), les matières premières et semi-industrialisées (-20.8%), les produits énergétiques (-31.1%).

Ainsi, le déficit de la balance commerciale est ramené à -28.4%. Cependant, il est prévu un taux de croissance des importations à la fin de l’année de -19.8% contre une hausse de +9% prévu par la loi de finances initiale. A noter que la Tunisie a enregistré au cours des neuf premiers mois de cette année une baisse considérable des revenus du secteur du tourisme qui a atteint les 60%, soit des recettes de 1.755 MD à la fin du mois de septembre 2020 contre 4.363 MD à la même période de l’année précédente.

De son côté, le taux du chômage a augmenté de 18% au cours du deuxième trimestre de cette année contre 15.1% au deuxième trimestre de la même année. Le taux du chômage durant le premier semestre de 2020 a été de 25% pour les femmes et 15.2% pour les hommes. Sur un autre plan, le prix de change du dinar a connu un rebond par rapport à la majorité des devises étrangères dans la mesure où la moyenne du prix de change par rapport au dollar à été de 2.846  dinars à la fin du mois d’août contre 2.977 dinars à la même période de 2019. Par rapport à l’euro, le prix de change du dinar a atteint 3.177 dinars à fin août contre 3.356 dinars à la même période de l’année précédente.

A la faveur de tous ces indicateurs, le budget de l’Etat de 2020 a été mis à jour. Ainsi, au niveau des ressources, le volume a atteint à fin août 2020 quelque 28.963 MD contre 47227 MD prévus, soit un taux de réalisation de 61.3%. Il est attendu que les ressources de l’Etat atteignent les 51.699 MD sur toute l’année courante au lieu de 47.227 MD, une année plus tôt, soit une augmentation de 4.472 MD ou +9.5% par rapport aux prévisions établies par la loi de finances initiale et une hausse de 9.425 MD ou +22.3% par rapport à 2019.

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