Accueil A la une La Crise d’El-Kamour ressurgit: Retour à la case départ ?

La Crise d’El-Kamour ressurgit: Retour à la case départ ?

L’ultimatum qu’avait donné la coordination d’El-Kamour, suite à la non-application de l’accord conclu, en novembre dernier, avec le gouvernement Mechichi, déjà en pleine crise politique et constitutionnelle, devait prendre fin hier, lundi. Il y a trois jours, les sit-inneurs du désert, à Tataouine, sont revenus à la charge, menaçant de redescendre dans la rue, si rien n’est fait à ce niveau. Quitte à voir planter, de nouveau, le décor de l’escalade, sous les tentes qu’avaient, autrefois, installées ces jeunes frondeurs depuis juin dernier. Retour à la case départ ?

Tarek Haddad, autoproclamé porte-voix de la région, a commencé à affûter ses armes, se déclarant prêt à toute réaction. Jusqu’au-boutiste, ce jeune, aussi réfractaire soit-il, ne semble guère faire machine arrière. «La fermeture de la vanne ne sera pas aussi difficile, et le gouvernement le sait», a-t-il ainsi riposté, tout juste après que l’armée nationale soit intervenue, jeudi soir, pour empêcher les protestataires d’atteindre la station de pompage dans le site pétrolier. Hier, lundi, ses camarades et lui ont réinvesti le siège du gouvernorat de la place, où ils ont réclamé, de nouveau, le départ du gouverneur, Adel Ouerghi, qui, selon eux, n’a rien apporté à la région. Le porte-parole des sit-inneurs n’a pas manqué d’inciter les habitants à manifester et faire entendre leur voix. Sur «la place du peuple» à Tataouine, une foule considérable s’est réunie, dans la matinée, en réponse à l’appel des jeunes protestataires.

A leurs yeux, le gouvernement n’a pas honoré ses engagements envers un tel dossier qui traîne depuis plus de trois ans. Alors qu’il aurait dû être tranché avant la fin de l’année qui vient de s’écouler. Haddad a menacé d’une grève générale de trois jours, au cas où l’accord conclu ne serait pas traduit dans les faits. «Ceci étant, jusqu’à ce qu’une décision officielle soit prise dans les plus brefs délais», signe-t-il et persiste. Pourquoi attend-on que le torchon brûle ainsi entre les deux parties de négociation et que la situation tourne au vinaigre? Pourquoi les sit-inneurs ont-ils décidé de passer à l’action, alors que le gouvernement cherche à apaiser la tension ?

Mechichi dans la tourmente

Hichem Mechichi a-t-il les moyens de la gestion de cette crise ? Serait-il en mesure de réaliser ce qu’il avait promis ? Lors d’une déclaration, vendredi dernier, sur les ondes d’une radio privée, il a assuré qu’il tiendra ses promesses, mais que certains retards furent accusés dans l’application de certains points de l’accord signé avec les sit-inneurs d’El Kamour. Et d’ajouter, par la même, que le dialogue se poursuit, afin de surmonter ce différend, soulignant que son staff se prépare actuellement à la période post-Covid, soit la fourniture des vaccins aux citoyens. Mais son message était-il convinquant ? Car, ventre affamé n’a point d’oreilles, dit l’adage. De son côté, la coordination aurait-elle avalé la pilule ? Pas évident ! Parce que l’accord a été, alors, conclu en pleine crise sanitaire et que les raisons invoquées par Mechichi peuvent être perçues comme de nouveaux alibis pour faire taire les manifestants. En réaction, Moncef Achour, émissaire du gouvernement à Tataouine, chargé de négociation avec les sit-inneurs de la région, avait posté sur sa page facebook que les salaires des travailleurs de la Société de l’environnement ont déjà été transférés au Conseil régional. Il a annoncé qu’une réunion est prévue, aujourd’hui mardi, au siège de l’Etap (Etablissement tunisien d’activités pétrolières), afin de trouver des solutions aux questions encore en suspens.

Petit rappel pour l’histoire : l’accord d’El-Kamour porte sur plusieurs points, s’agissant de la classification de la Société de l’environnement, de plantation et de jardinage en tant que société à participation publique sous tutelle du ministère de l’Agriculture bénéficiant des augmentations du secteur public, l’accélération du versement des salaires des cadres et agents de cet établissement, le recrutement de 1.000 agents et cadres, ainsi que d’autres mesures en rapport avec le recrutement au sein des compagnies pétrolières et des sociétés opérant dans le désert.  A cela s’ajoute un fonds de 80 MD pour l’investissement et le développement au profit de la région.

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