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La liberté de conscience, un principe fondamental

Editorial La Presse

Les réseaux sociaux et les espaces publics s’agitent autour de la question de savoir si l’Etat autorisera ou interdira l’ouverture des cafés et restaurants pendant le Ramadan. Cette question récurrente et clivante n’a pas trouvé de réponse définitive. Du coup, à chaque nouvelle saison son lot de suspenses.

Lorsque le débat est lancé, pour se poursuivre tout le long du mois saint, les deux camps opposés ne cessent d’affûter leurs arguments.

La Constitution, rien de moins, est convoquée. L’article 6 du texte fondamental préconise en effet que «l’Etat est gardien de la religion. Il garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes». Le texte de loi est encore plus général et englobe la neutralité des lieux de culte garantie par l’Etat. A priori les choses sont dites.

Eh bien, pas du tout. Face à cet article sans équivoque, les adeptes de la fermeture évoquent la circulaire dite Mzali de 1981, du nom de feu l’ancien Premier ministre, laquelle stipule la fermeture des lieux de restauration pendant la journée.

En dehors du fait que selon la pyramide juridique, la Constitution se situe au sommet. Et, toujours conformément au principe de la hiérarchie des lois, les circulaires et autres décrets se situent tout en bas, le manque de clarté de ce texte réglementaire laisse une grande place aux interprétations personnelles et donc à l’arbitraire.

Résultat,une fois les cafés et restaurants doivent rester fermés. Une autre fois, ils peuvent ouvrir mais uniquement pour servir les internationaux. Non, dirait une troisième voix, seuls les lieux situés dans les zones touristiques peuvent bénéficier de cette « exception ». La règle étant donc la fermeture.

De son côté, le ministère de l’Intérieur, autorité de tutelle, n’est pas en reste. Il publie, à chaque fois qu’il y a débat et querelles, une pléthore de communiqués précisant que toute décision de fermeture n’émane pas de ses services mais relève d’initiatives personnelles.

Les gérants des lieux de restauration, eux, ne sachant à quel saint se vouer, entre les revendications des défenseurs des droits et libertés et les descentes parfois musclées de la police, préfèrent souvent fermer boutique, prétextant des travaux d’entretien ou le passage à un horaire de nuit.

Outre la confusion générale, les interdictions de cet ordre n’ont généré que des frustrations, des conflits vains et sans fin, exacerbant le goût de l’interdit et celui de la provocation.

A la lumière enfin de la puissance des textes juridiques, les libertés individuelles, de conscience pour ce cas précis, doivent être respectées en toutes circonstances dans un Etat de droit. En clair, celui qui a envie de faire le jeûne le fait et celui qui s’y refuse a le droit de boire un café ou de se restaurer là où il veut, quand il veut.

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