Alors que les juges ou les magistrats peuvent exercer le métier d’avocat après leur départ à la retraite et même avant, les autres fonctionnaires de l’Etat sont privés de tout privilège. Les lois en vigueur sont nécessairement à revoir et à réadapter aux nouvelles exigences.
La retraite telle qu’elle existe, aujourd’hui, signifie tout simplement la fin définitive d’un parcours de vie. Or, les évolutions enregistrées partout militent dans le sens d’un changement de mentalité et du cadre juridique régissant la fonction publique et le domaine du travail en général.
Au service de la patrie
L’exclusion systématique de nos seniors de toute participation à la vie publique ou leur auto-exclusion du fait des réglementations ne peuvent entraîner que des conséquences négatives.
De par leur longue expérience, les personnes âgées, à la retraite, sont capables d’apporter leurs contributions efficaces dans tous les domaines. On est sûr qu’ils seront nombreux à répondre à l’appel de la patrie au moindre signe.
C’est ainsi qu’on est convaincu, à l’avance, que, parmi près d’un million et demi de retraités que compte la Tunisie, il existe des dizaines de milliers de compétences et de potentialités irréprochables et indubitables. De même, il est certain que beaucoup d’entre eux se sentent lésés d’être mis à l’écart de toute activité à cause d’une législation dépassée par les événements.
En attendant de tout revoir dans le sens d’une réforme des restrictions imposées à ces ressources inépuisables réduites à l’inactivité, il est plus que nécessaire d’ouvrir la voie à ces forces vives qui ne demandent qu’à continuer à servir leur pays. Il n’est pas vrai qu’ils menacent l’emploi des jeunes.
Un cadre législatif approprié pourrait les aider à participer aux efforts visant à sortir la Tunisie des graves difficultés dans lesquelles elle se débat. Aujourd’hui, il est vrai que le problème primordial est celui de la lutte contre la corruption et les spéculateurs et d’affronter tous les autres dangers.
Sur ce point, justement, les bénévoles seront nombreux à prêter main forte aux agents engagés dans cette opération. D’anciens douaniers ou des cadres dans les recettes ou dans d’autres spécialités relevant de divers domaines auront un apport certain, particulièrement en matière d’impôts, de fiscalité ou d’évasion fiscale. En tant que vieux routiers dans leur spécialité, ils sont capables d’épauler leurs collègues actifs en leur fournissant les différentes astuces ou les tuyaux nécessaires susceptibles de les aider à s’acquitter au mieux de leurs tâches.
Aucune hésitation n’est permise
A l’inverse de leurs collègues actifs, ils n’ont rien à craindre pour leur carrière professionnelle. Ils ne sont pas vulnérables aux menaces que subissent, aujourd’hui, les lanceurs d’alertes.
Une preuve de l’opportunité qu’il y a à recourir à ces compétences mises à la retraite, c’est la composition du nouveau conseil supérieur de la magistrature. N’y a t-on pas incorporé des magistrats retraités ?
Cette orientation pourrait être étendue aux secteurs participant à la lutte contre la corruption et la spéculation. Il suffit d’une véritable volonté politique pour que la mission soit remplie. La Tunisie a besoin, plus qu’avant, de tous ses enfants et, notamment, ceux qui peuvent être opérationnels et, en même temps, efficaces.
Ces atouts sont là et à moindre coût. Sans vouloir offenser nos seniors, qui ne sont pas une marchandise. Ce sont eux qui vont ajouter la plus-value qui manque au travail entrepris.
Notre conviction est grande que l’implication de cette catégorie de nos ressources humaines dans cette opération de sauvetage de notre économie ne peut être que salutaire. L’heure, comme on dit, est grave. Ce qui ne nous donne pas le droit d’hésiter.