Une coproduction entre le Théâtre de l’opéra de Tunis et Bedaa production, «Alice», une comédie musicale montée par des compétences tunisiennes, a placé la création de ce genre à un niveau professionnel digne des plus grandes institutions. Les enfants étaient aux anges et la magie avait opéré pour les parents aussi.
La salle de l’opéra a affiché complet, bien entendu dans le respect total du protocole sanitaire, on attendait tous «Alice», un premier projet de comédie musicale pour jeune public comme on en fait ailleurs. La barre est placée assez haut et nos meilleures compétences se sont associées pour le réussir. La musique est signée Oussema Mhidi, ainsi que le scénario, une adaptation d’après «Alice au pays des merveilles» de Lewis Carollet, dialogues et mise en scène de Houssem Sehli, paroles des chansons de Aida Niati et Rahim Kouraïchi, chorégraphie de Mariem Ferchichi, chorégraphie cirque de Mohamed Djobbi, costumes de Leila Djobi, animation 3D par Louay Khouli et scénographie de Sabri Atrous.
Pour ce projet, ils ont sorti le grand jeu, la musique en live avec l’Orchestre symphonique tunisien sous la direction de Mohamed Bouslama, des costumes éclatants, un ballet et des circassiens, de belles voix et une magnifique scénographie qui nous transportent vers le merveilleux. Plus de 70 participants entre danseurs, interprètes, chanteurs et musiciens.
Sur une trame burlesque et pleine d’humour, ce spectacle offre à voir un décor magique, des costumes fantastiques, des tableaux de cirque vertigineux avec notamment des performances aériennes. L’univers 3D nous plonge dans le monde féerique avec les différents personnages de l’œuvre : le maître chapelier, le lapin, la dame de cœur, le chat… C’est avec eux qu’Alice cherche sa voie et déambule sur un parcours à la poursuite du lapin blanc.
Au niveau de la performance, le défi est relevé haut la main, nous étions devant un spectacle qui a réussi à créer la magie et le show souhaités, la barre été placée haut et nous marquons une belle entrée dans le monde de la comédie musicale. Mais cela ne nous empêche pas de souligner quelques lacunes, qui restent, cependant, rattrapables. On aurait souhaité plus de cohérence dans le scénario, parce qu’on avait du mal à suivre l’histoire. Nous étions loin de l’œuvre originale et nous n’avons pu créer une trame différente avec les mêmes personnages.
Au niveau musical, la composition se distinguait par une unité de genre. Forte par sa présence, elle s’imposait d’une manière abusive sur l’ensemble. Les chorégraphies proposées avaient du mal à prendre le pouls de l’univers sonore et jouaient le contre-point. Même si la cohésion de l’ensemble était relativement réussie, nous aurions préféré plus de tonus, plus d’énergie et surtout plus de modernité dans le traitement.
Alice prendra plus d’assurance, une fois la pression de la première passée. L’équipe aura tout le temps pour ajuster les manquements. Mais ce qui est certain, c’est qu’avec ce travail-là, nous sommes sur les pas d’un grand succès.