Comme le dérèglement du climat impose son diktat, la transition énergétique fait sa loi. Ainsi, opter pour des économies vertes n’est plus un choix. Tozeur 1 et 2, un évident argument !
Sous nos cieux, il fait souvent beau temps, du soleil et du vent. Cette énergie qui nous anime, au fil des jours, n’est guère une denrée rare. Une source tarissable non plus. Mais c’est une manne céleste illimitée qu’on ne s’ingéniait pas à exploiter à bon escient. Dans un passé non lointain, on se vantait d’avoir initié un projet solaire tunisien (Pst) pour faire de notre désert un réservoir photovoltaïque, censé changer nos modes de vie et de consommation et atténuer, de la sorte, la dépendance aux énergies fossiles. L’idée aurait dû faire du chemin s’il y avait eu, à l’époque, une vraie volonté politique. Ce fut, alors, comme un fer de lance pour tourner la page d’une économie si énergivore et impropre qu’elle dégage autant d’émissions de gaz à effet de serre.
De l’énergie dans les foyers!
Et comme le dérèglement du climat impose son diktat, la transition énergétique, fait, elle aussi, sa loi. Ainsi, opter pour des économies vertes n’est plus un choix. Dans ce sens, il y avait eu des initiatives similaires, se projetant sur des créneaux porteurs. Qu’on ne s’y trompe pas, cette fois-ci. Il n’y a pas si longtemps, deux centrales photovoltaïques de 20 MW, sur une superficie de 40 ha, se sont installées à Tozeur, au sud du pays. Ayant accusé du retard, ce mégaprojet a été, enfin, mis en exploitation, l’année dernière. Elles sont déjà en phase de marche industrielle. L’heure de la transition énergétique a-t-elle sonné ? Pas évident encore, à moins que l’on s’attende à ce que ces deux champs portent leurs fruits. Et que le soleil puisse éclairer autant de foyers dans la région. L’enjeu est de taille. Et là, la cheffe de la centrale Tozeur 1 et 2, Mme Khaoula Saâfi, argue de résultats ayant dépassé toutes les prévisions. « Une année déjà, ce projet a enregistré un indice de performance au-delà de 85% », se félicite-t-elle.
Elle a bien présenté le projet, faisant valoir son apport économique et écologique : « La production d’énergie de la centrale est supérieure à 38 000 MWh/an. Cette énergie couvre les besoins de 30% de la région en électricité, soit l’équivalent aux besoins de 18 000 habitants ». D’autant plus que Tozeur, renchérit-elle, recèle un potentiel solaire très important avec une irradiation horizontale globale d’environ 2 200 kWh/m2/an et plus que 3 400 heures d’ensoleillement par an, ce qui améliore la productivité des installations photovoltaïques.
A l’aune des ODD 2030
En fait, un projet pilote vient ainsi répondre à cet objectif, visant à produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, mais ce projet, première en la matière, vaut le coup. La contribution de la Steg dans ce plan solaire tunisien est telle qu’elle vient ajouter 20 MW d’électricité verte au secteur, tout en diminuant la demande sur les énergies fossiles. «La centrale permet d’enregistrer un gain en combustible de l’ordre de 8 000 Tep/an et d’éviter l’émission de 17 000 tonnes CO2/an », explique Mme Saâfi. Lors de la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26), la Tunisie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
« D’ici à 2030, elle compte baisser, à hauteur de 45%, l’intensité carbone de son économie par rapport à 2010 », affirme Fethi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme). Cap, désormais, sur les énergies renouvelables, à l’aune des Objectifs du développement durable (ODD), d’ici à 2030.
Pour ce faire, le PST semble en mesure de relever les défis climatiques auxquels fait face le pays. En ces termes, la centrale solaire n’est qu’un pas en avant. Avec 4 000 unités photovoltaïques équipées de micro-onduleurs, comme stipulé dans le Jort, paru fin décembre dernier, elle aura à alimenter Tozeur en électricité verte. Il n’y a pas mieux que de gagner cet enjeu. Le soleil, enfin, entre nos mains. Premier projet de la Steg, il a été financé par la Banque de développement allemande KFW, en partenariat avec le ministère de l’Energie et des Mines. De son côté, le Fonds de transition énergétique (FTE), dont le rôle a été renforcé depuis 2014, s’aligne sur la rationalisation d’énergie. Et ce n’est pas tout. Le FTE prévoit aussi de financer une vaste campagne de sensibilisation qui va durer trois ans. Soit d’ici à décembre 2024.
La sensibilisation compte !
Car, tout changement de stratégie mérite d’être accompagné d’actions de sensibilisation et d’encouragement. Et c’est la nouvelle orientation du ministère de tutelle. Il vient d’allouer 4,5 millions de dinars pour mener à bien un programme de sensibilisation des grands consommateurs et du large public à l’importance de l’économie d’énergie.
L’objectif est d’inverser la tendance, en agissant sur le mode de consommation. Sur la voie d’une croissance bas carbone, en plaidant pour des comportements favorisant l’économie d’énergie et l’adoption de technologies plus efficientes, prévoit le directeur général de l’Anme.
Cela doit se faire à travers des campagnes continues ou occasionnelles, avec des coûts estimés à 3,4 millions de dinars.
Le reste du budget déjà consacré à ce programme sera investi dans des actions d’encadrement, d’information et d’évaluation. « Telle que la réalisation des spots de sensibilisation qui visent à informer et à sensibiliser les consommateurs tunisiens à la maîtrise de l’énergie et les orienter vers l’utilisation des technologies plus efficaces en matière de consommation d’énergie », précise M. Hanchi, ajoutant qu’il y aura, au cours de ce mois, une campagne de sensibilisation Prosol thermique résidentiel destinée aux enfants et au grand public. Sans pour autant négliger l’apport de la logistique nécessaire au travail du terrain. Et dans ce cas, tout geste compte.
Somme toute, l’énergie solaire ou éolienne, perçue comme alternative à celle fossile, demeure assez coûteuse, mais beaucoup moins polluante. A n’en point douter. En ces temps de changement climatique, dont l’impact pèse lourd sur l’homme et la nature, la migration vers des énergies renouvelables est jugée comme un point de non-retour. Un dernier plan de sauvetage économique!