Accueil Editorial Libye : une opportunité, des conditions…

Libye : une opportunité, des conditions…

Au-delà des résultats et du contenu de la visite du Chef du gouvernement en Libye, et en attendant que les promesses données par le Chef du gouvernement libyen se transforment, on peut d’ores et déjà dire que la Tunisie retrouve la Libye, un pays voisin et dont les enjeux sont liés à notre pays de par l’histoire et la géographie. 

Après la symbolique et éclair visite du Chef de l’Etat récemment à Tripoli, nous revoilà en plein dossier libyen. On notera aussi une convivialité dans le camp libyen (du moins officiel), mais tout cela doit être compris dans un nouveau contexte. Ce n’est plus la Libye d’avant 2011, ni celle d’avant 2019 (assaut raté de Hafter sur Tripoli). Car nous sommes face à un autre contexte et d’autres règles du jeu sur ce dossier très compliqué. C’est vrai qu’il y a une opportunité économique énorme et qui va se traduire par des transactions dans l’immobilier, le bâtiment (main-d’œuvre tunisienne et sociétés de sous-traitance),avec des exportations qui vont se développer, sans oublier le tourisme (médical en premier lieu). On va bénéficier de cette manne libyenne, mais ce qui a changé, c’est la position officielle libyenne qui avance des conditions pour octroyer des marchés. C’est l’essence de la politique et des relations géostratégiques. On ne doit pas penser une seconde qu’on va tirer le maximum de la Libye sans rien donner. Le Chef du gouvernement libyen, qui est un  homme d’affaires de renom, a demandé beaucoup de choses dont le droit à la propriété et le règlement de certains dossiers, en passant par les modalités monétaires relatives aux exportations et aux importations entre les deux pays. La position libyenne vis-à-vis de la Tunisie est forte, elle ne prend pas en compte seulement le voisinage et les questions « affectives ». Les Libyens cherchent aussi à gagner des avantages sur notre économie, ils négocient tout en fonction des intérêts. D’autant que cette « opportunité libyenne » est maintenant ciblée par les Egyptiens (partenaire historique pour l’est libyen et premier fournisseur en main-d’œuvre), les Turcs (présents dans l’ouest libyen), les Italiens, les Français, etc. Pour ceux qui s’exclament des facilités qu’on donne aux Libyens, ils raisonnent d’une manière caduque : on est obligés de présenter une offre pour prendre une part dans les projets à venir dans ce pays sous-exploité et qui constitue l’eldorado pour toutes les économies de la région. Nos décideurs sont-ils conscients de la délicatesse du moment ? Savent-ils que la Libye a changé et que le futur diffère du passé ? Il ne faudra surtout pas sous-estimer la partie libyenne qui, malgré les divisions internes, reste intelligente et surtout accompagnée par les grandes nations de la région. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir gagner quelque chose, nous devons payer et participer avec les autres dans l’effort sécuritaire face à l’émigration clandestine et l’économie de contrebande sur nos frontières. On attendra un peu de temps pour voir si les choses ont changé par rapport à la Libye.

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