Constante du CA du milieu des années 80 et archétype du président accompli, Férid Mokhtar laissera une trace indélébile dans l’histoire du CA, transmettant un héritage souvent défini et incarné à travers les yeux de la personne qui le représente le mieux.
Neveu de l’ancien président de l’Espérance Sportive de Tunis, Hassen Belkhodja, et beau-frère de l’ancien premier ministre, Mohamed Mzali, Férid Mokhtar, natif de 1943, est considéré comme l’un des plus grands présidents que le Club Africain ait enfantés. Brillant homme d’affaires, il incarnait la réussite sociale et la flamboyance au milieu des années 80. Au Club Africain, ce leader charismatique était connu pour sa capacité à convaincre et à rassembler. Et ce n’était pas évident de tracer son sillon et à s’imposer quand on succède à la légende Azzouz Lasram au poste de président du CA. Gagnant dans l’âme, Férid Mokhtar, qui veillait aussi sur les destinées de la Société tunisienne des industries laitières (Stil) a conduit le CA sur le podium (vice-champion de Tunisie) dès son intronisation à la tête du club de Bab Jedid en 1977-1978. L’année d’après sera celle du sacre avec un CA qui trône désormais sur la Ligue 1 tunisienne, raflant au passage la supercoupe de Tunisie. Sous sa direction, la déferlante clubiste se poursuit. Et au CA d’enchaîner en remportant à nouveau le championnat de Tunisie. En 1980, Férid Mokhtar s’accorde un répit et transmet le témoin à Ridha Azzabi, le temps d’une saison, puis renoue avec la présidence du Club Africain, six années durant, avant sa tragique disparition. Pour revenir à son second mandat à la tête du CA, en 1981-1982, les Clubistes termineront à la seconde marche du podium et atteignent l’apothéose de Dame Coupe. La saison suivante, l’étiquette de Poulidor du football tunisien commence à coller au CA. En effet, le club de Bab Jedid achève une nouvelle fois l’exercice à la seconde place, et la tendance se poursuit les saisons qui suivent avec un CA qui fléchit à l’entame de la dernière ligne droite. Second au classement à l’issue de la saison 1984-1985, le CA «tombe» aussi en finale de la Coupe de Tunisie. Le scénario se reproduira ensuite à deux reprises. Tout d’abord l’année d’après avec une apothéose de Dame Coupe qui laissera des regrets, et à l’issue de la saison 1986-1987 où le CA termine encore second au classement. Mais peu importe le rang à cette période précise. Ce léger arrière-goût d’inachevé chez les supporters ne les empêche pas à resserrer les rangs autour du président. Un président qu’ils respectent pour sa loyauté et son dévouement envers leur club de cœur. N’oublions pas que, sous sa présidence, les autres sections ont flamboyé à l’image des féminines en hand et en volley, ainsi que les volleyeurs, les handballeurs et même les basketteurs qui ont remporté leur première coupe de Tunisie.
Leader charismatique, communicant exceptionnel
Si l’on a coutume de dire que ce sont les joueurs sur la pelouse qui décident du sort des matches, si l’on utilise facilement les entraîneurs comme fusibles en cas de mauvaise série, force est de constater que les présidents de club ont un rôle capital dans le bon fonctionnement des clubs de football. Férid Mokhtar fait partie de cette lignée de présidents qui a porté sur ses épaules les espoirs de millions de supporters. Forcément, son nom ressortira toujours du lot. Leader charismatique, communicant exceptionnel ayant une autorité à l’aura opérante, Férid Mokhtar impressionnait aussi son entourage par son calme et sa maîtrise des événements. Constante du CA du milieu des années 80 et archétype du président accompli, il laissera une trace indélébile dans l’histoire du CA, transmettant un héritage souvent défini et incarné à travers les yeux de la personne qui le représente le mieux.