L’Agence tunisienne de formation professionnelle (Atfp) semble être en pleine mutation. Elle veut, alors, changer de stratégie et de pédagogie. En l’état, sa politique de communication, ses offres de filières, mais aussi les autres prestations qu’elle devait assurer à ses apprenants n’ont pas pu, au fil des ans, sortir des sentiers battus. En termes d’emploi, il n’y a plus assez de choix, tant que des spécialités encore enseignées ont fini par perdre leur part de marché, d’autres sont carrément boudées.
Et pour cause. Ce dispositif public de grande envergure se penche, plus que jamais, sur son évolution, afin d’épouser son temps et pouvoir reconquérir la confiance de ses clients. Ainsi, sa restructuration pour répondre aux exigences de notre économie demeure ainsi plus qu’impérative. Alors, il y a de quoi forcer son passage à la digitalisation. De nouvelles applications intégrées sont, désormais, à disposition, censées servir apprenants et demandeurs de formation en temps réel. Dans les 136 centres que compte l’Atfp, l’inscription à distance vient à peine d’être lancée pour devenir officiellement opérationnelle d’ici le 1er juin prochain. Cela étant, tout postulant n’aura plus besoin de se déplacer pour s’inscrire. Parallèlement, le réseau Internet haut débit déjà généralisé à tous les centres de formation sera encore plus renouvelé et étendu au cours de l’année prochaine.
Témoignages.. !
Autre nouveauté, l’Atfp a lancé, depuis des mois, une enquête de terrain pour connaître le degré de satisfaction de ses stagiaires. L’initiative, certes, est salutaire, dans la mesure où elle peut l’aider à se surpasser et mieux faire ses choix d’avenir. Publiée tout récemment, avec un échantillon de 2.204 jeunes apprenants, cette étude a porté sur certains volets liés au cursus de la formation, à savoir l’orientation, la qualité d’hébergement et de restauration, le système d’évaluation, la vie commune et le transport des stagiaires. Statistiques à l’appui, les résultats recueillis sont moyennement bons. Mais, au niveau des opinions, il y a, quand même, des hauts et des bas. Au sujet de l’accès à la formation professionnelle, les enquêtés ont répondu n’avoir rien eu ni des campagnes de sensibilisation ni d’autres sources d’information. C’est du bouche-à-oreille ou par ouï-dire, à travers des réseaux sociaux, des amis apprenants ou des familles, qu’ils tiennent, plus souvent, tout renseignement sur les procédures et les conditions d’inscription. Ce qui remet en question la stratégie de communication actuellement adoptée. Côté services administratifs offerts par le centre, la perception était, relativement, positive. De même, la formation dans le centre et dans l’entreprise, de par son rendement et la qualité pédagogique qu’elle présente aux stagiaires, a aussi donné une bonne impression. Reste que le rythme de la vie commune (hébergement, restauration), ainsi que les conditions de transport jusqu’au centre sont en deçà des attentes, livrent les interviewés.
Encore faut-il noter que la satisfaction des uns et des autres n’est pas une valeur sûre. Sa perception est toujours variable, elle est plutôt conditionnée par l’état des lieux du secteur et les indicateurs de son développement. Ce sur quoi on avait trop misé, en réservant à la formation, au même titre que l’emploi, une place de choix. Mais, sa mission ne semble pas, jusque-là, bien accomplie.
Kamel FERCHICHI