74e édition du festival international du film de Cannes : Retour du cinéma sur La Croisette

Ouverture demain du festival international du film de Cannes à l’ombre de la pandémie du Covid-19. Le plus grand rendez-vous du cinéma mondial se déroulera, dans sa 74e édition, du 6 au 17 juillet, dans des conditions sanitaires très strictes. «Annette» du réalisateur français Léos Carax ouvrira le bal sur La Croisette.

Après l’annulation de la précédente édition en raison de la pandémie du Covid 19, le 74e festival international du film de Cannes, dont la date a été décalée, se tiendra exceptionnellement, cette année, au mois de juillet. Le 7e art est, donc, de retour sur La Croisette avec 61 films dans la sélection officielle dont 24 longs métrages en compétition.

Plusieurs habitués du festival sont, aussi, de retour dans la compétition officielle : Nanni Moretti, détenteur de la Palme d’Or en 2001 pour «La chambre du fils», concourt pour la Palme d’Or avec «Tre Piani». Dans cet opus, le cinéaste italien met en scène une comédie dramatique racontant l’histoire de trois familles vivant dans un même immeuble.

Le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, ayant remporté la récompense suprême en 2010 avec «Uncle Boonmee», poursuit sur sa voie mystique avec «Mémoria», un drame dont l’action se déroule à Bogota. Sean Pen, le réalisateur et acteur américain est, lui, de retour avec un thriller biographique «Flag Day». Tiré d’une histoire vraie, le film brosse le portrait d’une jeune femme qui mène un combat pour guérir les blessures de son passé tout en reconstruisant sa relation avec son père. Le Néerlandais Paul Verhœven, réalisateur du sulfureux thriller «Basic-instinct», interprété par Sharon Stone et Michail Douglas, présente, cette année, «Benedetta», adapté du roman de Judith C Brown, film dont on dit déjà «qu’il secouera La Croisette».

«Tre Piani» du réalisateur italien Nanni Moreti, un habitué de La Croisette

Deux autres coutumiers de Cannes représenteront le cinéma africain dans la compétition officielle : Nabil Ayouch dont le film «Haut et fort» se focalise sur la jeunesse et son désir de vivre, d’écrire et de faire de la musique, le genre rap, en l’occurrence. Ayouch n’est pas à sa première sélection dans la section officielle puisque son long métrage «Les chevaux de Dieu» était en lice, en 2012 dans la section «Un Certain Regard», quatre ans après son film «Much loved», a été programmé à la Quinzaine des réalisateurs. Controversé et ayant suscité la polémique, il a été censuré au Maroc

Le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun concourt, lui, pour la troisième fois en compétition officielle, après «Grisgris» en 2013 et «Un homme qui crie» en 2010 qui, remporté le prix du jury. Dans son dernier-né «Lingui» ou «Le lien», le réalisateur dresse le portrait de plusieurs femmes tchadiennes socialement en détresse.

De son côté, le cinéma français est hyper représenté avec pas moins de 7 films en lice, un record. Parmi les opus des réalisateurs accoutumés du festival citons : «Anette» de Léos Carax qui ouvrira le bal de cette édition, «France» du grand Bruno Dumont, une chronique de la vie frénétique d’une jeune journaliste, star de télévision, prise entre la célébrité et une spirale d’événements qui entraîneront sa chute. «La fracture», une comédie signée Catherine Corsini, «Les Olympiades» de Jacques Audiard, déjà palmé en 2015 avec «Dheepan», et qui propose, ici, une adaptation de la série de bandes dessinées, «Les Intrus» de l’Américain Adrian Tomine.

Le cinéma russe sera présent avec «Peter’s Flu» ou «La fièvre» de Kirill Serebrennikov mettant en scène une déambulation alcoolisée entre rêve et réalité. Le cinéma iranien sera de la fête avec «Un héros» d’Asghar Farhadi, une fable mise en scène dans un style entre drame et thriller. L’auteur de «Une Séparation » et de «Le client» réussira-t-il, à l’image de son aîné le regretté Abbas Kiarostami (Palme d’Or pour «Le goût de la cerise» en 1997), à remporter la récompense suprême ? Wait and see.

