DE l’administration dans toutes ses formes aux télécoms, en passant par la santé, l’enseignement, l’équipement, logement, le transport, l’énergie (électricité et gaz en premier lieu), etc., on se lamente toujours de la médiocrité des services publics en Tunisie. Financés par l’argent du contribuable, soutenu par l’Etat dans la tarification sous forme de compensation, ce service public défaillant s’enfonce dans l’inefficacité depuis des années.
Et pourtant, l’arsenal juridique et les moyens déployés qui justifient en partie ce lassant déficit budgétaire sont là pour que ce service soit de qualité. En réalité, c’est un service indifférencié, inexistant dans certaines régions, lointain et tardif dans d’autres. Beaucoup de Tunisiens en souffrent dans leur vie quotidienne : les besoins et les attentes sont de plus en plus grandissants, alors que « l’offre publique » stagne, voire s’enlise. Un vrai casse-tête qui engendre l’insatisfaction des particuliers, et des pertes pour les entreprises (dans un cadre business to business). On a beau parler de digitalisation, d’amélioration des ressources humaines, de décentralisation, rien ne donne l’impression que les choses vont mieux. Au contraire, ce sont des gammes de services qui frustrent les Tunisiens. Aujourd’hui, le concept service public est pratiquement synonyme de médiocrité, de précarité et d’insatisfaction. Plus qu’une idée reçue, c’est un fait que l’on subit jour après jour. Les lois, les plans de réforme sur le papier sont à l’avant-garde et font des émules, mais la réalité est tout autre. Il suffit de s’éloigner des directions générales et du sommet des entreprises publiques pour réaliser sur le terrain comment ce service se présente et se vend. Une véritable perte de temps, d’énergie et des tarifs qui augmentent de plus en plus en dépit du soutien public. La spirale des déficits des grandes sociétés publiques vient noyer le poisson et dramatiser la situation. Le secteur privé ? Dans certains cas, il lui est interdit de rentrer et, dans d’autres, il est actif mais dans des cas, quelques services dits « privés » sont si inabordables (prix exagérés ) et aussi médiocres que ceux du public (double frustration !). C’est qu’ en ces temps, le citoyen demandeur et consommateur du service public en premier lieu est confronté à une administration conservatrice et à des employés de plus en plus rebelles et insouciants. Impunité, absence d’encadrement, mauvaise répartition des ressources humaines, communication absente, désintéressement des réclamations et rapport de force inégal entre le citoyen et le prestataire de service public, voilà ce qui explique cette frustration générale. On attendra plus que la digitalisation pour résoudre ce casse-tête des services publics !