La question de la masse salariale revient au-devant de l’actualité après le constat fait récemment par le FMI qui a effectué une mission d’évaluation en Tunisie. Les dépenses pour payer les salaires sont considérées parmi les plus élevées dans le monde !
La masse salariale en Tunisie dans la fonction publique est parmi les plus élevées dans le monde, estime le Fonds monétaire international (FMI). En effet, les salaires versés mensuellement aux fonctionnaires ne sont pas rentables pour leur majorité. Certains agents et même cadres n’ont pas une fonction précise au sein de l’administration et pourtant ils perçoivent un salaire conséquent, négocié de temps à autre avec la centrale syndicale pour le majorer ! Sans compter les primes et les avantages sociaux divers pour chaque fonctionnaire. Ces dépenses infertiles pèsent lourd sur le budget de l’Etat et particulièrement sur le budget de fonctionnement de chaque entreprise publique ou département. La masse salariale est, d’ailleurs, considérée comme un fardeau pour les entreprises publiques dont certaines sont déficitaires. Elle est responsable de la ruine de plus d’une entreprise publique que l’Etat est obligé de lui fournir régulièrement des subventions pour les maintenir en vie et assurer leur pérennité.
On ne s’étonne pas dès lors que les finances publiques de la Tunisie vont mal, très mal. Le FMI qui ne reconnaît que la rentabilité a une fois encore formulé ce constat douloureux. L’institution internationale a, entre autres, pointé du doigt la masse salariale imposante du secteur public qui pèse lourdement sur le budget de l’État : 77,5% des dépenses de fonctionnement de l’État, soit 15,8 milliards de dinars. Dans ce même contexte, l’institution internationale a indiqué que le déficit budgétaire devrait atteindre 11,5% du PIB en 2020, ce qui est une première depuis 40 ans en Tunisie.
Des recrutements mal étudiés
A l’origine de cette situation peu enviable, des recrutements mal étudiés au lendemain de la révolution. Un décret a été promulgué en vertu duquel l’Etat doit recruter un membre de chaque famille des blessés et des martyrs de la révolution. Ainsi, les portes de la fonction publique ont été grandes ouvertes et on assiste à une entrée massive des jeunes dont les niveaux sont différents pour occuper des postes dans les entreprises et les départements ministériels sans préciser exactement leur tâche. D’où l’explosion de la masse salariale et l’Etat a été contraint de recourir régulièrement aux crédits étrangers pour pouvoir payer les salaires non rentabilisés. Sur recommandation du même FMI, la Tunisie a été contrainte aussi d’appliquer un programme de départ volontaire et de retraite anticipée en vue d’alléger un tant soit peu l’effectif administratif, mais la situation n’a pas pour autant changé radicalement et l’on constate toujours une masse salariale dépassant les bornes dans la fonction publique.
Il est nécessaire, aujourd’hui, d’identifier de nouvelles solutions en vue de lutter contre le chômage dans toutes les régions comme, par exemple, fournir un fonds de roulement aux jeunes intéressés par le lancement de leur projet en bénéficiant des services nécessaires comme l’accompagnement du promoteur depuis l’idée du projet jusqu’à sa concrétisation et même au-delà pour assurer la réussite de son lancement et surtout garantir sa pérennité. Cette expérience a été tentée, par le passé, mais a concerné un nombre limité de jeunes. Il faut rééditer une telle expérience en allouant une enveloppe conséquente au lieu de financer en permanence une masse salariale en évolution constante, d’une année à l’autre. A noter que certains jeunes ne veulent pas de l’initiative privée et souhaitent plutôt travailler dans la fonction publique qui garantit plusieurs avantages à commencer par le salaire. A titre d’exemple, les contestataires au bassin minier de Gafsa exigent un recrutement dans la Compagnie de phosphate de Gafsa qui souffre, elle aussi, d’un sureffectif. Ils acceptent volontiers à défaut d’être recruté dans ladite compagnie d’être intégrés dans la société de l’environnement et des plantations.
Plus de sous-traitance
Toujours dans le sud, les protestataires ont exigé d’être recrutés dans les sociétés pétrolières actives même si celles-ci n’ont pas besoin de nouveaux employés. Si ces recrutements ne sont pas concrétisés, les protestataires ne trouvent aucun inconvénient pour fermer la vanne de pétrole où empêcher la production du phosphate obligeant les autorités publiques à recourir à l’importation de cette matière pour honorer ses engagements envers ses clients. A noter qu’après la révolution la sous-traitance a été prohibée, ce qui a nécessité d’intégrer tous les travailleurs qui travaillent en dehors des structures publiques et cela a pesé lourd sur le budget de l’Etat. Cette catégorie des travailleurs concerne surtout les collectivités locales représentées par les municipalités.
La masse salariale dans la fonction publique est donc toujours lourde et aucune décision n’a été prise actuellement pour réduire un tant sans peu l’effectif administratif ou du moins le rentabiliser en le chargeant de tâches bien précises, quitte à organiser des sessions de formation au profit de ces fonctionnaires oisifs pour les redéployer et les inviter à participer à l’évolution de l’administration qui est en train de passer au tout-digital. D’ailleurs, les pouvoirs publics, pour contrer ces recrutements inutiles, a pris la décision de suspendre les concours dans la fonction publique sauf dans les ministères stratégiques comme ceux de l’Intérieur, de la Défense, de la Santé et de l’Education, en cas de besoin, bien entendu. Pourtant, le nombre de chômeurs ne cesse d’évoluer et les contestations s’amplifient dans presque toutes les régions criant en chœur : «Nous voulons bénéficier de notre droit constitutionnel au travail !»
En tout cas, la fonction publique ne peut plus recruter plus de fonctionnaires. En tenant compte du constat fait par le FMI, la masse salariale doit être révisée en vue de son allégement, et ce, en favorisant davantage l’initiative privée dans le cadre de la création des Très petites entreprises (TPE) et des entreprises de Petite et moyenne taille (PME). Les promoteurs de ces projets doivent bénéficier d’avantages fiscaux et financiers afin de réussir le lancement de leurs affaires et les encourager à gagner leur pain par leurs propres moyens.
jean paul guet
28 janvier 2021 à 11:48
sur trop de gens qui sont la pour mais a quoi serve t il si regarder sur son phone le virement de son salaire a rien faire et j en sais quelque chose trouvez l argent commencons par la deja tunisien quand tu nous tiens
Adnène
28 janvier 2021 à 21:34
Encore une incitation à des entreprises de prestations de services,d’une médiocrité notoire. Les entreprises en sous-traitance de la SONEDE est de la STEG en sont l’exemple le plus frappant, les travaux ne sont réalisés qu’avec des allées venues inutiles, juste pour facturer des déplacements, des travaux d’une médiocrité évidente ….des complicités à l’intérieur des organismes pour fermer les yeux et laisser faire.