Sous la direction de Abdelkader Ben Saïd, produit par l’association Créativité-arts de la vie, le projet de Abdellaziz Touati prend forme. Un travail qui agit sur cet artiste telle une thérapie, et c’est avec son corps qu’il raconte ses rêves opprimés, ses frustrations…
C’est un retour au sens premier du théâtre, celui de la conception, de la gestation et de la naissance, que Abdelaziz Touati nous offre une installation chorégraphiée pour mettre en aplat son existence d’artiste.
Une enfance dominée par un père castrateur, oppresseur, qui lui dicte une destinée toute tracée. «Tu ne seras pas artiste, ton corps n’a pas le droit de s’exprimer, c’est un outil de travail et tu seras peintre de bâtiments comme moi».
L’espace définit le travail. «Papa Cellophane» est un espace aseptisé, isolé par une membrane translucide séparant l’acteur du public et du monde extérieur. L’acteur-danseur est maître de ces lieux. Comme un poisson dans un bocal, il évolue dans les limites qui lui sont permises. Pinceaux, rouleaux, seaux, échelle sont les éléments dont il dispose pour raconter son histoire.
A chacun de ses pas un crépitement de plastique, à chacun de ses mouvements un craquement de matière. La peinture noire ou rouge forme cet univers coloré, des couleurs qui ne se mélangent pas, destinées à couvrir une surface plate celle des murs ou des plafonds.
Sous la direction de Abdelkader Ben Saïd, produit par l’association Créativité-arts de la vie, le projet de Abdellaziz Touati prend forme. Un travail qui agit sur cet artiste telle une thérapie, et c’est avec son corps qu’il raconte ses rêves opprimés, ses frustrations. Du cocon, à la chrysalide l’acteur se transforme sous nos yeux. Son évolution est dictée par une voix off qui ponctue sa trajectoire. Une voix qui conte et qui raconte, telle une voix intérieure, nous fait partager ses émotions, ses inquiétudes et son imaginaire débordant.
La performance de Abdelaziz Touati était des plus touchantes, malgré les quelques lacunes qui caractérisent un travail aussi fragile et aussi personnel. Mais ce que nous retenons, c’est l’émotion qu’il arrive à dégager, l’univers qu’il construit et l’énergie de son corps et la sincérité de son interprétation.
Un interprète à suivre et à revoir dans d’autres travaux.
Asma DRISSI