• Les structures syndicales estudiantines ne réagissent pas. Le dernier événement en date est l’agression de la présidente de l’Université de Carthage par des membres de «Ijaba»
• Plusieurs épreuves prévues pour les examens du second semestre sont reportées
• Les étudiants ne font que compter les nombreuses épreuves prévues pour ce second semestre. Sur les tableaux, seule la mention «épreuves reportées» est visible à côté des dates des examens
Au lieu de se diriger vers une fin de la crise causée par l’Union des enseignants universitaires chercheurs de Tunisie (Ijaba), c’est à une radicalisation des positions que l’on assiste. Les derniers développements de la situation n’annoncent, toutefois, rien de bon. Le dernier événement en date c’est l’agression de la présidente de l’Université de Carthage par des membres de «Ijaba».
Il y aurait eu une intrusion violente dans l’enceinte de cette université. Et, pour compliquer davantage les choses, la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs) est entrée en ligne en annonçant, de son côté, de futurs mouvements de contestation. En effet, la Fgesrs a publié une pétition dans laquelle elle demande à ses responsables de tenir des réunions pour établir un plan de travail dans les étapes à venir et d’élaborer les démarches à adopter pour concrétiser les objectifs. D’ores et déjà, une première mesure a été annoncée. Elle consiste à ne pas remettre les notes des examens à l’administration. Ceci sans parler d’autres options à mettre en œuvre pour protester contre le ministère qui n’honore pas ses engagements ainsi que les «méthodes dilatoires» utilisées. La Fgesrs se montre déterminée à réagir à la situation qui prévaut dans le secteur de l’enseignement supérieur et les nombreux problèmes qui freinent son évolution.
Par contre, on n’a pas noté (du moins pour le moment) une prise de position claire à propos de l’agression de la présidente de l’Université de Carthage imputée, apparemment, à des activistes de «Ijaba».
Sur ce point, justement, les réactions sont unanimes pour dénoncer avec vigueur de tels actes. C’est ainsi que l’on peut voir que certaines voix indignées se lâchent sur les réseaux sociaux.
On peut, par exemple, noter cette dénonciation ferme publiée par un enseignant du supérieur sur la page officielle de la Fgesrs. Cet enseignant affirme qu’il ne peut pas ne pas condamner cette intrusion violente dans l’enceinte de l’Université et ce recours à des procédés qui ternissent l’image de nos institutions. Il reconnaît que les enseignants universitaires ont des revendications légitimes à obtenir. Mais, en aucun cas, il n’est tolérable qu’une responsable élue soit victime d’une telle agression. À cette occasion, l’enseignant indigné s’adresse aux syndicats en leur demandant de ne pas prendre en otage les étudiants et de banaliser la grève administrative. Tout le système universitaire est bâti sur l’intérêt de l’étudiant. Il rappelle, en outre, que cela fait deux ans qu’une grève de plusieurs mois débouche sur une grève administrative. Ces deux ans représentent les deux tiers d’une licence. Ce qui est étonnant, c’est que les syndicats des étudiants ne réagissent pas pour défendre les droits des étudiants.
Une autre réaction non moins indignée a, également, été postée sur la même page Facebook de la Fgesrs. Une autre enseignante s’insurge contre le syndicat «Ijaba» et juge qu’il est temps de rompre avec lui, car il aurait dépassé toutes les limites. Selon elle, ce syndicat est une menace contre l’Université publique. Aussi, ne voit-elle aucune nécessité de lui reconnaître une quelconque représentativité. Elle n’éprouve aucune sympathie envers cette structure qui prend en otage des générations d’étudiants.
Il faudrait rappeler que les négociations entre l’Union des enseignants universitaires chercheurs et le ministère n’avancent pas. Une proposition d’un nouveau round prévu pour le 15 mai dernier n’a pas eu lieu. «Ijaba» aurait préféré la politique de la chaise vide. Ce qui, en vérité, n’est pas fait pour faciliter la tâche aux uns et aux autres.
Les observateurs s’impatientent et s’expliquent très mal la radicalisation de ce mouvement syndical et son obstination à refuser toute tentative visant à désamorcer la crise.
Le boycott des examens continue et le sit-in entamé par «Ijaba» en est à son 58e jour. Les étudiants, de leur côté, sont impuissants et ne font que constater les dégâts. Depuis plusieurs jours, en effet, ils ne font que compter les nombreuses épreuves prévues pour ce deuxième semestre. Sur les tableaux, seule la mention «épreuves reportées» est visible à côté des dates des examens.
Ces nombreux étudiants sont tellement découragés qu’ils ne voient pas une issue prochaine au blocage. Ni du côté des syndicats, ni de celui des responsables, ni du côté des étudiants eux-mêmes.