
Avec l’approche de la belle saison et la pause corona, on reparle aussi de festivals d’été. On s’y apprête, même, sérieusement, cette fois-ci. Jusque-là, durant deux saisons pleines, les Arts et spectacles, comme toute autre activité, dépendaient du seul cours de la pandémie. A présent, on passe quasiment outre, on fait comme partout à travers le monde, on veille au grain, on protège, on vaccine, mais on a retenu la leçon de 2020-2021 on ne touche plus au cycle de l’économie.Si cette stratégie, qui semble convenir parfaitement aux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, nous réussit, et nous réussira encore à nous, pays du sud, et spécialement à la Tunisie. La question se pose, bien sûr. Et elle risque probablement de se reposer à court terme, et avec une plus grande acuité.
Il y a à cela déjà une raison : l’Occident a les moyens et les réserves qu’il y faut. Les moins nantis, jamais sûr. Ici, plutôt non.Il y a, surtout, les difficultés du contexte. Mondial ou national. Certainement pas à sous-estimer. Le corona, d’abord. L’OMS atteste et avertit, cela repartira en mai. Notre tout dernier «fitch rating», ensuite ; un effrayant triple C. Au pire, qu’à Dieu ne plaise, une faillite. Au mieux, le pécule, tout juste du Fmi, et d’autres possibles emprunts, mais à dix et quinze pour cent d’intérêt. La guerre en Ukraine, enfin, et ses répercussions lourdes, inévitables, automatiques, sur nos achats de pétrole et de blé, sur notre pouvoir d’achat.On reparle de festivals d’été, on s’y apprête même. Contents pour nos artistes, spécialement pour nos chanteurs et nos musiciens, de loin les plus touchés par «pénurie». Contents pour les publics, pour la population. Mais il s’agit là de difficultés éventuelles, menaçantes, imminentes, et autant on est en droit de se réjouir d’une reprise proche des festivals d’été, autant on se demande, à tout cela, a-t-on déjà prévu réponse, a-t-on envisagé quelques solutions ?Le sentiment, hélas, est que l’on préfère s’en remettre au «flou». S’accommoder du «oui mais». Le ministère de la Culture se prépare, mais sans faire grand bruit. Les artistes répètent, mais sans être sûrs de rien. Les médias, eux, réservent comme, leur avis. Prudence, partout. Les faits décideront d’eux-mêmes s’il y aura bien des festivals, l’été 2022. Au gré des faveurs ou des contraintes du moment, qui parle de stratégie?