Contrepoint | L’urgence va au pays…

Proches d’en faire l’aveu : le pire semble le même avant comme après le 25 juillet.

Pendant dix ans, avec la Troïka, puis l’alliance avec Nidaa, puis encore en «s’appropriant» «Tahia Touness» et « Qalb Tounes», Ennahdha a gouverné seule sans réussir quoi que ce soit. Voire en ne s’appliquant qu’à se servir et à servir les siens, elle a, petit à petit, conduit à une quasi-faillite de l’Etat. Pis, en jouant sur la fibre conservatiste des Tunisiens, elle a fini par les opposer les uns aux autres et à mettre en doute leurs acquis de modernité. La rupture du 25 juillet et les mesures d’exception du Président Kaïs Saïed partaient, elles, d’une tout autre intention. Spécialement de réforme et de remise sur pied du pays. Tout cela a malheureusement commencé par s’attarder, et, au bout de quelques mois, par prendre une autre direction. Celle d’une nouvelle république populiste reposant sur les «majaless» et l’entreprise coopérative, fondée sur le scrutin nominal et la primauté régionale, et débarrassée de l’emprise des partis. Projet politique intégral qui a ses raisons et qui bénéficie, soit de l’appui de nombre de nos compatriotes, légitimes à coup sûr par référence aux présidentielles de 2019, mais dont on est en droit de douter de l’opportunité précisément aujourd’hui.

Là est le pire. Ennahda a accru le chômage et enfoncé l’économie en voulant se servir et en servant les siens. Le projet populiste intervient, lui, au plus mauvais moment. A l’heure où les caisses sont vides, où le surendettement de l’Etat est à son comble.

A l’heure, surtout, où nous avons le plus besoin de nos élites. Ces élites sont peut-être fautives, responsables de certains mauvais choix, mais leur faire procès immédiat, les «punir à l’instant», c’est nous priver de leur matière grise, de notre unique richesse, rappelait sans cesse et si justement le Zaïm Bourguiba. A l’heure, par-dessus tout, où nos ennemis nous guettent au dedans et au dehors, et où nous devons plus que jamais nous unir pour pouvoir faire front. Une manif pro Kaïs Saïed réclamait dimanche 8 mai des poursuites et des (r)ouvertures de dossiers. Que fait-on, entre-temps, des négociations avec le FMI? La Grèce vient de rembourser tout son prêt avec deux ans d’avance. Suivons l’exemple, l’urgence va au pays. La raison du peuple attendra bien un peu.

Un commentaire

  1. Maghzaoui

    18/05/2022 à 16:10

    Oh combien je suis allergique à Ennahdha, mais à reconnaitre que la situation économique et financière de la Tunisie actuellement, n’a jamais était aussi mauvaise qu’aujourd’hui, j’ajoute par ailleurs, que sous Ennahdha, les crédits en faveur de la Tunisie ont coulé à flot mais hélas les projets ont brillé par leurs absences et l’argent s’est évaporé d’une manière frauduleuse.

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