Selon les statistiques officielles, la Tunisie fait partie des pays dont les routes sont les plus meurtrières au monde ; elle est classée 138e/180 avec un taux de mortalité de 22 morts pour 100.000 habitants. Face à ce constat, la sécurité routière reste une question pluridisciplinaire et demande l’intervention de plusieurs parties et de divers organismes de l’Etat pour la réformer radicalement.
Lors d’une récente rencontre du travail, qui a réuni le ministère du Transport et de la Logistique avec le bureau exécutif de l’Association tunisienne de la prévention routière (Atpr), il a été décidé d’imposer et d’aménager des zones 30 km/h dans les communes, dans un objectif de préserver la qualité de la vie en ville et surtout la sécurité des déplacements pour tout le monde.
A quoi sert la Zone 30 ?
Cette mesure vise à limiter la vitesse dans les endroits très fréquentés comme les écoles, lycées, universités, marchés, mosquées…et rouler moins vite — notamment dans les grandes villes ayant une grande population — et permet de diminuer la distance d’arrêt et d’augmenter le champ de vision du conducteur et donc de minimiser les accidents de la route. A cet égard, la création des Zones 30 vise à hiérarchiser le trafic et aménager des structures pour préserver la qualité de la vie des quartiers là où c’est nécessaire.
La Zone 30 sert, également, à garantir des conditions de déplacement satisfaisantes pour tous, à préserver la qualité de la vie et la tranquillité dans la rue, au centre-ville, près des écoles, dans les quartiers résidentiels… et à favoriser une mobilité sécurisée dans les endroits concernés. Ainsi, généraliser la Zone 30 dans les rues tunisiennes permet de réduire considérablement le nombre et la gravité des accidents. Mais son impact sur la sécurité routière dépend de plusieurs facteurs, dont la situation initiale et les mesures prises en accompagnement de l’abaissement de la vitesse (mesures de circulation, d’aménagement…). Pour ce faire, l’élaboration d’une vision stratégique commune implique la participation de toutes les parties prenantes.
« La réunion avec le ministère du Transport et de la Logistique était une occasion pour aborder des mesures prometteuses qui permettront d’atténuer considérablement les accidents de la route dans notre pays. En tête de liste, il existe la discussion autour d’un texte de loi qui exige la mise en place des Zones 30 dans les municipalités… Un outil capable de minimiser les accidents de la route et de privilégier un trafic fluide et continu, sans accélération ni freinage intempestif… Ainsi, la bonne volonté — notamment politique — ne manque pas, ni les idées de réformes, il suffit de passer à l’action… », souligne Amira Kaddour, membre du conseil national de l’Atpr.
Un Lead Agency pour la sécurité routière
La rencontre était aussi une occasion pour discuter des futures orientations stratégiques de l’association et du ministère afin de garantir la sécurité routière, tout en définissant les moyens nécessaires pour pouvoir réussir. Parmi les projets qui verront bientôt le jour, il existe l’obligation de réentamer les travaux du Comité de révision du code de la route. Il y a aussi le projet d’immatriculation des motocycles, qui devraient être planifiés par catégories. Ce projet nécessite un plan d’actions sur trois ans. Les nouvelles exigences de l’agenda des Nations unies 2021-2030 étaient également à l’ordre du jour. Parmi les autres objectifs et projets sur lesquels l’Atpr se concentre, il y a ceux qui confirment les objectifs du changement climatique (comme le transport intelligent, propre et non polluant).
Mais la priorité devrait être accordée à la création d’une Instance suprême de la sécurité routière ou un Conseil national de la sécurité routière, qui n’existe pas encore en Tunisie. Ce Lead Agency pour la sécurité routière devrait être chargé par l’orientation de la politique de sécurité routière. Son rôle primordial consiste à formuler des recommandations au gouvernement pour réduire les risques routiers, alors que sa force réside dans sa capacité à connaître les problèmes rencontrés sur le terrain, ce qui lui permet d’énoncer des recommandations efficaces et adaptées aux problèmes réels.