Kairouan : El Ala s’accroche à sa terre

Dans le gouvernorat de Kairouan, un large pan de la Tunisie en lutte contre la pauvreté s’offre au regard. Pour peu qu’on prête l’attention nécessaire et qu’on emprunte les chemins escarpés des différentes délégations, dont El Ala située à 60 km de Kairouan et occupant une superficie de 56.000 ha. Créée en 1976, cette délégation comprend huit imadas, à savoir El Ala-Centre, El Gtar, Aouled Achour, Messaïd, Massiouta, Sayada-Nord, Sayada Sud et Traza. L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités des habitants.

Dans le gouvernorat de Kairouan, un large pan de la Tunisie en lutte contre la pauvreté s’offre au regard. Pour peu qu’on prête l’attention nécessaire et qu’on emprunte les chemins escarpés des différentes délégations, dont El Ala située à 60 km de Kairouan et occupant une superficie de 56.000 ha.
Créée en 1976, cette délégation comprend huit imadas, à savoir El Ala-Centre, El Gtar, Aouled Achour, Messaïd, Massiouta, Sayada-Nord, Sayada Sud et Traza.
L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités des habitants.
Jadis, les Romains avaient choisi El Ala pour la fertilité de son sol et y avaient introduit la culture de l’olivier dont le nombre de pieds dépasse les 350.000 qui font la fierté de cette région et dont la qualité de l’huile attire un grand nombre de consommateurs.
Belgacem J., propriétaire d’une oliveraie héritée de son père, consacre une petite partie de sa production annuelle pour extraire de l’huile «ennoudhouh» prisée pour ses vertus curatives et son goût légèrement piquant : «Cette huile est extraite manuellement, sans l’aide de presse ni de centrifugeuse. Ainsi, on procède tout d’abord au moulage des olives à l’aide de moules tournants. Et après le malaxage de la pâte on met le mélange dans un bassin au milieu duquel on creuse une sorte de cuve où l’huile ruisselle lentement de tout bord, la remplissant après un certain temps! Une fois la cuve pleine, on la vide à l’aide d’une louche et on met ensuite l’huile recueillie dans des jarres…», nous précise-t-il.
Par ailleurs, cette délégation est réputée pour le goût exquis de ses figues de Barbarie qui se trouvent dans toutes les imadas. En 2003, on a introduit des parcelles de démonstration de cactus inermes, sans épines en irrigué, sur une superficie de 10 ha destinés à la culture des figues de Barbarie à l’aspect épanoui.
Ali R., fellah à Imadat Messaïa, a entamé cette expérience sur un demi-hectare avec le système goutte-àgoutte. Le reste de sa parcelle de terre est réservé aux cultures maraîchères et arboricoles menées en irrigué.
Toujours à El Ala, d’autres agriculteurs ont introduit depuis une décennie les figues de Barbarie d’arrièresaison «mokhsi», qu’on peut consommer non seulement en été, mais aussi en automne.

En parcourant la délégation

Plus de quatre kilomètres séparent imadat Traza d’El Ala-Centre. La piste bordée de cactus est plutôt difficile. De plus, il faisait chaud et quelques lambeaux de nuages se profilaient dans un ciel étonnamment bleu. Cette imada, dont le nombre d’habitants s’élève à 8.000, s’étend sur une importante superficie et comprend une école primaire, un dispensaire, une petite mosquée, des terres agricoles et forestières, des parcours protégés et plusieurs agglomérations.
D’autre part, la zone de Traza a été pour nous une révélation : plaines et zones montagneuses, collines aux pentes douces, sources dissimulées au milieu des rochers, villages entourés de cactus, d’oliviers et d’amandiers, une ancienne huilerie abandonnée, quelques petits oueds bien discrets et un vieux hammam situé au beau milieu du djebel. Il s’agit, nous dit-on, d’une vaste grotte qui dégage une vapeur pour le traitement des rhumatismes et des maladies respiratoires, mais qui mérite d’être mieux entretenue.
Bref, des paysages divers qui sont, en quelque sorte, le symbole du dépassement et de l’espace vaincu.
Sur les sommets des hautes montagnes de Traza, il existe aussi le relais de la Radio et de la Télévision tunisiennes. Néanmoins, les villageois souffrent de la précarité, de la soif et du taux élevé du chômage. C’est pourquoi, beaucoup d’entre eux ont choisi l’exode vers la côte tunisienne à la recherche d’emplois stables.
Les femmes, de leur côté, passent leur temps à travailler la terre, à s’occuper des animaux, à chercher le bois ou l’eau.
Beaucoup de jeunes filles, que nous avons rencontrées à la source d’El Saâdlia, nous ont dit que leur point de rencontre et leur contact avec le monde, c’est cette source. C’est ici qu’elles viennent puiser l’eau, laver le linge et aussi discuter de leurs espoirs et de leurs différents problèmes.
Un marchand ambulant, à dos d’âne, est venu proposer des produits dont raffolent les femmes : du tissu, du souak, du khôl, du thé et du louben.
On a pu assister à de longues scènes de marchandage. Une heure plus tard, les filles quittent les lieux pour rejoindre leurs domiciles le cou et le dos ankylosés sous le poids de leurs jarres d’eau.

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