C’est en 2014 que la filière du colza a connu son émergence. Le but étant de développer une production nationale pour satisfaire une part croissante des besoins domestiques en huiles et protéines.
Les prix des oléagineux au niveau international connaissent des fluctuations de temps à autre avec des révisions à la hausse qui engendrent des pressions sur le budget de l’Etat appelé à importer ces graines, huiles et tourteaux faisant partie des oléagineux. Ces importations sont nécessaires pour satisfaire les besoins de consommation et faire fonctionner certains métiers comme l’élevage et l’agriculture. Donc, l’Etat est appelé à importer ces matières premières en permanence subissant ainsi la pression sur le budget.
La tendance haussière a été constatée depuis le début des années 2000 dans la mesure où le prix des oléagineux a considérablement augmenté au 2e semestre 2020 atteignant leur niveau le plus haut depuis 2014. Les cours ont ainsi progressé de 25% pour les graines et les tourteaux de soja, atteignant même 50% pour l’huile de soja. Il faut dire que les prix sont fixés compte tenu de la production de ces matières premières. Plus celles-ci sont rares, plus leur prix connaît une flambée sans précédent. La diminution de la production sur le marché international est due à plusieurs facteurs dont celle qui concerne la diminution des superficies réservées à la production.
Aléas climatiques en cause
Cette diminution de la production qui a entraîné des augmentations de prix liées également à d’autres facteurs comme les aléas climatiques qui ont affecté la production en Amérique. On a enregistré, également, une importante baisse des stocks d’huile de palme en Malaisie et une chute des exportations d’huile et tourteaux de soja en provenance d’Argentine suite à des mouvements sociaux. Aussi, la demande en soja par la Chine a atteint des niveaux records. Avec la reconstitution de son cheptel porcin, ses besoins en soja ont explosé et le pays, premier consommateur mondial de soja, a importé 60% de la production globale en 2020. Rien n’est donc laissé pour les pays émergents comme la Tunisie et peu de quantités ont été vendues à un prix astronomique.
En Tunisie, les besoins moyens sont estimés à 450.000 tonnes de tourteaux et 250.000 tonnes d’huile de graines majoritairement satisfaites par des importations.
D’où la pression sur le budget due à ces importations nécessaires. Au cas où ces prix se maintiendraient, les cours constatés fin 2020 pourraient représenter un coût supplémentaire de 325 millions de dinars pour la balance commerciale. C’est dire l’effort à déployer par l’Etat qui doit mobiliser les ressources financières nécessaires afin d’importer les quantités nécessaires en oléagineux et satisfaire les besoins du marché.
La volatilité des marchés mondiaux des oléagineux met le budget de l’Etat dans une situation embarrassante ces derniers temps.
Après avoir maîtrisé les importations au cours de la dernière période, cette nouvelle donne a faussé la note. La balance commerciale est fortement impactée par la hausse des prix de ces matières qui sont indispensables pour la consommation locale, l’élevage des volailles et l’agriculture. N’étant pas productrice de ces matières, la Tunisie est dépendante du marché mondial et doit subir toute hausse des prix pratiquée par les grands producteurs qui se trouvent notamment en Amérique et dans certains pays de l’Est.
Une lueur est perceptible
Heureusement qu’une lueur d’espoir est perceptible dans cette brume. En effet, le développement de la filière nationale de colza permet de réduire la dépendance aux importations, d’améliorer l’équilibre de la balance commerciale et de renforcer l’activité économique, notamment dans les zones rurales du pays.
A la faveur des efforts déployés dans ce sens, il est possible de réduire à terme les importations.
Encore faut-il bien entretenir ces parcelles pour qu’elles maintiennent un niveau de production acceptable. Ces parcelles font travailler des familles qui ont su choisir le créneau porteur qui va nous permettre d’économiser des devises.
D’où la mobilisation de cette filière susceptible d’améliorer l’autonomie alimentaire tunisienne. C’est, en 2014 que la filière de colza a connu son émergence.
Le but étant de développer une production nationale pour satisfaire une part croissante des besoins domestiques en huiles et protéines. L’effort doit se poursuivre voire augmenter pour répondre positivement aux demandes des consommateurs qui ne cessent de s’accroître. Le taux de croissance annuel moyen des graines est de plus de 100%. Ainsi, la production locale de graines est passée de 610 tonnes en 2014 à 17.870 tonnes en 2020.
La Tunisie a ainsi produit 5.950 tonnes d’huile de colza et 11.050 tonnes de tourteaux de colza en 2020. Il s’agit de poursuivre le travail dans ce sens pour ne pas être dépendant du marché extérieur, au moins au niveau du colza.
En 2020, la couverture des besoins nationaux était de 2.5% pour les huiles et de 2.2% pour les tourteaux. La dynamique observée depuis 2014 se confirme cette année encore avec 15.000 hectares emblavés. A noter que le potentiel de surface pour produire du colza en Tunisie est de 80.000 ha.
Image par Jochen Schaft de Pixabay