Pour une grande frange du public clubiste, ce n’est pas la solution souhaitée. Pour certains, Younsi cherche à gagner du temps. Pour d’autres, c’est enfin le bout du tunnel.
Abdessalem Younsi a fait ce que Slim Riahi a fait avant lui: multiplier les erreurs et les dépassements et, bien sûr, se mettre sur le dos la majorité du public «rouge et blanc». L’actuel président du CA, toujours discret et grand spécialiste des manœuvres des coulisses, est un homme seul, dépassé par les événements qui se sont abattus sur le club phare de la capitale.
Mais, étant seul (hormis quelques «fidèles» qui le cautionnent toujours), Younsi essaye de gagner du temps, selon une grande partie du public. Refusant de s’en aller et de régler les dossiers des dettes comme il l’a promis, le président clubiste a démissionné dans un premier temps, avant de se rétracter (comme d’habitude). Cela a généré la colère du public qui a protesté samedi aux alentours du siège de la FTF. Une journée inoubliable et triste avec des incidents de violence et un usage franchement excessif de la force pour empêcher le public de s’approcher de la FTF.
Ces incidents tumultueux ont abouti à un grand nombre d’arrestations, dont une grande partie de mineurs. Hier matin, la plupart de ces jeunes ont été libérés. Mais la vague de contestations ne s’est pas éteinte. Ces arrestations, cette situation chaotique de l’équipe de football, et ce ras-le-bol général ont poussé probablement Younsi à déclarer la date du 28 février 2021 pour tenir les élections, et celle du 27 pour une assemblée évaluative. Les cartes d’adhésion seront donc disponibles à partir de demain au Parc A.
Est-ce alors la panacée ou, comme le disent beaucoup, une tentative de la part de Younsi de gagner du temps et «éteindre» la flamme des contestations? C’est difficile de se prononcer et de lire ce qui trotte dans la tête de Younsi qui nous a habitués à décider, et à revenir sur ses décisions. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le président clubiste joue la carte des élections et non celle de la démission immédiate tout court. Cela a des significations claires, du moment que la démission immédiate requiert la constitution d’un comité provisoire.
Yousni, qui promet d’effacer l’ardoise salée (près de 12 millions de dinars), aura, au moins, un mois et demi pour exercer, pour gérer, pour manœuvrer avant de partir.
Tout alors peut survenir, avec des questions qui restent sans réponses sur la gestion financière du club, sur la promesse de transférer 12 millions de dinars via la Banque centrale, sur le dossier des deux joueurs camerounais (un vrai scandale !) et sur les joueurs recrutés à l’intersaison, mais pas encore qualifiés.
Y aura-t-il des candidats ?
Pour ceux qui pensent que c’est un début de solution, ils se basent sur l’expérience de Slim Riahi qui a enfoncé le CA avant de fuir et de s’en aller sans la moindre responsabilité et le moindre engagement de payer les dettes qu’il a causées avec son incompétence et son insousiance. Younsi s’est engagé à résorber les dettes d’ici la tenue des élections. S’il le fait (il l’a promis avant, mais ce fut de la pure intox), les élections seront bien animées par ce que le futur comité directeur élu ne sera pas en situation contraignante financièrement. Mais à juste titre, on ne sait pas si Younsi et ses dirigeants fidèles vont, ou non, se présenter aux futures élections (sachant que les contrats de sponsoring sont alléchants). Une autre intrigue : y aura-t-il des candidats sérieux aux élections ? N’oublions pas ce qui s’est passé en été quand un groupe d’ex-dirigeants et d’hommes d’affaires, qui ont promis monts et merveilles, ont pris la fuite et ont «lâché» le terrain.
Ces ex-dirigeants vont-ils assumer leurs devoirs cette fois ? C’est que ceux qui demandent à Younsi de partir vont être les premiers à lui demander de rester s’il n’y a pas de candidats. L’histoire n’est pas terminée. Les prochains jours vont apporter d’autres éléments de réponse. Younsi, El Jari (qui cautionne Younsi, mais qui ne veut pas se mettre sur le dos le public du CA après les incidents de samedi), le public du CA, les ex-dirigeants et, bien sûr, les joueurs eux-mêmes, tout ce beau monde va agir et cerner les contours de la prochaine période au CA qui va mal, qui souffre, mais qui attend des jours meilleurs. L’espoir est permis, mais il faudra des actions concrètes et de l’argent pour faire bouger les choses !