L’investissement, principal moteur de la croissance, continue à être affecté par l’attentisme, résultat des incertitudes quant à l’issue de la période transitoire et des mesures exceptionnelles prises sur le plan politique. De même, les statistiques en disent long sur les entraves à l’investissement et sur les lenteurs administratives dans le traitement des dossiers qui persistent encore et toujours au moment où le discours officiel insiste sur la relance économique, d’autant que les besoins en nouveaux postes d’emploi sont de plus en plus importants.
Les perspectives pour les prochains mois risquent aussi d’être plus difficiles avec l’apparition de la 5e vague du coronavirus qui frappe actuellement plusieurs pays, essentiellement en Europe, et qui risque de s’étendre à d’autres pays.
Les indicateurs de la perception du climat des affaires et d’investissement fournis montrent que les Investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré une baisse de 2 % au cours du troisième trimestre de 2021. Le flux des investissements internationaux se ramenant à 1.383 MD, durant les neuf premiers mois de l’année 2021, contre 1.411 MD, au cours de la même période de l’année 2020.
Des contraintes qui persistent
La perception des chefs d’entreprise sur les procédures administratives portent toujours sur les mêmes types de procédures : celles liées à la douane, à l’administration fiscale, à l’administration de la Cnss et aux autres formalités administratives. Ce sont les mêmes et principales contraintes identifiées auxquelles se heurtent les entreprises dans l’exercice de leurs activités en Tunisie.
Le cabinet EY vient de dévoiler, en octobre 2021, les résultats de son baromètre annuel des entreprise en Tunisie. Selon les chiffres présentés, les chefs d’entreprises ne sont pas optimistes. En effet, 69% des chefs d’entreprise considèrent la situation économique du pays mauvaise. Ce taux est également en hausse en comparaison à l’année 2020 où il a été de 41%. De plus, 43% des interrogés estiment que la situation économique et sociale connaît une forte dégradation. L’enquête de l’année précédente a révélé un taux de 21%, soit une évolution considérable. En revanche, 33% des chefs d’entreprise estiment que la situation économique et sociale s’améliore sensiblement.
Par ailleurs, s’agissant du climat d’investissement, 41% des interrogés considèrent qu’il est en forte dégradation, contre 18% seulement l’année précédente. En outre, le baromètre d’EY a révélé que 63% des chefs d’entreprise estiment que leurs activités économiques pourraient être menacées sur un terme de deux ans dans le cas où la conjoncture n’évoluerait pas.
La stabilité politique : facteur déterminant
Par ailleurs, et dans son sondage annuel, la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie affirme que les entreprises sont sérieusement impactées par la crise sanitaire actuelle, mais modérément optimistes.
Pour la grande majorité des entreprises adhérentes à la Ctfci, « les effets de la 3e vague du covid-19 que le pays a connue au courant des mois de juin et juillet dernier, ont été sévères, impactant significativement, au cours des huit premiers mois de 2021, aussi bien leur activité (chiffre d’affaires) que leurs ressources humaines. Même si les effets de la pandémie sont différenciés d’une entreprise à une autre et d’un secteur à un autre, sa virulence n’a pu être amortie par les mesures gouvernementales jugées insuffisantes et inappropriées ». En dépit de ce constat, environ 80% des chefs d’entreprise affichent un optimisme mesuré s’agissant des perspectives 2022 et 2/3 soutiennent que l’amélioration de la situation politique constitue un facteur déterminent pour la restauration de la confiance et de l’impulsion de l’investissement.
À cet effet, les résultats du sondage réalisé par la Ctfci au courant de la première quinzaine du mois de septembre 2021 sur un échantillon de 134 entreprises adhérentes, dont 70 totalement exportatrices à participation française opérant essentiellement dans les secteurs industriel et services, donnent un éclairage significatif sur la gestion par les chefs d’entreprise de la crise sanitaire, ses effets induits sur leur activité ainsi que leurs projections pour 2022.
S’agissant de l’impact du covid-19 sur le taux de baisse de l’activité des entreprises (chiffre d’affaires), les résultats obtenus font ressortir de grandes disparités qui sont inhérentes aux secteurs. 56,9% des entreprises (74) déclarent une baisse d’activité oscillant entre 0 et 30%, 15,4% accusent une forte baisse allant de 40 à +60% et presque le tiers, à savoir 27,7%, estime qu’ils n’ont pas enregistré de baisse au niveau de leur activité.
Pour ce qui concerne l’Impact de la pandémie sur l’emploi, les réponses ont fait apparaitre deux grandes tendances. La première révèle que 51,1% des entreprises (68) ne déclarent aucune réduction de leurs effectifs. La seconde montre que plus du tiers des entreprises, soit 36,1%, ont été contraintes à des réductions de 10 à 20% de leurs effectifs.
Concernant les perspectives 2022, les chefs d’entreprise affichent un certain optimisme. 78,4% s’attendent soit à une amélioration, soit à une stabilisation de leur situation, et 12,7% affichent un certain pessimisme s’attendant à une détérioration de leur situation.
Le sondage indique que pour 2/3 des chefs d’entreprise, « l’amélioration de la situation politique dans le pays constitue un facteur déterminant pour l’impulsion de l’investissement, l’autre tiers souligne que le facteur politique à lui seul ne constitue pas un facteur suffisant pour la relance de l’investissement et le renforcement de la confiance des opérateurs ».
Dans le même contexte, l’enquête annuelle de l‘AHK Tunisie ainsi que celle de l’AHK World Business Outlook menée auprès des entreprises membres des Chambres de commerce allemandes à l’étranger, des délégations et des bureaux de représentation (AHK), indiquent que, malgré de nombreux défis, un vent d’optimisme souffle pour cette fin d’année 2021. « La situation économique des sociétés membres semble se redresser petit à petit. Une nette amélioration est enregistrée par rapport à 2020 », révèle l’enquête.
Les résultats de l’enquête montrent que plus de 75% des entreprises membres maintiennent leurs dépenses d’investissement ou prévoient même une augmentation. 90% des entreprises prévoient de maintenir ou même d’augmenter le nombre de leurs employés.
« Uniquement une minorité des entreprises croit en une amélioration du développement économique en 2022. Les risques qui planent sur le développement économique des entreprises restent multiples. Les relations avec la douane, les ministères et la banque centrale sont considérées comme difficiles pour les entreprises membres », dévoile l’enquête.