L’affluence massive des jeunes pour s’inscrire sur les listes électorales qui ont atteint plus d’un million de probables nouveaux votants obligeant l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) à prolonger les délais d’inscription jusqu’à la mi-juin prochain a-t-elle introduit, auprès de l’opinion publique, un faux espoir de voir les Tunisiens retrouver la flamme et l’engouement pour la chose politique dont ils ont fait preuve lors des premières élections post-révolution qui se sont déroulées le 23 octobre 2011 pour l’élection de l’Assemblée nationale constituante (ANC) ?
Toutes les analyses laissaient, en effet, croire que les Tunisiens, à travers l’affluence manifestée par les jeunes qui s’inscrivaient pour la première fois sur les listes électorales, étaient disposés à rompre avec le sentiment de désenchantement les habitant depuis 2014 pour retrouver leur enthousiasme et accomplir massivement leur devoir électoral, c’est-à-dire tout simplement leur droit absolu de décider, par eux-mêmes, de leur avenir et du devenir de leur pays, loin de la tutelle ou de la mainmise d’un parti politique quelconque ou d’une coalition se proclamant indépendante, quelles que soient son appellation ou les personnes qui la composent.
Malheureusement, les municipales partielles de Souk Jedid (délégation relevant de Sidi Bouzid) tenues dimanche 26 mai ont tué dans l’œuf le faux espoir de voir les Tunisiens se réconcilier avec la politique dans son expression la plus directe, en l’occurrence les élections municipales.
Et le taux global de participation évalué à 34,4% ainsi que les résultats obtenus par les trois listes partisanes et les sept listes indépendantes en compétition en vue de remporter les 18 sièges qu’offre le conseil municipal de la délégation de Souk Jedid de révéler qu’entre la réalité du terrain et les espoirs ou les espérances, il existe un grand fossé montrant qu’il reste beaucoup à faire au niveau des partis politiques et aussi de la société civile d’où émanent les listes se présentant comme indépendantes (en attendant le dévoilement de leur véritable appartenance lors de la répartition des sièges et de l’élection du futur maire) afin que les prochaines législatives et la présidentielle de fin 2019 ne soient pas un remake des partielles de Souk Jedid.
Et quand un parti politique qui se proclame comme le parti n°1 du pays remporte les partielles en question avec 3 sur 18 sièges, on est en droit de s’interroger sur les résultats que cacheront les prochaines municipales partielles programmées au Bardo, à La Soukra, à Jebeniana et probablement à Sousse, en attendant les autres.