
Les économistes et tous ceux qui suivent la situation socioéconomique de notre pays ne cessent de déclarer que l’investissement demeure le principal facteur du développement économique.
Le problème majeur des jeunes promoteurs n’est autre que le manque d’informations sur les lois se rapportant aux procédures d’investissement ainsi que sur les avantages financiers et fiscaux s’y rapportant. L’on cite par exemple la prime d’investissement octroyée aux nouveaux promoteurs après la réalisation de leurs projets, pouvant atteindre 30% du coût de l’entreprise créée, spécialement celle se rapportant au développement régional. Cette prime est non remboursable selon le décret No 2017-390 du 9 mars 2017.
A ce sujet, M. Slim Kaâbi, manager du bureau RAI, nous a confié que «la majorité des nouveaux promoteurs ignore les démarches nécessaires pour la création d’une entreprise industrielle, lesquelles pourraient être fournies par une institution qui réunit les divers intervenants dans un même lieu, assumant le rôle du guichet unique. Cette institution n’est autre que la “Maison de l’investisseur” qui sera créée dans le proche avenir».
Des secteurs porteurs
Cette institution orientera et assistera le nouveau promoteur aux diverses étapes de création d’une entreprise (primo : l’étude du projet, secundo : le financement et tertio : l’exploitation).
Une nomenclature a été établie pour mettre en avant les secteurs économiques à choisir. Cette liste fait ressortir plusieurs secteurs, à savoir l’agriculture (culture des légumes, des olives, des arbres fruitiers, l’élevage d’animaux, la pêche maritime) et l’industrie manufacturière. L’industrie se rapportant à huit secteurs, à savoir l’industrie alimentaire (fabrication de boissons, d’huile, de la confiture, du lait, du fromage, du thé et du sucre), l’habillement et le textile (cuir et chaussures, maroquinerie, articles de voyage), l’industrie du papier et du carton (articles scolaires, imprimeries, journaux, emballage), l’industrie des meubles ménagers et bureautiques, l’industrie pharmaceutique, l’industrie électrique et électronique, l’industrie des instruments de musique, de sport et de jouets et des industries diverses (traitement des déchets, fabrication de carrelage, de briques et d’articles métalliques). En outre, le jeune promoteur peut investir dans le secteur culturel, à savoir les arts du spectacle, dont le théâtre et le cinéma, la gestion des espaces culturels (musées, monuments historiques…).
Huit centres techniques sectoriels
Il est important de préciser que huit centres techniques sectoriels peuvent conseiller tout opérateur car ils disposent d’un important capital de compétences ainsi que des laboratoires d’essais et d’analyses. Leurs prestations concernent la formation, l’assistance, la promotion, les analyses, les essais, l’expertise technique et la veille technologique.
Ces centres sont spécialisés dans huit secteurs, à savoir le textile (Centre technique du textile-Cettex), le cuir et les chaussures (Centre national du cuir et de la chaussure-Cncc), l’emballage et le conditionnement (Centre technique de l’emballage et du conditionnement-Packtec), les matériaux de construction (Centre technique des matériaux de construction, de la céramique et du verre-Ctmccv), l’agro-alimentaire (Centre technique de l’agroalimentaire-Ctaa), la chimie (Centre technique de la chimie-CTC), l’industrie du bois (Centre technique de l’industrie du bois et de l’ameublement-Cetiba) et les industries mécaniques (Centre technique des industries mécaniques et électriques-Cetime). Ces centres sont regroupés dans une association dite Association des centres techniques industriels tunisiens (Actit), dont le site est le www.actit.com.tn.
Renforcer les ressources humaines des centres
Depuis leur création, les centres techniques jouent un grand rôle en contribuant au développement du tissu industriel tunisien. Il est donc important de développer leur rôle et de renforcer leurs ressources humaines qui offrent aux entreprises un nombre important d’analyses et d’essais, des prestations et une assistance technique considérables. Il est par ailleurs impératif de se pencher sur leur avenir pour plusieurs raisons, notamment le modèle dynamique et réussi de partenariat public-privé qu’ils illustrent, les compétences multiples et considérables, véritable capital de ressources humaines qu’ils recèlent et qui constituent la principale force de l’industrie tunisienne. Les centres techniques sectoriels sont au cœur de cette grande mutation économique et technologique que l’industrie tunisienne doit réussir.
Les centres techniques ont un rôle important à jouer dans cette vision et nécessitent une réforme aussi bien de leur cadre juridique qu’organisationnel. En effet, la loi de 1994 qui a instauré une gestion en PPP pour ces centres a été quelque peu battue en brèche par le décret de 1995 qui a instauré une domination administrative de ces centres. De ce fait, l’organisation et les statuts inappropriés de ces centres ne permettent pas leur plein développement et le temps est venu, aujourd’hui, pour engager une réforme de l’organisation administrative de ces centres afin de leur permettre de contribuer plus efficacement au projet national de développement.
M. Kaâbi a remarqué que toutes les institutions, à savoir les banques, l’Institut national de la statistique, les Centres techniques sectoriels, le Commissariat général au développement régional, la Société tunisienne de garantie (Sotugar), la Compagnie tunisienne pour l’assurance du commerce extérieur (Cotunace), le Centre de promotion des exportations (Cepex) ainsi que l’unité d’encadrement des investisseurs exerçant dans chaque gouvernorat (unité créée selon le décret N°2014-4516 du 22-12-2014), doivent unir leurs efforts pour réussir la création de projets innovants par les jeunes promoteurs.
Loi 72 et position géostratégique de la Tunisie
M.Kaâbi a signalé aussi que la loi 72 concernant la sous-traitante dans le domaine industriel en faveur des entreprises étrangères permet de réduire le taux de chômage chez les jeunes. De même que la position géostratégique de la Tunisie pourrait être une motivation pour l’augmentation de la production et la dynamisation des échanges commerciaux entre les deux rives nord et sud de la Méditerranée.