Accueil Actualités Troisième forum annuel de Réalités : La politique des prix des médicaments pèse lourd sur le portefeuille des Tunisiens…

Troisième forum annuel de Réalités : La politique des prix des médicaments pèse lourd sur le portefeuille des Tunisiens…

Le seul secteur ayant continué à investir en Tunisie est l’industrie pharmaceutique, et ce, malgré une crise qui subsiste depuis une dizaine d’années.

Le Forum Médical de Réalités, en partenariat avec l’Association tunisienne des médicaments génériques (atmg), a été organisé les 25 et 26 mars dernier, son troisième colloque annuel intitulé : « Industrie pharmaceutique tunisienne : quels enseignements de la crise Covid-19? » dont plusieurs problématiques ont été évoquées, lors du débat.

Dans ce contexte, Taïeb Zahar, président du Forum Médical de Réalités, a précisé que « cela fait plus de vingt années que Réalités a accordé un grand intérêt  et s’est engagée pour les questions de santé. Rien que depuis 2004, pas moins de six rencontres ont été consacrées à la question des médicaments. Aujourd’hui, dans le droit fil de ce qui est devenu pour nous une tradition, nous sommes réunis pour débattre, encore une fois, de l’industrie pharmaceutique et pour évaluer le chemin parcouru par ce secteur depuis notre premier Forum en  partenariat avec l’atmg en 2018 et la mise en œuvre des recommandations et propositions soumises aux autorités concernées. Le format de notre forum est aujourd’hui assez particulier. Industriels, ministères concernés par le secteur. L’occasion nous est offerte, aujourd’hui, pour répondre à cette question pour pouvoir avancer et fixer des objectifs nouveaux à un secteur vital. Ce secteur qui constitue l’un des fleurons de notre industrie nationale peut faire plus et mieux. II peut contribuer à assurer une meilleure couverture sanitaire rendant le pays moins tributaire de l’importation et peut même être une source importante de rentrée de devises en exportant le médicament made in Tunisia vers l’Afrique et même vers l’Europe et l’Amérique. II suffit pour cela de créer un environnement favorable à son développement. Ce secteur continue de croître et d’investir en Tunisie,  Et c’est sans compter les autres obstacles qui se dressent devant le développement de cette industrie dont la lourdeur de l’administration, l’instabilité politique, les changements fréquents à la tête du département de la santé, la crise économique et les tensions sociales qui ont largement contribué à cette situation de crise ».  Zahar a ajouté : « Nous avons entendu des promesses qui ont été formulées depuis juin 2018, date à laquelle le premier forum de Réalités sur l’industrie pharmaceutique a été organisé. Aucune promesse n’a été tenue, à ce jour, notamment en ce qui concerne les délais d’octroi des AMM qui soulignent l’ampleur du blocage. Aujourd’hui il est demandé à l’administration d’être un accélérateur du développement de l’industrie pharmaceutique. Il ne faut pas oublier que cette même administration était pionnière en la matière suite à la mise en place de la DPM (Direction de la Pharmacie et du Médicament). Sauf que, actuellement, l’organe administratif régissant le secteur pharmaceutique est fragmenté et nécessite une restructuration pour moderniser le système de santé tunisien. Nous devons avoir la volonté de réformer et de changer, à l’instar de l’Algérie et de la Jordanie qui ont accéléré la mise en place de l’agence nationale du médicament. La mise en place d’une telle agence s’impose donc. Son rôle consistera à mettre en place une stratégie nationale pour le médicament. Notre pays, la Tunisie, fait partie des pays africains qui peuvent se doter d’une industrie pharmaceutique développée et à haute valeur ajoutée. Le choix de notre pays pour être un centre de fabrication de vaccins en est l’illustration parfaite ». Il a, par ailleurs, révélé qu’il est encore temps de sauver ce fleuron de l’économie nationale et de préserver ce secteur souverain, mais à condition que les pouvoirs publics en expriment la volonté. Le plus important est qu’il y ait une réelle volonté politique d’agir dans ce sens et que l’administration tunisienne parvienne  à trouver des solutions efficaces pour protéger, encourager et développer l’industrie pharmaceutique nationale. Pour ce faire, nous avons besoin de décideurs qui prennent de bonnes décisions et non de ministres qui ne font que passer, sans avoir le temps de cerner les problèmes.

Les leçons à retenir

De son côté, Riadh Daghfous, directeur général du Centre National de Pharmacovigilance, a mentionné que la première leçon qu’on doit tirer de cette pandémie Covid-19 est qu’on doit compter sur nous-mêmes dans le domaine pharmaceutique. L’industrie pharmaceutique tunisienne a été à la hauteur de l’événement durant cette période, et a continué à fonctionner normalement et à répondre aux besoins de nos citoyens en médicaments essentiels.

« Depuis quelque temps, nos industriels du médicament se sont plaints des délais de l’octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour les médicaments, qu’ils  jugent assez longs. L’octroi de l’AMM des médicaments nécessite l’évaluation de leur qualité, efficacité et sécurité, par des structures du médicament et des experts tunisiens très performants. Pour les génériques, le contrôle de la qualité est la principale étape de leur évaluation. Celle-ci prend assez souvent beaucoup de temps et cela est à l’origine d’un retard de l’AMM et donc de la commercialisation de ces médicaments. Plusieurs solutions peuvent être proposées pour raccourcir ces délais tels qu’un contrôle après commercialisation et surtout la création d’une agence tunisienne du médicament qui permet une autonomie de gestion et ainsi un recrutement de personnel suffisant pour bien gérer le contrôle de qualité d’un nombre de médicaments, de plus en plus important. Cette agence doit permettre une bonne coordination entre les structures existantes et, avant tout, remédier aux insuffisances du système actuel. Il ne s’agit pas de copier un modèle occidental ou autre non adapté à nos besoins. Par ailleurs, nous avons mis en place une unité de bioéquivalence au sein du Centre national de pharmacovigilance, la première en Tunisie, et on va bientôt entamer notre première étude. J’espère que ça ouvrirait la porte à d’autres centres de bioéquivalence, surtout chez les privés afin de permettre de répondre aux besoins de l’industrie tunisienne et, pourquoi pas, exporter ce service, qui pourrait rapporter beaucoup pour notre pays, cela d’autant plus qu’on a largement les compétences nécessaires dans ce domaine. Pour cela, il faut dès à présent préparer un cahier des charges pour bien orienter et encourager les intéressés ».

Daghfous  a indiqué, également, que l’activité de surveillance a des effets indésirables des médicaments par la pharmacovigilance. Nous avons préparé un texte qui résume les directives tunisiennes en matière de pharmacovigilance qui, j’espère, sera bientôt publié. Cela va renforcer cette activité en Tunisie, qui est primordiale pour la sécurité des médicaments et vaccins commercialisés et la sécurité de nos malades. Cela nécessite une forte implication des laboratoires pharmaceutiques et une bonne collaboration entre ces laboratoires et le centre national de pharmacovigilance.

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