« Salam » est une démarche thérapeutique, collégialement coordonnée et concertée avec la Direction générale des prisons et de rééducation (Dgpr) pour la prise en charge psycho-sociale d’une population carcérale qui se sent toujours frustrée et discriminée.
Entamé en 2017, « Salam », projet initié par la Ltdh pour la prévention de l’extrémisme violent basée sur l’approche droits humains et consolidation de la paix, vient de prendre fin, sur une note positive. Un aboutissement marqué par certains retards accusés, à cause de la pandémie liée à la Covid-19. Hier, la conférence de sa clôture s’est tenue à Tunis, au cours de laquelle invités et partenaires du projet ont fait valoir le rôle de la Ltdh et ses interventions pilotes menées, à titre préventif, afin de diminuer l’intensité de la violence et de l’extrémisme en milieu carcéral.
« Salam », de l’idée au concret, toute une démarche thérapeutique, collégialement coordonnée et concertée avec la Direction générale des prisons et de rééducation (Dgpr) pour la prise en charge psycho-sociale d’une population carcérale qui se sent toujours frustrée et discriminée. Force est de constater qu’un tel état d’âme peut, inévitablement, nourrir un extrémisme violent, conduisant au terrorisme. Et la Tunisie fut, depuis 2012, la cible d’attentats visant autant les forces de sécurité que les touristes (Le Bardo et Sousse en 2015). Elle l’est encore à un rythme moins intense qu’avant. N’empêche ! La stratégie de lutte anti-extrémisme et terrorisme, mise en place en 2016, a dû, quand même, renverser la vapeur et réussir à faire face aux terroristes, jusqu’ici retranchés dans nos montagnes. D’ailleurs, le projet « Salam » s’inscrit dans cette ligne droite, en intervenant en amont, à même de diminuer le risque d’extrémisme violent chez les détenus.
L’anti-extrémisme vu par les détenus
Autant dire, il faut saluer «l’humanisation de l’univers carcéral et l’amélioration des conditions du travail dans les institutions pénitentiaires », ainsi s’exprime Jamel Msallem, président de la Ltdh.
Il s’est dit fier d’une telle expérience qualifiée d’humaniste et sans précédent.
Membre du bureau de la Ligue et coordinatrice de ce projet, Mme Omayma Jabnoun a indiqué que « Salam », étendu sur trois ans, revêt un aspect humain, mais aussi créatif et artistique. « Aujourd’hui, on vient de présenter ses outputs élaborés à partir d’un travail d’ateliers réalisé dans des unités pénitentiaires (prison du Kef et celle des femmes à La Manouba) et dans les centres de rééducation des mineurs d’El Mourouj et Mghira », révèle-t-elle. Dans le même ordre d’idées, Mme Jabnoun a souligné l’intérêt d’avoir organisé pareils ateliers baptisés « Art thérapie », soit le traitement par l’art de la création artistique, théâtrale, d’expression vocale et corporelle, ainsi que de la photographie.
Une manière de pousser ces mineurs à exprimer leur perception de lutte anti- extrémisme violent, même s’ils se trouvent dans des lieux de privation de liberté, tout en se basant sur une approche des droits humains.
Entre autres actions de cheminement préventif, il y avait eu, aussi, des séances et forums de dialogue interactifs destinés aussi bien aux détenus qu’aux enfants délinquants.
Une expérience jugée réussie
Toutefois, l’extrémisme violent n’a toujours pas une connotation terroriste. Peu importe ! Mais, la violence est aussi d’ordre institutionnel.
Et d’ajouter que cette expérience a trouvé un écho favorable auprès de la Dgpr et les agents pénitentiaires qui n’ont ménagé aucun effort pour l’appuyer et l’accompagner. «L’expérience a connu un franc succès et abouti à ses objectifs fixés», avoue le chef de la Dgpr, Elyes Zallegue. Il considère que la réussite de ce projet est le fruit d’une étroite coopération avec la Ltdh, en vertu d’une convention cosignée en 2015.
Suite à quoi, « ce partenariat bilatéral a enregistré un bond qualitatif, où la Ltdh est passée d’un observateur de la situation dans les prisions à un partenaire actif privilégié qui nous partage la même vision de réforme judiciaire et stratégie de rééducation », s’est-il félicité.
Sur cette lancée, le porte-parole de la Dgpr, Sofiène Mezghich, a fait valoir les résultats obtenus du projet « Salam », souhaitant le généraliser dans d’autres unités pénitentiaires. L’impact étant, selon lui, très positif tant sur le travail et les capacités des agents, mais aussi sur les détenus. C’est que, en trois ans, il y a eu un changement en termes de mentalités et de comportements. Mais, pas suffisamment.
« Il y aura, prochainement, un plaidoyer piloté sur la base d’une feuille politique, pour défendre davantage les droits des détenus et améliorer les conditions de vie dans les prisons », recommande Mme Jabnoun, en conclusion.