Festivals et marchés du film: Tremplins incontournables

L’importance des festivals de cinéma, dont notamment les plus prestigieux, se mesure non seulement à la richesse, la variété et la qualité de leur programme et de leur sélection officielle, mais aussi à l’existence d’un grand marché du film. Et c’est le cas du festival de Cannes, dont le marché du film, qui a fêté cette année son 60e anniversaire, a attiré plus de 12.000 professionnels du cinéma mondial. Qu’en est-il de la présence tunisienne à ce rendez-vous international, tremplin incontournable? Le détail.


Le marché du film de Cannes, qui rassemble chaque année sur la Croisette, au sous-sol du «Palais du festival», des milliers de professionnels entre producteurs, distributeurs, investisseurs, programmateurs de festivals venant de plus d’une centaine de pays du monde, a fêté, cette année, ses 60 ans.

Créé, lors du Festival international du film de Cannes en 1959, le marché du film a débuté, de manière informelle, avec une dizaine de participants et une seule salle de projection d’une vingtaine de places. Mais l’enthousiasme des professionnels ne s’est pas fait attendre, car ils étaient de plus en plus nombreux à se rencontrer autour de la vente et de l’acquisition des droits et des œuvres originaires du monde entier.

Producteurs, distributeurs et vendeurs internationaux ont commencé d’abord par louer des salles de cinéma à Cannes, avant que le marché du film n’intègre, ensuite dans les années 70, officiellement le festival. Depuis, ce rendez-vous international s’est développé de façon titanesque. A preuve, les chiffres impressionnants enregistrés en 2018 où 12.411 professionnels, venus de l’ensemble de la planète, ont assisté aux 15.000 séances de projection de 3.000 films proposés dans 33 salles.

La Chine et l’Allemagne caracolent en tête des délégations avec une participation en hausse de 22% pour la première, soit 700 participants, et de 15% pour la seconde, soit 600 participants. Ce nombre record de participants confirme la place de premier marché mondial du film avec une augmentation de 23% de  professionnels qui ont vendu près de 4.000 films durant cette 60e édition du marché du film.

Plusieurs nouveautés ont marqué ce gigantesque rassemblement de professionnels : «Une plateforme orientée B2B qui réunit l’ensemble des acteurs de la création utilisant les technologies de la réalité virtuelle.

Le film d’animation a été, également, à l’honneur : le 19 mai, une journée a été entièrement dédiée à l’animation en collaboration avec le festival d’Annecy baptisée «Animation Day» où cinq films  en cours de développement ont été présentés.

Enfin, une table ronde autour de la distribution du film d’animation pour adultes s’est déroulée en présence de nombreux professionnels.

En 60 ans, le marché du film est devenu indispensable et inévitable. «Véritable poumon de l’industrie mondiale du cinéma, ce rassemblement annuel attire de plus en plus de pays en raison de la variété des contenus et des genres proposés entre action, drame, comédie, horreur, thriller et autres.

C’est pourquoi, chaque année, le marché du film accueille de nouveaux participants, l’Arabie saoudite et la Palestine ayant participé en 2019, pour la première fois, à ce rendez-vous international.

La Tunisie brille par son absence
Du temps de l’ex-Satpec, notamment au cours des années 80, la participation tunisienne était régulière et sérieuse : «Il faut dire qu’on mettait le paquet pour participer au marché du film de Cannes, notre stand occupait une place centrale et était bien fourni en catalogues, dépliants, affiches de films, etc. Ce qui a servi réellement notre cinéma, puisque quelques films ont été vendus», affirme Neïla Gharbi, attachée de presse de l’ex-Satpec.

Mais depuis, la Tunisie n’a plus participé à ce marché à l’exception de l’année 2014.

L’un des plus grands handicaps à la participation tunisienne étant l’absence de numérisation de notre patrimoine filmique.

Signalons, également, quelques participations sporadiques et individuelles de quelques producteurs privés.

Or, c’est dans ce temple de l’industrie cinématographique que tout se crée, s’entreprend, s’achète et se vend. Louer un pavillon au sein du village international, juste dans le but de promouvoir quelques-uns de nos festivals, dont les JCC, et de signer quelques accords n’est pas suffisant afin de saisir toutes les opportunités nécessaires et vitales au développement et à la visibilité du cinéma tunisien.

Car, c’est bel et bien au sein du marché du film que s’offrent les réelles occasions de financement et de finalisation des films. Puisque des centaines de films non entièrement financés ont pu être bouclés financièrement et finalisés grâce à l’apport de distributeurs séduits et conquis après avoir visionné des «trailers», de quelques minutes de ces films.

Le cinéma est, certes, un art, mais aussi une industrie et qui dit industrie, dit marché indispensable à la vitalité et à la viabilité de toute production cinématographique.

C’est pourquoi il est désormais plus efficace de miser sur la participation de notre pays à cette gigantesque et incontournable plateforme mondiale de production et de diffusion cinématographique.

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