Plages non surveillées | Trois rescapés et trois morts par noyade dimanche dernier : Un bilan lourd

Parmi les victimes: deux jeunes sœurs qui se baignaient à la plage de Dar El Jenna 

C’est une véritable tragédie qui est survenue le week-end dernier à Bizerte. Deux sœurs originaires de Mateur qui avaient décidé de passer une journée agréable et profiter des joies de la mer à Dar el Jenna, un lieu réputé pour ses paysages paradisiaques et sa plage de sable fin, ont péri en se noyant. Ce jour-là, le vent fort sur toute la côte a généré une grosse houle et des courants forts au niveau de la mer, augmentant le risque de noyade pour les personnes inexpérimentées. Essayant de lutter contre les vagues et de retourner sur le rivage, la plus jeune des deux sœurs a été entraînée par le courant. Voulant la sauver, l’aînée, qui n’a pas eu suffisamment de force pour extirper sa sœur des vagues trop fortes, a fini par se noyer également. Une perte incommensurable pour les parents et l’entourage des deux jeunes filles, frappés de plein fouet par ce drame. Ce jour-là, un autre estivant a également perdu la vie en se noyant et trois  personnes ont été sauvées in extremis grâce à la présence d’autres baigneurs sur la plage. Suite à la survenue de ce drame, des questions surgissent aujourd’hui. Y a-t-il suffisamment de maîtres-nageurs sur les plages tunisiennes pour assurer la sécurité des estivants et les protéger des risques d’accidents et de noyades ? Il semblerait que non. Le même problème se pose chaque année. Alors qu’il faut s’y prendre à l’avance pour recruter les maîtres nageurs sauveteurs qui ont pour mission d’assurer la protection et la surveillance des estivants sur les plages en été, afin de les préserver des risques de noyade, les communes ne semblent pas avoir de stratégie claire pour le recrutement, la formation et le déploiement de ces professionnels de la mer qui doit logiquement être effectué en fonction de la dangerosité des plages.

Pénurie et manque de sensibilisation et de formation

Chaque été, elles piochent parmi les étudiants le nombre de saisonniers dont elle a besoin, pour assurer la surveillance des plages sans trop s’appesantir sur la question de la formation, qui est pourtant fondamentale. La condition exigée est qu’ils sachent nager correctement, alors que ce critère, bien qu’il soit nécessaire, n’est pourtant pas suffisant pour assurer la surveillance et la protection des baigneurs sur des plages où un danger mortel et souvent méconnu sévit chaque année: celui des courants de baïnes, responsable de la majorité des noyades enregistrées ces dernières années. Ces courants d’arrachement, générés par un vent fort et par le mouvement des vagues et de la marée,  constituent un piège mortel car ils aspirent les baigneurs vers les profondeurs. Ces derniers, qui essaient de revenir vers le rivage, s’épuisent à lutter à contre-courant et finissent alors par paniquer et se noyer. Pour pouvoir sauver les baigneurs en situation de détresse, les sauveteurs doivent avoir une bonne connaissance de la mer et des courants marins, maîtriser parfaitement les techniques de sauvetage et savoir prodiguer les gestes de premier secours.

Ce qui est loin d’être le cas des jeunes saisonniers recrutés par les municipalités qui assurent la surveillance des plages  après avoir passé leurs examens universitaires, soit bien après  le démarrage de la saison estivale, c’est ce qui explique que des plages restent pendant plusieurs semaines sans surveillance. Dimanche dernier, les trois personnes qui se baignaient à Rafraf et à Cap Zbib et qui ont été sauvés in extremis de la noyade ont été secourues par des estivants et non par des maîtres nageurs. Beaucoup reste à faire en matière de sécurité des baigneurs (sensibilisation, surveillance…).

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