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Tourisme post-Covid: Réinventer ou périr…

Alors qu’un vent d’optimisme relatif avait soufflé sur le tourisme pendant les trois mois d’été, la violence


de la deuxième vague de la Covid-19 menace de tout mettre à terre ; les mauvais chiffres se succèdent jour après jour, sans que les pouvoirs publics ne viennent au secours de ce secteur, un véritable pourvoyeur d’emplois.

Les professionnels du secteur touristique ne cachent pas leur inquiétude quant à la résurgence de la Covid-19 en Tunisie et les répercussions que peut avoir cette pandémie sur le double plan économique et social.

Aujourd’hui, ce secteur stratégique plonge davantage dans la crise, au moment où sa contribution directe au PIB recule de plus de 2 points et le chômage subit une flambée sans précédent qui risque de se prolonger dans le temps. Face à une telle situation, les pouvoirs publics ne sont pas encore en mesure d’apporter une réponse à la hauteur des enjeux présents et futurs. Il s’agit d’un scénario inquiétant, voire terrible pour les professionnels du secteur et les entreprises liées au tourisme.

Le secteur fait grise mine

Depuis mi-mars 2020, le secteur du tourisme est totalement à l’arrêt en Tunisie et dans la plupart des pays du monde. Tout porte à croire que le tourisme sera durablement impacté par la pandémie, au point de devenir le secteur le plus touché par la crise sanitaire. Avec cette deuxième vague, la situation devient de plus en plus grave avec une baisse importante de l’activité et un manque de visibilité sur l’avenir qui inquiètent les professionnels du secteur à l’échelle nationale, mais aussi internationale.

Selon les derniers chiffres publiés par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), les restrictions sur les voyages imposées en réponse à la crise sanitaire frappent durement le tourisme mondial. Pendant les huit premiers mois de l’année 2020, les arrivées de touristes internationaux ont chuté de 70% dans le monde, comparé à la même période l’an passé. Les mois d’été, qui d’ordinaire sont synonymes de haute saison touristique dans l’hémisphère nord, s’avèrent catastrophiques. En juillet, sur un an, la baisse de 81% et de 79% au mois d’août. Concrètement, cela se traduit par une chute de 700 millions d’arrivées de touristes, soit une perte de 730 milliards de dollars pour le secteur touristique mondial. C’est 8 fois plus que la perte enregistrée après la crise financière mondiale de 2009. Face à une telle situation, le panel des experts de l’OMS estime un rebond possible à partir du mois d’avril 2021, mais les performances de 2019 ne seront récupérées qu’à partir de la fin de 2023, soit 35% (ou 2024, soit 35%).

Une fermeture déguisée

En Tunisie, la situation ne diffère pas de ce que vivent les autres pays. Les chiffres annoncés récemment dressent un constat inquiétant et un tableau bien sombre, mais prévisible. A cela s’ajoute le retour au couvre-feu qui équivaut à une refermeture des restaurants, bars, hôtels… Une décision qui aura des conséquences lourdes pour le secteur de l’hôtellerie-restauration, déjà durement frappé par cette crise. Mais même avant la décision de décréter le couvre-feu, la pandémie de Covid-19 et l’effondrement du tourisme ont provoqué la fermeture de plusieurs hôtels. D’autres établissements n’avaient même pas pris la peine de rouvrir leurs portes après la fin du premier confinement, fin juin. Selon les chiffres annoncés par la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), à la date du 9 octobre 2020, plus de 41% des hôtels, soit quelque 230 unités, ont fermé leurs portes depuis le début de la pandémie, alors que les autres établissements ne pourront résister encore longtemps à la crise, étant donné que leurs trésoreries connaissent une crise de liquidité sévère, d’autant plus que les banques refusent de leur accorder des crédits. Tandis que le CEO du tour opérateur Voyage 2000, Karim Kamoun, a estimé qu’en raison de l’absence du tourisme local, environ 85% des hôtels en Tunisie vont fermer leurs portes dans les prochains jours.

Se reconstruire en contexte Covid

De l’avis de Jalel Henchiri, président de la Fédération régionale de l’hôtellerie du Sud-Est, les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie seront profondément transformés au cours des prochains mois et années et il sera donc essentiel de s’adapter aux nouvelles exigences d’une société post-Covid-19.

Dans l’état actuel des choses, la situation ne cesse de se détériorer, et peut-être de manière irréversible, pour plusieurs raisons. Pour ce faire, le secteur a besoin de solutions qui doivent être aussi fonctionnelles tant sur le très court terme que sur le long terme. A cet égard, en cette période de crise sanitaire, des mesures exceptionnelles doivent correspondre à ce contexte exceptionnel.

«L’ensemble de ces éléments montre l’ampleur et le caractère exceptionnel de cette crise sanitaire et mondiale qui exige des mesures et des réponses exceptionnelles.

Pour ce faire, les priorités et les prévisions doivent changer pour pouvoir libérer les énergies et avoir le courage et la détermination nécessaires pour sauver le tourisme. Face à une telle situation, le pays doit recourir aux politiques non traditionnelles dans un contexte exceptionnel, étant donné que cette crise va avoir des effets sociaux majeurs avec la montée du chômage, avec une forte incertitude qui caractérise l’avenir…, ce qui exige une grande capacité de prévision et de lecture des grandes tendances de la croissance future», souligne-t-il.

Donc, l’avenir du secteur touristique reste toujours compliqué à l’heure où il est plus que jamais temps de conduire un changement. Mais par quoi faut-il commencer et avec quelle stratégie ?

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Charger plus par Meriem KHDIMALLAH
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