Certains propriétaires de cafés et salons de thé, qui accueillent leur clientèle jusqu’à une heure plus ou moins tardive lors des soirées ramadanesques, font de leur mieux pour, au moins, veiller à respecter la distanciation sociale, éviter l’encombrement et respecter l’interdiction des narguilés….
En général, et durant le mois saint, les Tunisiens profitent des nuits ramadanesques et préfèrent sortir après la rupture du jeûne pour revoir leurs amis dans les salons de thé.
Exceptionnellement cette année, d’ailleurs même pour l’année dernière, et à cause notamment de la crise sanitaire et la propagation de la Covid-19 qui nous ont obligés à changer complètement notre manière de vivre, nos habitudes et notre mode de vie, le mois de Ramadan, n’y échappe pas !
Il est vécu autrement : on limite autant que possible les sorties nocturnes, les rassemblements et, notamment, les cafés et salons de thé qui ont été eux aussi affectés par ce nouveau rythme de vie. Après les décisions prises par l’Etat, il n’est pas possible de se réunir entre amis ou en famille autour d’un café dans ces espaces.
A la limite, on se contente juste de prendre un café vite fait, sans prendre son temps et sans être bien installé pendant de longues heures sur son siège pour discuter, jouer aux cartes ou fumer le narguilé avec ses potes. Ces décisions, qui ont été prises, certes, pour l’intérêt du citoyen et dans le but de limiter la propagation du virus afin de préserver la santé des Tunisiens — puisque les cas de contamination et le nombre des morts ne cessent d’augmenter ces derniers mois —, ont quand même suscité le mécontentement de certains propriétaires de salons de thé, cafétérias et cafés, qui, certains d’entre eux, ont «choisi» de ne pas respecter les mesures prises par l’Etat et d’ouvrir quand même leurs espaces pour accueillir leur clientèle jusqu’à une heure tardive et à placer tout de même les tables et les chaises comme à l’accoutumée et comme si de rien n’était !
Avant-hier soir, nous étions devant un café populaire situé à la banlieue sud, plus précisément à Bir el Bey. Là où les gens profitent pour aller se promener dehors, et s’installer jusqu’à une heure tardive dans le jardin public qui se trouve dans ce quartier.
Cela ne pose pas un grand problème certainement, car ces derniers qui arrivent à pied en profitent pour faire de la marche, tout en respectant la distanciation sociale afin d’éviter d’attraper le virus. Mais qu’en est-il des cafés qui se trouvent juste à côté dans ce quartier ? Nous avons fait un petit tour et récolté quelques témoignages de clients ainsi que des propriétaires de cafés.
Houcine, un homme qui a dépassé la quarantaine, travaille en tant que concierge pour surveiller l’un des immeubles dans ce quartier. Rencontré à l’entrée du café du coin, il estime que les décisions qui ont été prises par l’Etat en ce qui concerne la fermeture des cafés à un certain horaire sont un peu exagérées et ne permettent pas surtout aux serveurs qui y travaillent, d’être bien payés pour pouvoir affronter les dépenses excessives du mois de Ramadan. Idem pour le propriétaire-même du café qui ne voit vraiment une grande affluence de clientèle comme à l’accoutumée, ce qui réduit visiblement pas sa recette quotidienne, d’autant plus que le café est fermé au cours de la journée, ce qui a poussé notamment le propriétaire à rallonger un peu les horaires de fermeture du café et à dépasser l’heure fixée à 22h00 tapantes, expliquait le concierge qui a choisi de se réunir juste avec son ami autour d’une table placée à la terrasse. Plusieurs clients comme Houcine profitent de ces quelques heures après la rupture du jeûne pour rejoindre leurs amis dans les cafés du coin, tout en essayant de respecter la distanciation sociale. Nous avons quitté Houcine pour nous diriger vers le serveur. Ce dernier nous a expliqué tout d’abord qu’ils essayent tant qu’ils le peuvent de respecter les mesures de précaution dans ce café tout en plaçant les quelques tables et chaises à une distance d’au moins un mètre et de profiter de la terrasse en plein air pour y mettre deux ou trois tables afin que les clients puissent savourer leurs cafés tout en restant vigilants quant à leur santé.
Il a noté également que la crise de la Covid-19 a visiblement nui au budget du Tunisien, comme son cas, car avec des heures réduites de travail, il n’arrive plus à subvenir aux besoins de sa famille composé de quatre membres. «Avec la Covid, les décisions prises de fermeture des cafés à 22h00 et le couvre-feu, les choses commencent à empirer, car durant la journée je ne travaille pas, c’est pendant la nuit que je peux gagner ma vie et limiter les horaires de travail me cause de vrais problèmes surtout avec les dépenses excessives du mois de Ramadan et de l’Aïd. Dans mon lieu de travail, on dépasse les horaires fixés de fermeture d’une heure à peu près pour pouvoir avoir plus de clientèle et gagner plus d’argent ce qui nous permet d’affronter les dépenses », précise Salem, le serveur.