Les ratios de l’endettement public atteignent un seuil dangereux, que ce soit l’endettement interne (auprès des banques en premier plan) ou externe ( à travers les prêts nombreux et interminables ratifiés par l’ARP). Les chiffres sont alarmants : plus de 20 % du PIB va à l’endettement, alors que le stock de devises est constitué en très grande partie par les emprunts extérieurs souscrits à l’international et qui deviennent de plus en plus difficiles à acquérir dans le contexte du Covid.
C’est-à-dire que l’Etat consacre une grande partie de ses dépenses dans le cadre du budget pour payer des dettes et leurs services, ce qui alourdit la balance des paiements (le paiement des dettes externes et de leurs intérêts se fait en devises) et le budget de l’Etat, financé en grande partie par l’endettement. Plus qu’un outil de financement classique non seulement pour l’Etat mais pour les entreprises dans un seuil raisonnable (en finance par exemple, il n’est pas bon que les dettes à long terme dépassent les fonds propres d’une entreprise sous peine d’être insolvable), l’endettement à la tunisienne devient du surendettement. Une solution de facilité pour les gouvernements faute de deniers et de rentrées de devises. Autrement dit, on s’endette pour payer des charges non créatrices de valeur ( une grande partie va aux rubriques à titre de fonctionnement et non d’investissement), et on s’endette pour payer d’autres dettes et leurs intérêts. On s’endette pour boucher des déficits, pour s’acquitter d’engagements qui dépassent les moyens et le potentiel existant. Ce qui est très grave. Les finances publiques agonisent si l’on voit que les secteurs producteurs exportateurs et qui permettent de renflouer les caisses de l’Etat sont en blocage, tels que les activités du phosphate, du pétrole ainsi que le tourisme. Sur une échelle micro, les petites et moyennes entreprises, les particuliers aussi, ne consacrent pas le moindre intérêt à l’autofinancement, à la rationalisation des dépenses. Tout le monde s’endette pour consommer, pour faire du loisirs et non pour investir dans des activités marchandes et qui permettent la croissance. C’est une spirale d’endettement qui ne fait que déclencher, sans cesse, une spirale inflationniste de manière à déprécier la monnaie nationale et à nous mener vers la récession. Attention, si l’on continue de la sorte, l’on va vers une situation pas très gaie : le scénario grec et tout autre scénario de faillite publique n’est pas loin. Le surendettement est une conduite facile mais aux conséquences néfastes quand cela dépasse les ratios tolérés. Au lieu de travailler, de créer de la richesse, d’épargner pour financer nos besoins, on va vers l’endettement avec un pouvoir de négociation si faible. Et ainsi la boucle est bouclée ! Trop d’endettement nuit à l’économie, c’est certain.