Tous ces opus en lice originaires de plusieurs continents et cultures seront appréciés et évalués à leur juste valeur par un jury présidé par Spike Lee. Le réalisateur américain sera entouré de huit jurés majoritairement féminins, Mati Diop, scénariste et réalisatrice sénégalaise dont le premier long métrage «Atlantique» sélectionné il y a deux ans à Cannes a remporté le Grand prix du festival, Mylène Farmer, auteur et interprète franco-canadienne, Maggie Gyllenhaal, réalisatrice et actrice américaine, Jessica Hausner, réalisatrice et scénariste autrichienne, Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice française qui a fait ses débuts à Hollywood dans «Inglorious Basterds» de Quentin Tarantino. Les trois autres jurés sont Kleber Mendonça Filho, réalisateur et producteur brésilien, Tahar Rahim, acteur français révélé il y a plus de dix ans avec «Un Prophète» de Jacques Audiard qui a remporté le grand prix du festival et, enfin, l’acteur Sud-Coréen Song Kang-ho, l’immense interprète de «Parasite», Palme d’Or de Cannes 2019.

«Haut et fort» du réalisateur marocain Nabil Ayouch, l’un des deux films
qui représentent le cinéma africain à Cannes.

Outre les 24 longs métrages de la compétition, la sélection officielle comporte 18 opus programmés dans la section «Un Certain Regard» dont plusieurs sont réalisés par des femmes «Bonne mère» de Hafsia Herzi, «Un monde» de Laura Wandel., «Noche de Fuego» de Tatiana Huezo. Treize autres longs métrages sont proposés dans les sections habituelles du festival entre séances spéciales, séances de minuit et en hors compétition, outre «le cinéma de la plage» où, à la tombée de la nuit, des films du genre classique sont projetés sur un grand écran «pieds dans l’eau» pour le bon plaisir des festivaliers ravis de (re) découvrir en plein air des pépites du cinéma mondial.

Invitée d’honneur de la cérémonie d’ouverture, l’actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster recevra la Palme d’Or d’honneur «qui salue un parcours artistique brillant, une personnalité rare et un engagement discret mais affirmé pour les grands sujets de notre époque», précise le festival dans un communiqué. L’interprète de «Taxi Driver» et «Le silence des agneaux» sera de la partie pour fêter le retour du festival sur La Croisette. La star rejoint, ainsi, «le club fermé» des interprètes qui ont eu l’honneur de recevoir cette récompense : Jane Fonda, Agnès Varda, Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo, Manoel De Oliveira, Alain Delon, Jean Pierre Léaud et Bernardo Bertolucci. L’actrice sera présente à la soirée d’ouverture pour recevoir son trophée. Parmi les nouveautés de cette année, le festival propose la création d’une nouvelle section intitulée «Cannes Premières» qui fera la part belle à des cinéastes confirmés déjà sélectionnés, auparavant, en compétition. Entre autres films programmés citons, «In front of your face» de Hong Sang-Soo, «JFK revisited Through the looking glass» d’Oliver Stone et «Cow» d’Andrea Arnold. Le festival a également annoncé la création d’une section éphémère consacrée aux questions environnementales, une série de mesures sont prévues afin de réduire son empreinte environnementale, dès cette édition estivale, et de s’engager pour la préservation de l’environnement.

Projections, conférences de presse, leçon de cinéma, rencontres et débats, marché du film, animeront La Croisette durant deux semaines, pour le plus grand bonheur de milliers de festivaliers, de professionnels et d’amoureux du 7e art. Enfin, c’est le film français, «OSS 117, alerte rouge en Afrique noire» de Nicolas Bedos et avec Jean Dujardin et Pierre Niney qui clôturera, après la proclamation du palmarès, cette 74e édition. Que la fête mondiale du cinéma commence !

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