Accueil A la une Impact de la crise Covid-19 sur le secteur de l’hôtellerie : De lourdes conséquences sociales

Impact de la crise Covid-19 sur le secteur de l’hôtellerie : De lourdes conséquences sociales

D’ici à la fin de l’année, le secteur perdra environ 27 mille emplois permanents. Près de 58% des ménages, dont le chef de famille travaille dans le secteur hôtelier, auront rejoint la cohorte des personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté, fixé à 2.200 dinars par an. 40% d’entre eux percevront un revenu inférieur à 1.400 dinars par an, basculant de facto dans la pauvreté extrême.

Le secteur du tourisme  plie sous le poids de la crise du coronavirus. L’hôtellerie, l’activité motrice du secteur, plonge dans une récession sans précédent engendrant la perte de dizaines de milliers d’emplois et faisant basculer toute une frange de sa population active  dans la pauvreté extrême. Le secteur broie du noir, et il n’est pas en mesure de se projeter au-delà de 2021, en raison de l’environnement économique  incertain et de la situation épidémiologique imprévisible. C’est, en somme, ce qu’a révélé une étude d’impact de la crise Covid-19 sur le secteur de l’hôtellerie mandatée par la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) et encadrée par le professeur d’économie, Abdel Rahman Agha.

Une conférence de presse a été tenue vendredi 20 novembre, à Tunis, pour dévoiler les résultats de l’étude et les prévisions de croissance, notamment de l’activité hôtelière, pour 2021. En effet, l’étude met l’accent sur les conséquences de la crise sur l’emploi et sur le niveau de vie de la population active dans l’hôtellerie. Les chiffres présentés par l’économiste donnent le frisson: d’ici à la fin de l’année, le secteur, qui emploie plus de 60 mille personnes, accusera une baisse de 66% de son activité et perdra environ 27 mille emplois permanents. Près de 58% des ménages, dont le chef de famille travaille dans le secteur hôtelier, auront rejoint la cohorte des personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté, fixé à 2.200 dinars par an. 40% d’entre eux percevront un revenu inférieur à 1.400 dinars par an, basculant de facto dans la pauvreté extrême, alors que ce taux était de 1% seulement avant le déclenchement de l’épidémie.

Deux scénarios de croissance pour 2021

Quant aux projections, elles aussi sont peu reluisantes. Mais, selon le professeur, elles dépendent de certaines conditions préalables. «Il est difficile de se projeter au-delà de 2021, vu l’incertitude qui plane sur l’évolution de l’épidémie dans le monde», a-t-il commenté. En effet, le Pr Agha prévoit deux scénarios pour la croissance du secteur. Le premier, suppose la poursuite de l’activité touristique avec le maintien des «politiques actuelles», c’est-à-dire sans une mise en œuvre des mesures de dynamisation au bénéfice des unités hôtelières. Dans ce cas de figure, la reprise du secteur sera très timide avec une croissance aux alentours de 33%.

Le second scénario conjecture l’application d’un ensemble de mesures qui permettent d’impulser le secteur hôtelier, à savoir l’inclusion des propositions émises par la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) dans la L.F 2021, l’instauration du chèque vacance comme outil pour la promotion du tourisme intérieur et l’intégration des projets de restructuration des unités hôtelières parmi les projets bénéficiant d’incitations financières à l’investissement. Dans ce cas de figure, l’étude prévoit une augmentation conséquente de l’activité des hôteliers qui pourrait atteindre près de 250%.

Un secteur terrassé

Bien que les résultats de l’étude révèlent la fragilité d’un secteur malmené depuis plusieurs années malgré l’amélioration de la situation sécuritaire du pays, un grand point d’interrogation plane sur l’avenir des unités hôtelières. En effet, à une question posée sur les mesures de soutien qui ont été prises récemment par le gouvernement au profit des entreprises touristiques sinistrées, le trésorier de la FTH, Khaled Fakhfakh, a affirmé que le gouvernement était à l’écoute et à l’œuvre pour venir en aide au secteur.

Cependant, entre 30% et 40% des hôteliers ne vont pas pouvoir bénéficier du mécanisme de garantie de crédits, a-t-il précisé. En ce qui concerne la reclassification des unités hôtelières,  la présidente de la FTH, Dora Miled, a affirmé que le projet  est à son stade final de l’élaboration précisant que les nouvelles normes hôtelières seront plutôt axées sur les services que sur l’infrastructure. Sur un autre plan, Mme Miled a souligné que, depuis 2015,  le taux des hôtels qui suspendent leurs activités pendant plus de 6 mois oscille autour de 70%, ajoutant qu’il est passé à 90% en 2020.

En réponse à une question sur l’implication du secteur hôtelier dans la décision d’ouverture des frontières durant la première vague de la Covid-19, Khaled Fakhfakh a affirmé que le secteur n’a mis aucune pression sur les autorités, qui doivent, dans tous les cas, assumer leur responsabilité, précisant que l’amélioration de la situation épidémiologique dans plusieurs régions du monde a poussé les pays à ouvrir leurs frontières.

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