Il est admis que, partout dans le monde, le tourisme a été parmi les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire de 2020. L’interruption brutale des circulations nationales et internationales s’est traduite par un arrêt de l’activité.
Or, le manque à gagner est très important, surtout pour des pays comme la Tunisie où l’activité a un poids considérable dans l’économie et la société.
Le coup d’arrêt qui a affecté le secteur touristique à la suite de la crise de la Covid-19 est d’une violence sans précédent. N’empêche que cette activité a toujours été très sensible aux turbulences et aux événements, qu’ils soient d’origine interne ou externe, le terrorisme et l’insécurité, l’instabilité politique…
Pour la reprise, les professionnels sont en attente de l’appui de l’État qui leur permettra de traverser la période de crise (subventions de salaires, exonération de l’impôt sur le revenu, report des paiements d’impôts, financement du fonds de roulement et rééchelonnement des crédits en cours..). En effet, les réflexions, les débats, les scénarios et les plans se multiplient quant au tourisme de l’après-Covid-19. Cependant, ces réflexions et propositions tournent toutes autour de la relance du secteur à moyen terme, voire sur les actions à entamer pour faire revenir les touristes.
Autant dire que la crise qui a frappé la Tunisie, à l’instar de tous les pays, n’a pas seulement mis le tourisme à l’arrêt depuis une année, mais elle a aussi révélé les faiblesses structurelles de cette activité économique. Il faut donc se pencher également sur les suites à long terme. Il ne faut pas réfléchir seulement aux seuls moyens de relancer le secteur dans les mois à venir, mais revoir de fond en comble le modèle du tourisme en Tunisie.
Le ministre du tourisme, Habib Ammar, a fait savoir, récemment, que son département et l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) œuvrent à permettre à la destination tunisienne de regagner sa position et d’accueillir les touristes dans les meilleures conditions, annonçant la création d’un comité qui comprend tous les ministères concernés; à savoir les départements de la santé, de l’environnement et du transport…
Appui de l’Etat
Des mesures ont été annoncées à la fin de l’année 2020 au profit des professionnels du secteur et des agents exerçant dans les établissements hôteliers. Parmi ces mesures, l’octroi d’une prime mensuelle de 200 dinars aux employés en chômage technique et aux guides touristiques, jusqu’à un retour à la normale. Il s’agit d’une décision parmi d’autres, prises par le gouvernement pour protéger le secteur du tourisme et préserver les emplois.
Le ministre du Tourisme indique que le gouvernement a accepté la proposition relative à la prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale, en termes de sécurité sociale, et ce, au titre du 4e trimestre de l’année 2020 et les deux premiers trimestres de l’année 2021, à condition de préserver les emplois et de continuer le versement des salaires.
D’autres mesures concernent également le rééchelonnement du principale de la dette relative aux cotisations de la sécurité sociale, jusqu’au troisième trimestre 2020, et d’exonération des pénalités de retard lors de l’achèvement de remboursement du la principal de la dette, en considérant que le recouvrement de première tranche est une avance.
De même, la taxe appliquée aux agences de voyages au titre de la contribution au Fonds de développement de la compétitivité dans le secteur touristique, fixée à 2 dinars sur chaque siège proposé par les moyens de transport touristique, sera suspendue pour 6 mois, à partir de janvier 2021.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a décidé fin novembre 2020 d’accorder aux établissements touristiques et artisanaux une prolongation du délai de dépôt des déclarations de l’impôt sur les sociétés au titre des exercices 2019 et 2020 jusqu’au 31 décembre 2021, avec un rééchelonnement du paiement à partir de janvier 2022.
Il a, également, décidé de revoir la convention relative au mécanisme de garantie des crédits conclue entre le ministère des Finances et la Sotugar pour l’adapter aux décisions du conseil ministériel du 30 avril 2020, notamment en ce qui concerne le plafond de 1 million de dinars par entreprise, fixé comme condition d’éligibilité à ce mécanisme de garantie.
Il est à noter que certaines de ces mesures ont été lancées et d’autres nécessitent l’élaboration de décrets d’application.
La batterie des mesures renferme aussi la concrétisation des réformes du secteur touristique engagées et la création d’une commission mixte regroupant les ministères de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’Investissement et du Tourisme et la Banque centrale de Tunisie pour examiner les problèmes structurels relatifs à l’endettement et proposer des solutions dans les plus brefs délais.