Enseignement et nouvelles technologies: Est-on encore loin du compte ?

On a trop parlé de nouvelles technologies et d’enseignement à distance. Mais, apparemment, on est encore très loin de réaliser cet objectif. Chaque jour qui passe nous en éloigne encore plus. La pandémie du covid aurait pu accélérer le processus, mais c’est plutôt le contraire qui est en train de se passer.


Alors que dans de nombreux pays, on compte de plus en plus sur l’apport des nouvelles technologies et des supports numériques en matière d’enseignement, nous constatons, malheureusement, que tout va dans le sens inverse chez nous. En effet, on ne voit rien qui soit de nature à donner espoir que l’on se dirige vers une politique éducative de modernisation des moyens et des méthodes d’enseignement. Tous les signes et tous les indices vont au contraire dans le sens de l’immobilisme.

Des défis au quotidien 

Même quand on nous parle d’un événement nouveau relatif aux nouvelles technologies, c’est pour découvrir les insuffisances et l’impréparation qui l’accompagnent. 

De nombreux exemples peuvent être cités pour illustrer nos propos. Il suffit, justement, de consulter le forum aux questions (faq) de chaque site éducatif tunisien pour se faire une idée sur le désenchantement et les déceptions des visiteurs. Ils notent tous qu’ils n’ont pas eu satisfaction et qu’ils n’ont pas trouvé réponse à leur demande en dépit des nombreuses tentatives et en dépit de l’adoption de toutes les démarches exigées. 

Des sites existent pour tous les établissements scolaires (niveau primaire, du moins), mais ils ne sont pas exploités. On annonce des plateformes au profit des enseignants qui veulent proposer des travaux et des leçons, mais qui ne sont pas opérationnelles…

Il n’y a qu’à lire les remarques des internautes pour comprendre leur désarroi devant ces sites muets et qui, très souvent, ne sont pas à jour.

Ainsi, au lieu d’aller toujours de l’avant pour rejoindre les pays qui ont enregistré de vraies percées dans les domaines des nouvelles technologies et en raison des incessantes ingérences d’innombrables parties dans la restructuration du système, il a été impossible de bouger. Aujourd’hui, on n’hésite pas à dire qu’on est dans l’impasse. Ajoutons à cela les difficultés matérielles et en ressources humaines et on comprendra mieux le malaise. 

Ce malaise se confirme chaque jour un peu plus et confronte l’école à de nouveaux défis les uns plus complexes que les autres. En effet, les autorités sont, actuellement, dans l’expectative. La situation sanitaire étant ce qu’elle est, on est resté, quasiment, sans réaction. D’un côté, il y a une forte pression pour que l’on suspende, momentanément, les cours ou à tout le moins qu’on en revoie leur répartition. De l’autre, on reste incapable d’engager un apprentissage à distance avec l’aide des moyens disponibles en la matière.

Tirer le niveau vers le haut 

Et, c’est là le fond du problème.

Est-on vraiment capable d’assurer un tel mode d’enseignement en utilisant les moyens modernes que nous offrent les technologies ? Aux dires de certains (et notamment, les syndicats) on ne peut rien faire dans ce sens sans risquer de porter préjudice à certaines catégories sociales “marginalisées”. Le recours à ces moyens développés serait de nature à creuser le fossé entre les régions et les élèves de condition modeste.

Si l’on s’en tient à ce raisonnement, il nous faudra, encore, des lustres pour rattraper le temps perdu. 

Par contre, personne ne propose de solutions pertinentes ou des suggestions réalistes susceptibles de faire évoluer la situation et non de bloquer la marche. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas possible de généraliser un enseignement à la page qu’on doit mettre des obstacles devant des établissements qui sont capables de s’adapter et de mettre en pratique un enseignement moderne. Ces gens qui versent des larmes de crocodile pour les régions dites défavorisées doivent savoir qu’ils n’ont pas le droit de priver ces régions des opportunités qui, en réalité, les aideraient à sortir de cette “marginalisation”. Ce sont, effectivement, ces comportements qui contribuent à laisser ces régions dans un immobilisme constant permettant à ces “défenseurs” des pauvres de prospérer dans un climat de sous-développement et de misère. Leur but est de maintenir le pays dans l’ignorance et dans l’insuffisance. Au lieu de tirer les niveaux vers le haut, ils font, exactement, l’inverse.

Or, notre pays a besoin d’accélérer le rythme de sa marche vers le savoir et les sciences et non de stagner.

200.000 tablettes pour 2015-2016 !!!

Pour sa part, le ministère de l’Education n’a rien fait pour s’affirmer en empruntant une politique de modernisation. Tout, pour le moment, est effet d’annonce. Rien de concret. On nous avait annoncé qu’au cours de la rentrée scolaire 2015-2016, pas moins de 200.000 tablettes seraient distribuées dans les écoles primaires. C’était un haut responsable du ministère qui nous l’avait, alors, assuré. Notre article, publié le 3 juin 2015, l’atteste.

Qu’en a-t-il été ?

La réalité sur terrain montre qu’il y a, encore, beaucoup de chemin à faire si on cherche, réellement, à améliorer les performances de nos élèves et de nos établissements.

L’état du parc des ordinateurs est à revoir de façon sérieuse. La connexion en haut débit des institutions non encore raccordées doit être une priorité. En outre, la formation des enseignants ne doit pas, non plus, rester lettre morte. De  même, il faudrait inciter ces enseignants et les motiver matériellement à produire des ressources numériques pertinentes et en plus grand nombre.

On sait qu’il existe suffisamment de professeurs capables d’apporter des contributions précieuses et d’enrichir la future bibliothèque virtuelle.

Il ne faut pas, par ailleurs, oublier l’apport de la récente télévision scolaire. Celle-ci pourrait, à moyen terme, contribuer à trouver des solutions au télé-enseignement. Certes, une solution pratique reste à chercher en combinaison avec les outils des nouvelles technologies.

Il n’est pas logique d’invoquer, à chaque occasion, l’incapacité de certaines régions de l’intérieur pour bloquer les régions qui n’attendent qu’un signal pour s’envoler. Ce serait un crime de leur couper les ailes sous des prétextes fallacieux d’égalité des chances et de “justice” entre les régions.

Le meilleur moyen pour venir en aide aux zones “d’exclusion”, c’est de les laisser s’exprimer et en cessant de les marginaliser en les qualifiant, de jour comme de nuit, de marginalisées.

Il y a, forcément, des gens bien intentionnés. Mais il y en a d’autres qui en ont fait un fonds de commerce politique.

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