• Saïed à la tête de la Ligue internationale des jurisconsultes du droit constitutionnel.
• « Parmi les meilleurs moments de pur bonheur qui ont marqué ma vie se trouvent ceux que j’ai passés entre les rayons de livres dans les bibliothèques ».
• « Pour réussir, l’esprit de la Constitution doit être sculpté dans la tête et le cœur de chaque citoyen ».
Le programme de la troisième et dernière journée de la visite du Chef de l’Etat au Qatar hier a été dense en activités et déplacements. Entre lieux de culture et du savoir, en passant par une visite au Conseil de la choura qatari, le Chef de l’Etat a couronné sa visite par une conférence sur les Constitution organisée par l’Université Lusail en présence d’éminents chercheurs académiques, d’universitaires, de juristes, de diplomates et de journalistes.
C’est dans ce cadre que la première étape a été consacrée à la visite de la Fondation Qatar pour l’éducation, les sciences et le développement communautaire qui est une organisation sans but lucratif, fondée en 1995.
Le Président a écouté un bref exposé sur la présentation de cette fondation qui se voue à l’éducation, la recherche, la science et au développement communautaire, avec pour objectif celui de créer au Qatar « une société basée sur la connaissance ».
En effet, avec ses différents départements, la Fondation Qatar chapeaute un grand nombre d’instituts et de programmes dans le pays, et est l’un des principaux acteurs de la stratégie du pays en termes de recherche et développement.
Le Président de la République a félicité les responsables qataris pour cette réalisation qui a engagé le Qatar dans le cortège des pays qui misent sur les ressources humaines en tant que richesse.
A l’ombre du Sidra
La Bibliothèque nationale du Qatar a été la deuxième étape du Président Kaïs Saïed. Arborant fièrement son logo qui est le symbole du Sidra, cet arbre qui a été le lieu de rencontre pour les savants et les voyageurs, qui se réunissaient pour partager des connaissances, tout en apprivoisant son ombre.
Le Président de la République a rendu visite à la Bibliothèque nationale du Qatar qui est célèbre pour renfermer la plus grande collection de livres du Golfe et une importante collection de manuscrits arabes anciens.
Inaugurée en 2018, la bibliothèque, imaginée et construite sous la direction du Néerlandais Rem Koolhaas, est une bâtisse impressionnante de 45.000 m2, souvent comparée à un aéroport par sa structure. Elle renferme plus d’un million de livres en plusieurs langues. De plus, petite touche de modernité, environ 500.000 titres numériques sont à la disposition des lecteurs.
La bibliothèque compte 144.000 abonnés et a prêté plus d’un million de livres.
« Parmi les meilleurs moments de pur bonheur qui ont marqué ma vie se trouvent ceux que j’ai passés entre les rayons de livres dans les bibliothèques. Et comme j’étais heureux après avoir fini de lire un livre, je le relis des fois et des fois pour découvrir à chaque fois des choses dont je ne me suis pas aperçu », a ainsi Kaïs Saïed, en annotant le livre d’or de la Bibliothèque nationale du Qatar.
Discussion ouverte
Le Chef de l’Etat a par la suite présidé une session de discussions ouverte organisée à l’initiative de l’université qatarie Lusail au cours de laquelle le président Kaïs Saïed a donné une conférence sur le rôle des Constitutions et des systèmes politiques à travers l’Histoire.
Dans son allocution, le Chef de l’Etat est revenu sur la genèse du mot Constitution, son usage et ses évolutions jusqu’à devenir une revendication populaire.
Il a à cet effet rappelé que le premier texte qui peut être assimilé à un corpus de Constitution date du Pacte fondamental, en 1857, qui est une déclaration des droits des sujets du Bey et de tous les habitants en Tunisie.
Le Président a par la suite passé en revue l’évolution du texte et les luttes engagées jusqu’au vote de la Constitution tunisienne de 2014.
Les différentes vies de la Constitution tunisienne et des autres constitutions ont démontré que les systèmes politiques prennent le pas sur le sens et les orientations de la Constitution de façon à ce qu’il y ait une rupture entre la légalité et la légitimité, ce qui conduit à un résultat électoral où la Constitution ne reflète plus la volonté du peuple mais devient plutôt l’expression de quelques forces politiques. C’est une majorité arrachée qui n’appartient à aucun parti.
Le problème, a martelé le Chef de l’Etat, n’est pas dans le texte mais dans sa conformité avec la volonté du peuple.
A titre d’exemple, Kaïs Saïed a rappelé que la Constitution britannique n’est pas écrite. « Pour réussir, l’esprit de la Constitution doit être sculpté dans la tête et le cœur de chaque citoyen, surtout les jeunes, qui doivent être associés à la prise de décision », a asséné le Chef de l’Etat.
Car l’important, « ce n’est pas la Constitution en elle-même mais l’important est que cette Constitution réalise et concrétise ses vraies aspirations et non pas de tailler la Constitution pour servir les intérêts d’un parti ou d’un autre », a ajouté le Président de la République.
A l’issue d’un débat modéré par le Procureur général de l’Etat du Qatar, Dr Ali Ben Fetais al-Marri, le Chef de l’Etat a procédé au lancement de la Ligue internationale des jurisconsultes du droit constitutionnel dont le siège sera à Doha. A cet effet, le Procureur général de l’Etat du Qatar qui a remercié le Président Kaïs Saïed d’avoir accepté de présider cette Ligue, a annoncé que le premier congrès annuel de la Ligue se tiendra, les 20 et 21 novembre 2021, à Tunis.
Il est à noter que cette rencontre a été organisée dans la foulée des préparatifs du Conseil de la choura du Qatar qui s’apprête à organiser ses premières élections l’année prochaine.
Il est à noter que le Président de la République a eu en fin de matinée une rencontre avec le président du Conseil de la choura du Qatar, Cheikh Ahmed Ben Abdallah Al-Mahmoud.
Les équipes à ailes déployées
Alors que le halo des projecteurs s’est focalisé sur les activités du Président, les membres de la délégation officielle n’ont pas chômé. Au pas de charge, les ministres et les conseillers économiques et diplomatiques, ainsi que le directeur général de la Santé militaire, ont mené tambour battant d’âpres négociations avec leurs pairs qataris pour drainer les fonds nécessaires à la réalisation des deux mégaprojets qui vont changer le visage des gouvernorats du centre et du sud du pays. Des accords de principe sont déjà sur la table. Des financements ont été déjà accordés. Maintenant, la balle est dans le camp tunisien, il faut aller au charbon, mouiller le maillot pour être prêt lors du prochain round prévu au mois de mars prochain dans le cadre de la Haute commission mixte tuniso-qatarie.