Selon le porte-parole du Tribunal administratif, Imed Ghabri, aucun recours n’a été déposé auprès de cette juridiction contre les résultats préliminaires du référendum. Il suffit de naviguer dans l’entrelac des réseaux sociaux pour comprendre les raisons d’une telle attitude de la part des acteurs politiques qui ont crié sur tous les toits que ce scrutin n’est pas « valide » constitutionnellement.
On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit l’adage. Car l’objectif de cette attitude est de montrer au monde que le processus référendaire n’est pas reconnu par la classe politique et la plupart des acteurs de la société civile. Sinon pourquoi pointer du doigt quelques irrégularités qui auraient entaché le processus référendaire si on ne saisit pas la justice compétente pour trancher les infractions constatées ? Il est évident que l’enjeu de cette démarche paradoxale découle d’une manœuvre politico-politicienne dont l’objectif n’est autre que de discréditer le scrutin sur la nouvelle constitution.
Le plus spectaculaire de cette agitation guerrière est sans conteste le refus d’introduire des recours en justice. En agissant de la sorte, les «perdants» adoptent une nouvelle position belliciste qui dévoile la réalité de leur pensée. Au lieu d’accepter le résultat des urnes et d’engager la bataille sur un nouveau registre comme l’amendement du Code électoral, on campe sur une position négative pour agir en tant que force d’inertie. Comme si, dans son entendement, la turpitude politique était la seule force de feu dont ils disposent pour essayer de renverser la vapeur. Mais ils oublient en passant que les plus fortes citadelles ne se prennent que de l’intérieur. C’est-à-dire d’essayer de changer l’ordre des choses en contribuant à réorienter le nouveau processus politique vers les objectifs escomptés non pas en refusant en bloc tout ce qui est entamé mais en arrachant de petites victoires sur la durée. Cela exige un dialogue entre les forces rivales, des négociations et des compromis. Ennahdha, encore une fois, est le seul parti qui, malgré sa position qui semble irrévocable, tente toujours de trouver un accès au président de la République et déploie toute une stratégie de séduction politique pour y parvenir. Si Saïed succombe aux menées charmeuses de ce parti, Ennahdha sera le premier à déclarer son adhésion à la démarche politique et constitutionnelle du Chef de l’État. Il laissera au bord de la route tous ces acteurs politiques qui, en regardant tout le monde de haut, sont persuadés d’être les meilleurs et les seuls citoyens capables de changer le pays. Pour ainsi dire, Ennahdha est prêt pour une nouvelle rapine politique qui nous fera revenir à la case départ. Mais les choses sont claires : les islamistes seront les seuls prédateurs qui profiteront de toutes les crises qui secoueront le pays.