Accueil Société Cité des Sciences — Café scientifique sur le thème «manger Bio, phénomène de mode ou nécessité ?»: Consommer bio n’a pas de prix !

Cité des Sciences — Café scientifique sur le thème «manger Bio, phénomène de mode ou nécessité ?»: Consommer bio n’a pas de prix !

Même si la consommation de masse des produits bio n’est pas encore une réalité en Tunisie et qu’il reste un produit de niche, on doit veiller à franchir un nouveau cap dans la consommation des fruits et légumes portant notamment le label Bio. Il y va de notre santé !


La Cité des sciences à Tunis a abrité vendredi 26 mars 2021 l’organisation d‘un café scientifique sur le thème : «Manger bio, phénomène de mode ou nécessité pour préserver notre santé et l’environnement ?». Un ensemble de questions nécessitent des éclaircissements : comment reconnaître un produit bio? Manger des produits bio pourrait-il protéger notre santé et notre environnement ?… Qu’on mette du bio «dans toutes les sauces», soit, mais encore faut-il comprendre de quoi il s’agit plus exactement et ne pas le classer comme un simple produit naturel. Le terme «bio» désigne un produit ou une denrée issu de l’agriculture biologique.

Le mode de production est naturel et n’utilise aucun produit chimique de synthèse, comme les pesticides, les fertilisants chimiques, ou les hormones de croissance ni d’OGM. Un produit bio peut être végétal, animal, à l’état brut ou transformé, alimentaire ou cosmétique, textile. Il tire sa source de l’agriculture biologique qui comporte des pratiques agro-écologiques, avec une rotation des cultures pour la préservation des sols, l’utilisation de compost (engrais recomposé) et une lutte biologique contre les nuisibles.

Pour préserver les ressources naturelles : sol, biodiversité, eau, le recours au bio est indispensable. Le bien-être animal est obtenu : élevage extensif en plein air, alimentation bio, thérapies douces (pas de traitement antibiotique préventif, phytothérapie). La certification biologique et le label bio qu’il faut savoir reconnaître en tant que consommateur et la réglementation dans ce domaine en Tunisie ont été rappelés à l’occasion. Le mode de production biologique fait l’objet d’un contrôle de la part d’un organisme de certification accrédité et qui délivre un certificat de conformité à l’agriculteur ou au transformateur ayant respecté les règles définies dans la réglementation en vigueur. En matière de réglementation, la loi organique N°90-30 du 5 avril 1999, relative à l’agriculture biologique recense quatre organismes certificateurs accrédités par le ministère de l’Agriculture et stipule le principe d’équivalence avec l’Union européenne.

Dans l’exposé intitulé: «Pesticides : impacts sur l’environnement et la santé», on en apprend des vertes et des pas mûres. Qu’est-ce qu’un pesticide? Un pesticide est une substance chimique utilisée pour détruire, repousser ou rendre inoffensif des organismes considérés comme nuisibles. Les plus répandus sont les herbicides, les insecticides, les fongicides, D’autres variétés existent contre les rongeurs, les corbeaux, etc.  Mais cela ne s’arrête pas là, car les pesticides causent de nombreux effets nocifs sur la faune, les oiseaux, les abeilles ou encore la faune aquatique. Les effets sur la santé sont décriés.

Dégâts des pesticides

Les effets sur la santé sont démontrés avec de nombreux cas de cancer de différents types, dont ceux du sang ou de la peau dus à l’exposition directe et la consommation indirecte des pesticides. En première ligne des sujets à risque, on peut citer les agriculteurs et les paysans dans les champs qui doivent recourir aux pesticides dans leurs exploitations. Du reste, les pesticides s’avèrent très toxiques pour l’homme. Les effets indirects de l’exposition ce sont les intoxications aiguës et les effets chroniques. Les altérations endocriniennes ou les perturbateurs endocriniens qui en découlent provoquent une baisse de concentration, la puberté précoce, une altération de la fécondité et une liste de dégâts sur la santé.

Les atteintes dermatologiques sont des symptômes très fréquents avec des rougeurs, démangeaisons, ulcérations, urticaires plus particulièrement sur les zones découvertes du corps. Des atteintes neurologiques sont décrites également. Les méfaits des pesticides ne s’arrêtent pas uniquement à ceux d’ordre sanitaire, mais également ceux ayant trait à l’environnement. Parmi les effets environnementaux, il s’avère que les pesticides modifient l’environnement. Ils sont emportés par le vent, les eaux de ruissellement vers d’autres zones … et représentent un danger permanent car ils sont très stables, résistants et s’accumulent dans l’environnement et dans nos organismes.

Que faire pour s’en préserver ? Il y a des habitudes nouvelles et simples à acquérir qu’il faut intégrer dans son quotidien. Pour  éviter l’exposition aux pesticides il y a quelques recommandations à suivre : manger et jardiner bio, tenir compte des saisons, étudier les provenances des fruits et légumes consommés, les laver et les éplucher et éviter de circuler dans une zone où l’épandage a lieu.

Eduquer et responsabiliser le consommateur

Mme Yousra Hamza-Chaïbi, secrétaire générale d’UnoBio, de l’Union nationale des opérateurs de la filière bio Tunisie et le Dr Ahlem Helali de l’Association Santé et Développement, ont exposé leurs connaissances et leur savoir en matière d’alimentation et de consommation responsable sous le label «Bio».

Mme Y.Hamza a rappelé, en marge de la conférence, l’importance et le rôle du consommateur qui « doit connaître ce qu’il achète, afin d’être certain que le produit bio de son choix est certifié et qu’il soit économiquement et même socialement conforme et responsable ». C’est ce point sensible et crucial qui a suscité l’intérêt d’une intervenante parmi l’assistance qui estime qu’il faut « une révolution culturelle et une éducation à l’univers bio et à l’agriculture biologique en Tunisie». Certainement pour que le pays passe un nouveau palier et atteigne les standards internationaux, à l’instar du Canada où tous les produits de consommation portent le label bio.

Aujourd’hui, manger bio ne peut être considéré comme un mode de vie ou de consommation, mais une nécessité humaine pour soi et pour la préservation de l’environnement. Un enjeu de taille en Tunisie. Les débats qui ont suivi ont été animés et instructifs à plus d’un titre sur le chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre les standards internationaux des pays développés. Les organisateurs ont saisi l’occasion d’annoncer la tenue du salon Bioexpo, une foire de produits bio du 1er au 3 avril à l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat.

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