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Le sport, un secteur à la traîne !

Tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis le 14 janvier 2011 n’ont jamais fait du sport une priorité.

La nomination actuelle de la tutelle en dit grand-chose: ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration professionnelle. Or, l’intégration professionnelle faisait partie d’un département qui lui était dédié : la formation professionnelle et l’employabilité à une certaine époque. Le secteur de la formation professionnelle n’a rien à voir avec le sport. La jeunesse, diraient certains ! Si c’est en rapport avec le chômage, il touche même des quadragénaires laissés sur le bord de la route depuis plus de dix ans et la situation n’a fait qu’empirer en ces temps difficiles liés à la crise sanitaire du Covid-19.

Bref, le sport a été toujours rattaché à un autre secteur. C’est que le sport n’a jamais été la priorité de la politique nationale depuis l’indépendance à nos jours, sauf pour faire de la propagande politique. Il faut reconnaître que les sports scolaires bénéficiaient d’une attention particulière durant les premières années de l’indépendance, l’éducation physique étant un des piliers de l’éducation nationale.

Dossiers laissés dans les tiroirs

Il y a dix ans, après la chute de la dictature, une lueur d’espoir s’est abattue sur le pays, même si tout le monde savait que les chantiers de la réforme étaient énormes, tous secteurs confondus. Il fallait tout reconstruire sur des bases solides. Mais s’il y a un secteur qui a été laissé à la traîne, c’est bel et bien le sport. Pourtant, tout le monde pensait qu’un brin de révolution s’est abattu sur le secteur quand Tarak Dhiab avait pris les rênes du département en décembre 2011. L’ancienne gloire du football tunisien a bel et bien préparé un dossier de professionnalisation totale du football tunisien. Sauf que le dossier des structures sportives a été enterré dans les tiroirs du ministère. Un de ses successeurs, Maher Ben Dhia, a essayé de faire bouger les choses en dépoussiérant le dossier en 2015. Il est resté lettre morte.  Du coup, on se trouve en 2021, dix ans après la Révolution, avec des clubs de football semi-professionnels, régis principalement par les textes de loi datant de l’année 1994.

Des clubs en difficulté financière

Le projet des structures sportives resté lettre morte, nos clubs de football se trouvent pour la plupart dans une situation financière difficile. Les caisses sont vides, ce qui se répercute sur la situation financière de la plupart de nos footballeurs professionnels qui accusent en moyenne un retard de trois salaires, voire plus.

A cause d’une législation leur empêchant d’avoir un patrimoine financier et immobilier, nos clubs de football sont à la merci des mécènes. Ils dépendent, de ce fait, de leurs présidents (principaux pourvoyeurs) et de généreux donateurs… s’ils en existent encore en ces temps difficiles où l’économie du pays tourne au ralenti.

Une infrastructure délabrée

En mai dernier, la CAF a avisé la FTF : les stades de Monastir et de Sfax ne sont pas habilités à abriter les matches de l’équipe nationale. Le Stade de Radès peut être homologué, mais sous réserves. Pour un pays qui a organisé les Jeux méditerranéens en 1967 et en 2001 et la CAN en 1994 et en 2004, c’est le signe qu’il y a un grave problème d’entretien de nos enceintes sportives. Dix ans après la Révolution du 14 janvier, l’infrastructure sportive se trouve dans un état de délabrement avancé. En témoigne l’état dans lequel se trouve actuellement le Stade olympique d’El Menzah qui devait fermer ses portes en 2011 pour subir des travaux de rénovation. Des travaux qui accusent déjà dix ans de retard. Selon les dernières annonces officielles, les travaux devront démarrer à la mi-2021.

Quant aux travaux de rénovation et d’extension de l’Olympique de Sousse, elles accusent du retard à cause des arrêts successifs dus au non-respect de l’Etat de ses engagements financiers envers l’entrepreneur chargé des travaux.

Violence et régionalisme

On croyait que le phénomène du régionalisme a été enterré dès les premières années de l’indépendance. Erreur. Des esprits malveillants ont malmené le football pour en faire une source de violence qui a envenimé notre championnat durant cette dernière décennie. Au point que le huis clos est devenu la règle et la présence du public sur les gradins l’exception. Le régionalisme est rené de ses cendres sur ces mêmes gradins qui ont connu des scènes de violence désolantes et diffusé des messages haineux et régionalistes, nord contre sud et capitale contre Sahel.

C’est que des politiciens et des hommes d’affaires mal intentionnés ont mêlé sport, business et politique pour servir leurs propres intérêts. Or, politique et sport n’ont jamais fait bon ménage. Quant à l’argent qui circule dans le football, il serait mieux utilisé si le projet des structures sportives voyait le jour et que nos clubs de foot se transformaient en sociétés sportives. Dès lors, on sera sûr que l’argent sale n’alimentera pas les caisses de nos clubs.

Performances : seules l’EST, les handisports  et… quelques sports individuels…

Côté performances sportives, hormis les trois titres africains remportés par l’Espérance Sportive de Tunis, les exploits des handisports, les performances individuelles de quelques athlètes, notamment aux JO et la qualification de notre sélection nationale à la Coupe du monde de Russie, notre sport n’a pas vraiment brillé sur la scène internationale. On peut même affirmer que le sport tunisien est en déclin à l’échelle internationale depuis 2011.

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