Le sommet de la francophonie sera vraisemblablement porteur d’opportunités, s’il coïncide en Tunisie avec la reprise de l’activité touristique et une bonne gestion de la sortie de crise sanitaire.

Une rencontre de presse a été organisée hier par S.E. l’ambassadeur de France en Tunisie, M. André Parant, avec une douzaine de journalistes tunisiens. Réunion matinale et brève qui s’est tenue à la résidence et dont le cadre général porte sur les relations franco-tunisiennes. Malgré la crise sanitaire, la relation Tunisie-France est restée extrêmement vivante, donnant lieu à des visites de haut niveau. Le 3e Haut conseil de coopération, conjointement présidé par le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et le Premier ministre français, Jean Castex, vient d’avoir lieu, le 5 juin. Un sommet biennal qui a  donné naissance, à l’occasion, à près de 15 accords de partenariat, touchant divers secteurs d’activité.

Au cours de son exposé introductif, l’ambassadeur s’est félicité de la qualité des relations liant la France à la Tunisie, jugées exceptionnelles, « fondées sur des liens culturels, économiques, etc. », M. Parant a rappelé que la France reste le premier partenaire de la Tunisie dans plusieurs domaines. « Ce n’est pas seulement un constat, prend-il soin de préciser, mais le fruit d’une volonté politique de deux Etats ».

Information importante annoncée d’emblée ; la France fait don à la Tunisie de 325 mille doses de vaccins AstraZeneca qui devront transiter par le Canal Covax de l’OMS, et être livrées sous dix jours. Don qui permettra, sans doute, de booster une campagne vaccinale nationale bien lente. A cette occasion, La Presse a évoqué la polémique planétaire dont le vaccin anglo-suédois, dit le «  mal aimé », fait l’objet entre les professionnels et les scientifiques d’abord. Une polémique ayant tôt fait d’entraîner ensuite la suspicion puis le rejet des populations à travers le monde. En réponse, et tout en précisant qu’il n’est pas médecin, M. l’ambassadeur a délicatement rappelé que ce don fait suite à une demande explicite des autorités tunisiennes.

De plus, affirme-t-il, « en Grande-Bretagne, tout le monde se vaccine à l’AstraZeneca. »  De même, ce vaccin continue à  être inoculé en France, selon un protocole établi par les autorités sanitaires européennes et françaises. Les sujets cibles devront avoir plus de 60 ans. Dans cet ordre, 4 millions de Français ont reçu le contesté vaccin. « Ce don est l’occasion pour la France de témoigner sa solidarité pour la Tunisie dans sa lutte contre le Covid », insiste-t-il.

La restructuration de la dette tunisienne ?

L’épineuse question de la restructuration de la dette tunisienne a été également évoquée au cours de cette rencontre respectant rigoureusement les restrictions sanitaires. L’ambassadeur a tenu à préciser aux représentants des médias nationaux que « les autorités tunisiennes n’ont jamais sollicité à  la France l’annulation partielle ou totale ou une quelconque restructuration de la dette qui s’élève à 1 milliard d’euros ». Et M. Parant d’analyser : « demander l’annulation ou la restructuration d’une dette envoie systématiquement un signal négatif aux marchés. Les taux d’emprunt deviennent alors extrêmement élevés ». D’ailleurs, les autorités tunisiennes, ajoute-t-il, sont parfaitement conscientes de l’impact d’une telle démarche et n’ont jamais émis aucune demande à la France dans ce sens, « qui préside le Club de Paris et se doit, avant de prendre une décision, se concerter avec les autres membres du club ». Voilà qui est clair !

L’organisation du Sommet de la francophonie, prévu au mois de novembre, à l’île de Djerba, a été un des points focaux de la rencontre. Un sommet dont la réussite aura sans nul doute un impact positif sur l’image du pays, malgré les interrogations et autres contestations que le sommet suscite auprès d’une partie de la classe politique qui s’en est emparée pour en faire un sujet de surenchère.

Ce sommet sera vraisemblablement porteur d’opportunités, s’il coïncide en Tunisie avec la reprise de l’activité touristique et une bonne gestion de la sortie de crise sanitaire. En marge du sommet qui réunira les chefs d’Etat des pays francophones se tiendront des rencontres économiques. «Des opérateurs économiques de l’ensemble des pays francophones seront présents à Djerba », prévoit M. Parant.

La langue française en tant que vecteur d’ouverture

A la suite d’une remarque évoquée par La Presse, portant sur la langue française en tant que vecteur de partage et d’ouverture sur une autre culture et sur le monde, plutôt qu’une langue associée au passé, l’ambassadeur a rappelé que « la langue française n’est pas la propriété des Français. Qu’elle est partagée par près de 300 millions de personnes dans le monde, et que le sommet est organisé par l’OIF. » Sans oublier, fait historique majeur, que la Tunisie est pays fondateur de la Francophonie.

Quant à la question du coût, brandie souvent par les détracteurs du sommet, le diplomate a assuré qu’« on peut faire bien les choses, sans forcément dépenser des sommes considérables. La France a d’ailleurs versé sa contribution».

Cette rencontre avec la presse tunisienne donnera lieu à d’autres, selon notre hôte.  Particulièrement à la veille d’événements importants où la Tunisie et la France seront engagées. Malgré les grandes difficultés que traversent respectivement les deux pays, les relations tuniso-françaises semblent vouloir surmonter les divergences, touchant à l’immigration clandestine, par exemple, pour maintenir le cap.

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