La procédure administrative pour obtenir la carte d’identité nationale est semée d’embûches.
On annonce à nos futurs bacheliers (pour la prochaine saison scolaire) toutes les facilités pour l’obtention de la carte d’identité nationale (CIN). Dans la réalité, c’est tout à fait l’inverse. Le parcours pour la préparation de la paperasse est un calvaire plein de déceptions et de vexations dont les jeunes seront marqués à jamais. Pour commencer, il serait bon de noter que c’est la première fois de leur vie que nos lycéens (de troisième année secondaire) vont être brutalement confrontés à la dure réalité des formalités administratives et aux contrariétés les plus inattendues et, malheureusement, les plus humiliantes. Ainsi, c’est la première fois de leur vie que ces jeunes vont constater dans les nombreux bureaux qu’ils seront amenés à voir comment l’administré est traité par des fonctionnaires qui pensent que leur rôle est de contrarier le citoyen et de lui mettre des bâtons dans les roues.
Cette première expérience de nos jeunes avec la machine administrative sera décevante et traumatisante. Elle est susceptible de leur enlever tout sens d’appartenance à un pays. Car la carte d’identité devrait être le premier pas vers cette appartenance. Comment en seraient-ils fiers s’ils subissaient toutes les complications imaginables pour l’obtenir ? Idem pour le certificat de nationalité auprès d’un(e) employé(e) blasé(e) et grincheux(se).En fait, il n’est pas question d’évoquer ici les agissements de certains agents administratifs qui n’usent pas du minimum de respect et de décence à l’égard des gens. Tous les Tunisiens le savent, eux qui sont en contact permanent avec cette catégorie de fonctionnaires.
Des pratiques préjudiciables
Malheureusement, c’est devenu une routine dans nos administrations. Le comportement du personnel administratif pour certaines prestations n’est pas digne et n’est pas au niveau des attentes des Tunisiens.
Pis encore, les pratiques sont, de plus en plus, préjudiciables aux citoyens. Les jeunes, en particulier, y sont les plus sensibles. En effet, devant des scènes fréquentes où les administrés sont victimes de tels comportements, le traumatisme est grand pour les jeunes. Ces derniers éprouvent une grande frustration les amenant à s’interroger sur leur identité et leur sentiment d’appartenance à un pays. Un pays où il y a des individus qui font tout pour leur compliquer la vie.
Ces jeunes se rient des nombreuses promesses qui sont faites concernant les facilitations des formalités administratives. Ce qu’ils constatent et endurent est totalement le contraire. Alors, il ne faudrait pas s’étonner que la plupart de notre jeunesse n’hésite pas à penser à quitter ce pays où des gens les empêchent de réaliser ce qu’ils veulent ou d’exercer leurs droits citoyens. Toute envie de se sentir citoyen au vrai sens du terme disparaît. Cela nous pousse à affirmer qu’il y a une grande urgence de prendre en considération cette donnée cruciale qui, autrement, mènerait nos jeunes vers des pratiques non souhaitables. L’idée qui consiste à organiser une campagne d’obtention des CIN n’est pas aussi simple qu’on veut le faire croire. Les démarches pour constituer le dossier demandé sont autant d’épreuves décevantes et frustrantes. Le mieux serait de créer des “guichets uniques” où les élèves pourraient accomplir toutes les démarches nécessaires (certificat de résidence, extrait de naissance, certificat de nationalité, timbres fiscaux …). Mais le plus important serait de choisir un personnel trié sur le volet, se caractérisant par sa compétence et ses qualités humaines.C’est, avant tout, une des conditions pour éviter de traumatiser une bonne partie de notre future élite et l’entraîner à renier sa patrie.