Exception faite de l’EST, on n’a pas enregistré jusque-là de gros recrutements. Faute de ressources financières, les clubs de la Ligue 1 peinent à renforcer leurs effectifs.
De nos jours, le football est une affaire de moyens humains mais surtout financiers. Professionnel ou amateur, il faut choisir dans quelle catégorie on veut situer son club de foot. En Europe, on a fait ce choix depuis belle lurette. En France, à titre d’exemple, les clubs de football de Ligue 1 et de Ligue 2 ont le statut de sociétés commerciales. Toujours en France, la Ligue du football amateur accompagne les clubs dans leurs efforts de structuration et de développement. C’est ainsi que les textes de loi réglementent le football en France. En Tunisie, les choses étaient plus claires avant 1995. Nous avions un championnat de football amateur avec les subventions de l’Etat qui vont avec. Depuis 1995, le football tunisien est devenu semi-professionnel. En somme, les clubs sont restés amateurs dans leur gestion quotidienne. La loi organique n°95-11 du 6/2/1995 relative aux structures sportives a été décrétée pour permettre aux clubs de foot tunisiens de faire signer des contrats aux joueurs étrangers conformément à la réglementation de la Fifa.
A ce jour, nos clubs sont régis par des statuts d’associations omnisports qui regroupent d’autres disciplines, outre le football. Des clubs qui bénéficient toujours de subventions de l’Etat. Des subventions qui demeurent les principales recettes fixes. La billetterie n’est plus ce qu’elle était avec les huis clos à répétition. Une billetterie qui affiche zéro dinar de revenus depuis une année à cause des restrictions liées à l’épidémie du Covid-19.
Asphyxie financière
Hormis les subventions de l’Etat, les clubs n’ont pas de recettes fixes et sont à la merci de généreux donateurs. Et même les présidents des clubs ayant le profil de principaux pourvoyeurs ne courent plus les rues. Exception faite de l’Espérance de Tunis qui demeure au-dessus du lot, il n’y a que l’Etoile du Sahel, le CS Chebba et à un degré moindre l’AS Soliman qui comptent sur l’apport financier de leurs présidents. Le CSS compte traditionnellement sur l’apport d’hommes d’affaires de la région. Quant au Club Africain, le passage de Slim Riah a finalement fait plus de mal que de bien. Le club se trouve aujourd’hui interdit de recrutements et à sa tête un comité directeur provisoire.
Bref, nos clubs de football dit «professionnels» se trouvent, à quelques exceptions près, au bord de l’asphyxie financière. En témoigne un mercato hivernal plutôt « pauvre » en termes de transferts. Par ailleurs, il n’y a que l’Espérance qui a fait de gros transferts en faisant revenir Anis Badri et en recrutant le Ghanéen Basit Abdul Khalid, ainsi que l’Ivoirien William Togui. Dans le tableau de chasse des autres clubs figurent des joueurs libres, à l’instar de Kouni Khalfa qui a débarqué à Tataouine en provenance de Monastir. Le reste des transferts sont des prêts ou des retours de prêt.
Un mercato hivernal « pauvre » qui aura sans aucun doute des conséquences néfastes sur la qualité de notre championnat dans sa deuxième moitié de la saison.
Et l’Etat dans tout cela ?
En attendant que les lois qui régissent notre football changent, l’Etat doit apporter en urgence une aide financière aux clubs en versant déjà les subventions qui leur reviennent. Oui, l’Etat connaît une crise économique aiguë et ses caisses sont vides. Mais c’est de sa faute que les clubs se trouvent asphyxiés financièrement. D’abord à cause de la crise économique du pays qui dure depuis 10 ans déjà et qui a été aggravée par l’épidémie du Covid-19. Mais aussi à cause du refus des politiques de révolutionner les lois qui régissent notre football. Des textes de loi d’un autre temps… d’une époque révolue…