Pour l’heure, évidemment, la politique supplante tout. Jusqu’aux Arts et à la Culture en cette veille d’été festivalier.
Il y a, d’abord, l’amendement de la loi électorale. Un «dossier». Un «tollé». Et un processus démocratique, la date même des élections, qui se retrouvent, peut-être, sous menace.
Il y a, encore, la mort subite de Morsi. Qui réveille, sans doute, de vieux démons.
La coïncidence n’arrange rien, en tout cas. «Alliance» oblige, les intérêts rejoignent les idéologies. Des «centristes démocrates», membres de la coalition au pouvoir, ex-pourfendeurs des frères musulmans, sont pris de compassion soudaine pour l’ex-président défunt.
A dire vrai, à être juste, dans l’une comme dans l’autre «affaire», il y a le pour et le contre, il y a des convictions, il y a des arguments, mais, toujours, l’innocence en moins.
Les amendeurs de la loi électorale visaient à barrer la route aux détenteurs d’associations et de médias. De garantir «l’égalité des chances» entre les candidats. De «protéger (c’est leur formule) la jeune démocratie tunisienne de la mainmise des opportunistes et des barons de l’argent». La crainte est réelle. Justifiée. «Nessma», «Khalil Touness» et «Ich tounssi», les plus ciblés d’entre tous, profitent sûrement de leurs immenses moyens pour s’attirer les faveurs de millions de crédules et de nécessiteux.
Indéniable manipulation. Le problème, néanmoins, est que ces mêmes amendeurs n’en sont pas exempts.
Ils gouvernent d’abord, et ils sont dans le même temps candidats. Quelle éthique, quelle morale politique, concevrait que des gens au pouvoir se chargent seuls d’éliminer leurs concurrents ?
Les amendements qu’ils préconisent ne sont, ensuite, en conformité ni avec le droit, ni avec la Constitution, ni avec les engagements internationaux.
La rétroactivité du nouveau texte choque dans l’absolu. Les lois ne comptent que pour les faits à venir. De plus, s’agissant d’associations et de médias, ceux-ci interféraient bien, déjà, en faveur des partis vainqueurs (gouvernants actuels ?!) en 2011 et en 2014.
Que fera -t-on alors ? La loi amendée rétroagira-t–elle sur tout le monde ? Amendeurs y compris ?
Que répondre, enfin, à la commission de Venise, dont notre pays est membre signataire et qui n’autorise à modifier les lois électorales qu’au-dessus du délai d’une année ? L’Union européenne, notre premier partenaire et soutien économique, exige, pour sa part, que notre législation soit en cohérence avec la sienne. Et elle vient juste de nous y rappeler. Avons-nous idée des risques encourus ? Y avons-nous bien réfléchi ?
Les réactions à la mort de Morsi ne nous vaudront pas que des avantages, non plus. Moncef Marzouki a fondu en sanglots sur Al Jazira. Rached El Ghannouchi a adressé un message à la Nation égyptienne. Et à l’ARP «une Fatiha en l’honneur» a été juste déclinée. Cela veut dire quoi ? Que notre légendaire «diplomatie de neutralité» est modifiable et malléable à souhait ? Que nos rapports avec l’Egypte changent selon nos partis, nos partis pris et nos idéologies ? Le régime instauré par Abdelfattah Sissi est une dictature, nos compatriotes en sont totalement conscients… Reste que l’Egypte sous les «frères» et sous Morsi n’était pas un modèle de république. Quelque trente millions d’Egyptiens sont sortis la contester. Rappelons-nous en. Tout aussi bien.
Autrement, comme pour l’amendement électoral, nous aurions choisi un parti, un camp, mais l’innocence en moins.
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