Hydrocarbures | Le nombre de puits de pétrole a chuté de 38 à 7 durant la dernière décennie : Un déclin qui coûte cher

Les grandes compagnies pétrolières internationales ont commencé à fuir le pays, les unes après les autres. Ainsi, après l’ENI, EnQuest, Shell, Petrofac, Medco, Gulfsands Petroleum, la liste est en train de s’allonger, car d’autres compagnies continuent à fermer et à cesser toute activité chez nous. C’est pourquoi le nombre de puits de pétrole en exploitation ne cesse de chuter.

La ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Gongi, a indiqué à la clôture de la Conférence de formation sectorielle de la fédération nationale du pétrole et des produits chimiques, tenue à Hammamet, que, durant les dix dernières années, le nombre des puits de pétrole a chuté de 38 à 7.

Toutefois, si elle a mis en exergue l’effet de cette régression de production au niveau de la production de pétrole brut et de gaz naturel sur la balance énergétique (énergie primaire) qui se situe à 48% en 2021 contre 10% en 2010, elle n’a pas évoqué les causes.

Il est à noter que sur les sept cent cinquante puits forés depuis 1932, 115 sites seulement ont abouti à des découvertes exploitables. En 2010, trente-huit puits étaient déjà en exploitation. En 2021, on n’en recense que sept. Les principaux gisements d’hydrocarbures se trouvent essentieIIement dans deux réservoirs (Trias EI Borma et Ecocène Ashtart) qui fournissent 85 % de Ia production nationale. Dans le même sillage, les besoins nationaux, estimés à 90.000 bariIs/jour en 2012, sont couverts à 40% par Ia production IocaIe. Le reste est combIé par I’importation de carburants. En effet, l’Entreprise tunisienne d’activités pétroIières (Etap), justifie ces baisses par Ie décIin de Ia production des puits, des mouvements sociaux, des arrêts pour maintenance ou des retards pour travaux.

En effet, ce n’est pas uniquement le déclin naturel des puits qui serait à l’origine de la baisse du nombre de permis d’exploitation mais aussi l’instabilité politique qui règne en Tunisie depuis la révolution de 2011, la rigidité du pouvoir législatif dans la gestion du secteur énergétique, les grèves, les blocages anarchiques de leur production, ainsi que l’absence de rentabilité des petits gisements comme ceux qui existent chez nous.

De ce fait, les grandes compagnies pétrolières internationales ont commencé à fuir le pays les unes après les autres. Ainsi, après l’ENI, EnQuest, Shell, Petrofac, Medco, Gulfsands Petroleum, la liste est en train de s’allonger, car d’autres compagnies continuent à fermer et à cesser toute activité chez nous.

Ce qui s’est traduit par une aggravation du déficit énergétique, acculant ainsi les autorités à importer davantage de produits énergétiques avec ce qui s’ensuit comme répercussions sur l’économie nationale, étant donné la volatilité des prix de l’énergie à l’échelle internationale.

De ce fait, les besoins de financement de la subvention des hydrocarbures, de l’électricité et de gaz ont augmenté compte tenu de la flambée du prix du pétrole, estimé actuellement à 110 dollars/baril alors que la Loi de finances pour l’exercice 2022 tablait sur un prix de l’ordre de 75 dollars/baril.

Selon la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, chaque hausse de 1 dollar du prix du baril entraîne l’accroissement des dépenses de compensation de 137 millions de dinars.

C’est cette hausse des prix des hydrocarbures qui a imposé l’ajustement du prix du gaz naturel, tout en prenant en considération le pouvoir d’achat de catégories vulnérables, puisque cet ajustement n’a pas concerné 85% des clients de la Steg, a tenu à souligner la ministre.

Gongi a encore fait savoir que les derniers ajustements des prix des hydrocarbures ont été programmés dans la Loi de finances 2022, à raison de 3% chaque mois, rassurant que le gouvernement n’a pas l’intention de supprimer la subvention, mais plutôt de la rationaliser. Elle a rappelé, dans ce cadre, que la subvention représente 58% des dépenses de développement, 13% des ressources propres de l’Etat et 3,7% du PIB.

La consommation du GPL a atteint 45,2 millions bouteilles, en 2021, dont 89% est orientée au secteur résidentiel, a-t-elle encore dit.

Le département de l’Industrie, de l’Energie et des Mines œuvre à minimiser les répercussions de la hausse des prix de pétrole à l’échelle mondiale, à travers une série de mesures, dont la rationalisation de la compensation, tout en prenant en considération le pouvoir d’achat des catégories vulnérables, et l’ajustement partiel du prix de l’électricité, du gaz et des produits pétroliers.

Il n’empêche, en plus des troubles sociaux et des opérations de blocage des sites de production, la rigidité de l’administration et des délais d’attente imposés aux investisseurs dans le secteur découragent les compagnies.

Tous les investisseurs étrangers dans le domaine de l’énergie demandent que les process soient simplifiés pour encourager les petites et moyennes entreprises énergétiques à venir s’installer en Tunisie. Il y va de l’intérêt de notre pays qui a plus que jamais besoin de toutes ses ressources naturelles pour augmenter sa production nationale du pétrole et du gaz et diminuer son déficit énergétique qui ne cesse de s’aggraver avec tout ce que cela engendre comme conséquence sur l’économie tunisienne.

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