Un documentaire à gros budget enflamme la Toile depuis le 10 novembre 2020: «Hold-up» qui fait intervenir scientifiques, juristes et experts renforce la théorie selon laquelle le Covid-19 est une immense conspiration… Des millions de spectateurs… Et cela fâche…
«Une fois que vous avez convaincu les gens qu’ils sont en danger de mort, vous en faites ce que vous voulez, il n’y a pas d’impératif plus grand dans le champ de conscience», dit l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel dans ce documentaire, avant d’ajouter : «Ce sont des stratégies criminelles. Dès qu’un dirigeant utilise des métaphores guerrières, ça devrait nous mettre la puce à l’oreille parce que ça devient systématiquement annonciateur d’un abus d’autorité». Toujours parmi les intervenants scientifiques dans ce documentaire, la généticienne Alexandra Henrion précise : «Le tout premier mensonge auquel on a été confronté était le chiffre des morts en Chine…».
Un documentaire à gros budget… 200.000 euros ramassés en un délai très court par les producteurs sur plateforme où des milliers de personnes ont soutenu ce documentaire via le crowfunding…
Le documentaire s’ouvre, pourtant, sur une phrase anodine du prix Nobel de Chimie, Michael Levitt: «Je pense que vous pouvez pardonner un confinement. Deux, c’est beaucoup plus difficile». Puis, quelques minutes plus tard, il enchaîne avec une animation satirique d’un microbe qui clame: «Salut… salut, c’est moi le coronavirus. C’est vous qui m’avez fait roi, à cause de ma couronne. Pourtant, nous, les virus, existons depuis des milliards d’années». A l’origine d’«Hold-up», trois auteurs, eux-mêmes issus des médias qu’ils accusent de censure. Le réalisateur Pierre Barnérias est un ancien journaliste de TF1. Et les coproducteurs, Christophe Cossé et Nicolas Réoutsky, ont, eux, travaillé avec France Télévisions. Si des stars de renom, comme Sophie Marceau ou l’écrivain André Berkoff, ont soutenu ce documentaire, Philippe Douste-Blazy, qui a, depuis, visionné le film, dit s’en désolidariser et souhaite en être retiré au regard de certaines théories conspirationnistes avancées par les producteurs et d’autres intervenants. Plusieurs voix s’élèvent contre cette thèse avancée dans ce film, vu par des millions d’internautes (et les chiffres sont en train de grimper), comme Tristan Mendès-France, maître de conférences associé à l’Université de Paris et collaborateur à l’Observatoire du conspirationnisme. Et il n’a quasiment rien de journalistique, dans la mesure où il n’y a aucune contradiction dans les 2h40 qu’il dure.