Aujourd’hui, l’aviculture est menacée : certains éleveurs se retrouvent étranglés entre l’augmentation des charges et la baisse des revenus, et de plus en plus d’éleveurs de volailles en Tunisie sont contraints d’abandonner leur exploitation.
Les ménages ont tendance à croire qu’avec l’approche du mois de Ramadan et la hausse de la demande, les prix des œufs, des volailles et de leurs dérivés connaîtront de fortes hausses, alors que d’après les professionnels du secteur, ce n’est pas le cas au moins pour cette année.
Une crise de la demande et non pas de l’offre
Wassim Boukhris, président de la Chambre des volailles, relevant du Syndicat des agriculteurs, indique que la crise sanitaire liée au coronavirus était à l’origine de la baisse du pouvoir d’achat des citoyens, notamment les franges les plus vulnérables de la population, qui ont réduit leur accès à certains produits de base, à l’instar de viandes de volaille, des œufs… Cette baisse de la demande a engendré une accumulation des stocks et une baisse des prix dans le secteur de la volaille et des œufs, ce qui a causé de lourdes répercussions financières pour les producteurs de volailles et d’œufs.
«Confrontés à une hausse des coûts de production —principalement les aliments pour animaux, l’énergie… ce qui perturbe déjà la filière—, les éleveurs tirent depuis plusieurs mois la sonnette d’alarme face à cette situation qui perdure depuis le déclenchement de cette crise sanitaire… A titre d’exemple, à la ferme, les 4 œufs coûtent 850 millimes à l’agriculteur, alors qu’il les vend à 800 millimes seulement. De même pour la viande de volaille à l’état vif : un kilo coûte entre 3.500 et 3.600 millimes, alors que les prix de vente pour l’éleveur sont aux alentours de 3.200 millimes. Idem pour le kilogramme de poulet prêt à cuire, dont le coût dépasse les 5.800 millimes, alors que le prix de vente à l’abattoir se limite à 4.800 millimes… Face à cette situation et à cette baisse de consommation qui dépassent actuellement les 20%, les éleveurs de volailles abandonnent, aujourd’hui, le métier», explique M.Boukhris, tout en précisant que la Chambre n’est pas responsable de la montée des prix de la viande de volaille et des œufs sur le marché, due aux marges bénéficiaires appliquées par les commerçants et les abattoirs anarchiques…
Des éleveurs s’apprêtent à abandonner le métier…
M.Boukhris affirme, toutefois, que face à cette situation, certains éleveurs se retrouvent étranglés entre l’augmentation des charges et la baisse des revenus. «L’impact du coronavirus sur la croissance du secteur sera beaucoup plus significatif et se fait sentir depuis quelques mois. Aujourd’hui, les éleveurs sont contraints à un choix terrible. Si, dans le meilleur des cas, certains s’orientent vers d’autres productions, beaucoup se trouvent obligés d’abandonner leurs exploitations, ce qui pourrait finir par engendrer un monopole dans le secteur des volailles dans un futur proche. Dans ce cas, le citoyen sera le plus grand perdant», regrette-t-il.
En ce qui concerne les prix de ces produits durant le mois de Ramadan, durant lequel la consommation des Tunisiens s’accroît, M.Boukhris indique qu’il n’est pas question d’augmenter les prix de ces produits durant ce mois saint.
«La production importante de ces produits, les stocks record, la baisse du taux de consommation résultant de la détérioration du pouvoir d’achat sont parmi les raisons derrière le maintien des prix durant le prochain mois de Ramadan… Les produits seront, donc, disponibles cette année en quantités suffisantes et à des prix acceptables…
En outre, les professionnels du secteur tiennent à rassurer le marché quant à la disponibilité des viandes blanches et des œufs durant le mois sacré, à garantir l’approvisionnement du marché et à maîtriser les prix… Il ne faut pas craindre la hausse des prix», souligne-t-il.