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Des temps qui n’augurent rien de bon

Editorial La Presse

Aujourd’hui, avant de déposer leurs enfants à l’école, les parents doivent relever plusieurs défis. Face aux pénuries installées, ils sont confrontés à la question vitale, comment et par quoi nourrir les gamins ? S’il est plus recommandé de préparer les goûters à la maison, or, sans sucre, ni beurre, ni huile, ni lait, ni œufs sur les étals, les mères de famille se trouvent incapables de préparer le plus basique cake ou gâteau au sorgho. Elles doivent faire preuve d’inventivité pour remplacer les produits laitiers à un âge où ils sont indispensables pour la croissance des plus jeunes. Ces produits de première nécessité introuvables ou rationnés, comme au temps mal-aimé du collectivisme de Ben Salah, il faut se réveiller de bonne heure et faire la queue pour les obtenir, dans le meilleur des cas, en petites quantités.

Il faudra couvrir les coûts exorbitants des fournitures scolaires et ajouter ceux du tablier. Certains directeurs se sont convertis en marchands d’étoffe, obligeant les élèves à acheter le tablier soi-disant estampillé avec le logo de l’école, à 20-25DT, dont le tissu et la confection avaient été sous-traités avec un atelier bon marché. Alors que l’uniforme ordinaire, souvent de meilleure qualité, ne dépasse pas les 12DT dans les commerces. Des pratiques en vogue, notamment dans les cités populaires d’Ettadhamen, Intilaka, Mellassine. Là où les familles sont nombreuses et soutenues par des associations caritatives. Là où les parents sont incapables de tenir tête à ces responsables-commerçants. Une pratique illégale qui devra être stoppée par l’autorité de tutelle.

La fédération générale de l’enseignement secondaire n’a pas oublié de mettre son grain de sel pour célébrer la rentrée, en décrétant un rassemblement de protestation, hier, 15 septembre, un jour quasi sacré pour les familles tunisiennes, ainsi que la retenue des résultats du premier trimestre. Ces électrons syndicaux libres aux destins contrariés, devant se contenter d’une fédération, alors qu’ils rêvaient d’un mandat national, se jettent ainsi brutalement sur le devant de la scène après l’éclipse estivale. Moyennant l’avenir d’une nation à travers ses enfants ? Et alors !

Cerise sur le gâteau, la liste de fautes inventoriées dans les manuels scolaires qui ont, à raison, défrayé la chronique, en révélant des failles systémiques et une chaîne de commandement défaillante. Ce n’est pas une coquille qui s’est glissée entre les lignes, mais des fautes choquantes, inexplicables à ce niveau où l’Etat, avec son armada d’enseignants, de conseillers pédagogiques et d’inspecteurs, pèse de tout son poids. La question qui suit : qu’apprennent nos enfants à l’école ? La réponse est donnée par le ministre de l’Education lui-même, à savoir plus de 80% des apprenants sont quasi analphabètes au terme du cycle primaire. Sans parler du décrochage scolaire qui est en train de prendre des proportions dangereuses.

Pour toutes les raisons évoquées, de plus en plus de familles se saignent aux quatre veines pour placer leurs rejetons dans les écoles privées, pour les initier aux langues, le français et l’anglais, et pour qu’ils suivent une année stable, non chahutée par les grèves. Là encore, l’enseignement devenu commerce, alors que c’est un métier, mis à part les établissements gérés par des pays étrangers auxquels n’accède qu’une toute petite minorité, le contenu des programmes, les connaissances acquises ainsi que le niveau de maîtrise des langues y sont décevants, de l’avis des parents. 2022-2023, une année scolaire qui démarre difficilement et qui n’augure rien de bon.

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Un commentaire

  1. Brahim

    16 septembre 2022 à 13:04

    Sombre tableau noir du pays ! Avec un médiocre maître, le dénommé résident à Carthage. Faiseur de miracles? Pauvre Tunisie.

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