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Crédits en temps de crise | Endettement des ménages tunisiens : Tendance haussière en l’absence des garde-fous nécessaires

Une enquête réalisée par l’Institut national de la consommation (INC), en 2018, a révélé qu’environ 1,8 million de familles tunisiennes ne peuvent pas se passer de tous types et de toutes sortes de dettes et ne peuvent pas vivre sans dettes en raison de leur situation difficile. D’après les statistiques  de la BCT, l’encours des crédits auprès des banques tunisiennes est de 24 milliards de dinars au 31 décembre 2018, soit une hausse de 127% par rapport à décembre 2010.

En 2018, les crédits auprès des banques ont baissé de 58%. “Cela s’explique par la hausse du taux d’intérêt directeur de la part de la BCT à deux reprises, en plus des nouvelles directives imposées aux banques concernant l’octroi de prêts”.

Selon l’enquête, 43% des ménages tunisiens ont au moins un membre de la famille qui est endetté. L’encours des crédits bancaires, par rapport au revenu disponible brut des ménages, se situe aux alentours de 32%. Deux tiers des ménages tunisiens considèrent, dans la situation économique actuelle, qu’il leur est “impossible de vivre sans s’endetter”.

Difficultés face aux dépenses quotidiennes

Jusqu’en 2017, la première source d’endettement pour les ménages était le crédit bancaire. Autre point marquant de l’étude, jusqu’en 2017, la première cause d’endettement des ménages était pour l’amélioration de l’habitat. En 2018, la principale cause d’endettement des ménages est pour faire face aux dépenses quotidiennes.

“Les ménages endettés consacrent 43% de leurs revenus pour payer l’encours de leurs dettes. Ce chiffre monte à 60% pour de nombreux ménages”, selon l’INC.

Régression de 48% des crédits accordés aux ménages en 2018

Le rythme d’octroi des crédits aux ménages tunisiens a régressé de 48% durant les 9 premiers mois de l’année 2018, sous l’effet de l’augmentation du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale de Tunisie (6,75%), selon l’analyse de l’Institut national de la consommation.

D’après les statistiques de la BCT, l’encours des crédits non remboursés ou faisant objet de litiges a augmenté de 15,9% durant la période 2016-2017, passant de 793 millions de dinars en 2016 à 919 millions de dinars en 2017, ce qui reflète l’incapacité d’une certaine catégorie de clients à honorer leurs engagements malgré les garanties imposées par les banques.

L’analyse de l’INC fait également état d’une augmentation de 120% de l’encours des crédits destinés aux ménages entre décembre 2010 et septembre 2018.

L’INC attire l’attention sur l’évolution de l’endettement des ménages, estimant que la tendance haussière de ce taux, en l’absence des garde-fous nécessaires, est de nature à favoriser la fragilité du système financier. Le taux d’endettement des ménages a atteint 31% en 2017 contre 29,1% en 2014.

Crédits de consommation

Il considère par ailleurs que la contribution de la consommation dans la croissance économique reste faible à cause de l’ampleur du secteur parallèle. Les crédits de consommation accordés par les banques ne contribuent ainsi pas à la croissance et ne favorisent pas la dynamique économique dans la mesure où ils ne reviennent pas au circuit bancaire.

Les crédits à l’économie se sont accrus de 4,3%, en juillet 2020, contre 6,2% un an auparavant, tirant profit des mesures prises par la Banque centrale de Tunisie (BCT) depuis le mois de mars 2020 sur fond de la pandémie de la Covid-19, a indiqué l’Institut dans sa note sur les évolutions économiques et monétaires 2020.

La BCT a rappelé que ces mesures ont concerné la baisse du taux directeur en mars de 100 points de base, et plus récemment, à fin septembre, de 50 points de base, la fourniture de liquidités aux banques (institution d’une ligne de refinancement à 1 mois-Covid-19).

Il s’agit également de la politique de collatéraux de la BCT (rééquilibrage des quotités des titres négociables et des créances non négociables à 50%).

“L’ensemble de ces actions a favorisé une transmission de la baisse du taux directeur aux taux débiteurs bancaires appliqués aux nouveaux crédits, octroyés aussi bien aux entreprises privées qu’aux particuliers, qui ont sensiblement baissé “.

(Source : INC)

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